« L’intolérance profite du silence plus ou moins forcé de ses adversaires naturels, les philosophes et les gens de lettres, pour risquer tout, pour oser au jour, saper en secret… Si l’interdiction de la presse libre se prolonge beaucoup, et si nos contemporains s’endorment sous certaines influences cléricales, avant dix ans l’esprit persécuteur sera debout, et c’est alors qu’il faudra dire : La mort s’est levée, le spectre s’est roulé sur les vivants. […] Victor Hugo était enfant en 1815, mais enfin il vivait à cette époque, comment ose-t-il donc travestir à ce point l’histoire ? […] Je n’oserai pas affirmer que la chose n’ait jamais eu lieu ; mais j’affirme que ce fait monstrueux est infiniment rare et tout à fait exceptionnel, qu’il ne s’est pas produit une fois en un demi-siècle.
Je n’ose respirer, il me semble que je suis suspendu à un (il au-dessus de l’abîme insondable des destinées. […] Je crois que le cahier qui les renferme est encore là, mais je n’ose l’ouvrir, certain que l’écart serait trop grand entre la lumière aperçue et les mots tracés alors par la plume. […] On doit l’oser dire maintenant : ils avaient donné à un évangile très fervent une formule très défectueuse ; elle devait finir par énerver cet évangile lui-même. […] S’attacher à la réalité historique du Seigneur, le prendre tel qu’il se donne, le recevoir tel qu’il se montre, laisser tous les systèmes pour n’interroger que lui, se méfier des notions préconçues pour se fier à lui seul, oser se placer en sa présence pour recevoir directement l’impression qu’il veut produire, s’abandonner à sa parole, à son individualité, à sa puissance, redevenir comme l’un de ceux qui l’ont suivi dans les bourgades de la Galilée et dans les rues de Jérusalem, le voir, l’entendre et le toucher comme Marie, s’asseoir à ses pieds comme Zachée, l’accueillir dans nos maisons, assister à sa vie et à sa mort, à sa mort et à sa résurrection, fixer le regard sur sa croix, se plonger dans la muette contemplation de ses souffrances et de sa charité, se représenter sans cesse tant de force unie à tant de bénignité, tant d’humilité à tant de grandeur, tant de support à tant de sainteté, pénétrer chaque jour plus avant dans les limpides profondeurs de son enseignement et de son caractère, se baigner dans ces émanations de la vie éternelle qui rayonnent autour de lui, sentir le triomphe qui s’accomplit en lui sur le mal et la mort, laisser, laisser les traits de cet idéal immortel s’imprimer et comme se transcrire sur toute l’habitude de notre être, cette personnalité sublime façonner notre personnalité, oh !
L’imitation des anciens n’est, au dix-septième siècle, qu’un prétexte à des créations dont on n’osait prendre la responsabilité. […] On dirait d’ailleurs qu’il a voulu rendre le geste d’un fumeur qui roule son doigt dans les volutes bleues de son cigare, et qu’il n’a pas osé tant de réalisme : de là l’essaim, qui n’a pas le sens commun. […] Cependant Sarcey a une sorte de gros bon sens, et il ajoute : « Je n’oserais pas affirmer que tout soit voulu et factice dans cette manière ; mais je penche à croire que Taine, tout en obéissant peut-être à un instinct secret, etc. » Nous voilà loin de l’aphorisme désinvolte de M. […] Il serait un plus grand écrivain s’il avait osé davantage.
Comment oserait-on soutenir que quatre à cinq siècles de vie romaine en Gaule ont pu ne pas marquer d’une empreinte ineffaçable ce qui devait être plus tard la France, remplir, façonner l’être moral de nos pères ? […] César nous dît que « le Gaulois n’osait pas regarder le Germain en face » ; à cette époque le Gaulois avait donc perdu déjà une part de ses qualités natives au contact du milieu ibère — comme plus tard le Franc au contact du milieu gallo-romain, — et aussi par suite du climat, sur cette terre latine où les peuples ne semblent descendre tour à tour que pour ¡y perdre leurs vertus ethniques et s’abâtardir. […] J’ose à peine faire remarquer que radical vient de radix et signifie « qui va à la racine » ; je ne commets ce truisme qu’à la suite d’une constatation quotidienne de la pauvre, grêle et malheureuse signification qu’on attribue à ce mot dans la vie politique courante et du caractère essentiellement vague, mesquin, pusillanime et cortical du parti auquel il sert d’étiquette. […] Or qui oserait préconiser une dictature ?
Édouard Rod, sans qu’il eut encore osé s’attaquer à la réalité vivante. […] Il faut bien savoir en effet quel est au moment de sa conversion l’état de ce que nous n’osons plus appeler l’âme de Durtal. […] Qui oserait dire qu’il n’a jamais poussé cette exclamation de dépit ou de colère : « Ah ! […] Là on songe à Vigny et à telle réflexion de Servitude et Grandeur militaire : « Comprenant enfin le sens de cette discipline militaire qui fait de la profession des armes une vie de rachat perpétuel et de pardon, il osait penser et dire que l’armée est, quant aux actes de l’homme, la plus haute application de l’exemple et du précepte divins. » Vigny est, si je ne me trompe, un de ceux qui ont le plus agi sur l’esprit de M. […] Ils sont debout l’un près de l’autre ; ils ne se parlent pas ; ils ne se regardent pas ; iis regardent tous deux du côté de la lumière. « Ils ne ferment jamais les yeux » dit l’enfant, et voici qu’il est pris de terreur : « Je n’ose plus regarder, petit père, laisse-moi descendre !
Celle-ci, sans oser se l’avouer, aime le fils du maître et du bienfaiteur de son père. […] Oserait-on, par exemple, dans la représentation d’un drame oriental, étaler à nos yeux cet amalgame étrange d’objets européens et d’objets asiatiques qui dépare la vie des plus grands seigneurs, ce mélange bizarre des modes séculaires de Constantinople et des modes les plus vulgaires de Paris ? […] Quant aux chœurs, ils se demanderaient par quelle aberration du goût on ose leur faire déclamer des strophes sur une musique qui ne s’y adapte pas métriquement. […] oses-tu bien te montrer devant moi ? […] Dans le code du monde, par exemple, un homme est considéré comme outragé si un adversaire ou un ennemi ose lever la main sur lui et il se battra pour venger son honneur.