Ce livre allemand, traduit en français et tamisé à travers notre langue, à travers l’esprit exact et ferme du traducteur, a paru, même au-delà du Rhin, plus clair que l’original. […] Littré ne s’est pas effrayé de ces bizarreries chez celui qu’il appelle son maître, et il a pensé que la partie neuve, originale et utile de la doctrine était plus que suffisante pour couvrir et racheter le reste. […] Dans ce xixe siècle, qui sera réputé en grande partie le siècle du charlatanisme littéraire, humanitaire, éclectique, néo-catholique et autre, et où c’est généralement à qui fera le plus valoir sa marchandise, ces sortes d’hommes originaux et singuliers sont une exception criante : ils sont tout le contraire du charlatan.
Car il est raisonnable de supposer dans le génie des grands poètes originaux, des images idéales de leurs comédies, et des idées obscures, mais positives et a priori du comique parfait, comparables à ces idées créatrices que la métaphysique platonicienne faisait résider dans l’intelligence divine. […] Critique de l’idée de la poésie Il en est de même de l’idée de la poésie : fausse, si elle est originale et précise ; banale et vague, si elle est vraie. […] Qu’ils renoncent à la définir, ou, s’ils ne peuvent consommer ce sacrifice si cher à leur amour effréné des théories, qu’ils s’en tiennent aux bonnes vieilles définitions de Platon et d’Aristote ; qu’ils nomment la poésie une création, d’après l’étymologie du mot, ou une imitation belle, d’après un caractère incontestable de toute œuvre d’art304 : ils ne seront plus précis, ils ne seront plus originaux, mais ils deviendront vrais ; ils nous édifieront moins par leur imagination, autant par leur science, et davantage par leur justice.
Mais, pour en faire une œuvre originale et assaisonnée d’une agréable teneur, la première condition, c’était d’être court. […] Il me sembla qu’il pouvait en résulter une tragédie très touchante et très originale, pour peu que l’auteur eût l’art d’arranger sa fable de manière à laisser le spectateur découvrir lui-même par degré les horribles tempêtes qui s’élèvent dans le cœur embrasé et tout ensemble innocent de la pauvre Myrrha, bien plus infortunée que coupable, sans qu’elle en dît la moitié, n’osant s’avouer à elle-même, loin de la confier à personne, une passion si criminelle. […] Je résolus, à tout hasard, et sans me demander si j’aurais ou non le temps d’y revenir, de les recopier avec l’original, en commençant par l’Alceste, que je voulais sérieusement retraduire sur le grec, sans quoi elle eût eu l’air d’être traduite d’une traduction.
Je n’étais pas triste dans mes fêtes, quand mes guerriers vivaient. » XIII Le dernier des chants originaux d’Ossian est celui intitulé Berrathon, et on le nomme, en Écosse, le Dernier Hymne d’Ossian. […] Que cet homme était à la fois assez grand poëte pour imaginer toute une poésie originale, et assez maniaque pour s’obstiner, pendant quarante ans, au plus stérile et au plus ingrat des travaux d’esprit ? […] Que l’on conjecture que Macpherson et ses amis, entraînés quelquefois eux-mêmes par le succès de leur découverte, aient poussé l’imitation un peu plus loin que la vérité, et qu’ils aient ajouté aux œuvres des bardes écossais quelques fragments de leur propre main dans le même style, cela est naturel, vraisemblable, admissible ; cela n’enlève rien à l’authenticité de l’œuvre historique ; une bonne imitation n’a jamais décrédité un excellent original.
Pour moi, qui, sur la foi de tant d’excellents esprits, reconnais au xviie siècle le point de maturité de la littérature et de la langue françaises, tout ouvrage qui a rapproché de ce point l’esprit de la nation me paraît être un ouvrage original et un progrès. […] C’est donc par son érudition même, où percent des lumières admirables, que le Roman de la Rose serait un poème original, et c’est par où on le trouve décrépit qu’il me paraîtrait neuf. […] Le premier, Villon s’est affranchi de l’imitation des vieux romanciers ; le premier, il a tiré sa poésie de son cœur ; le premier, il a créé des expressions vives, originales, durables.
On se figure trop facilement que la liberté est favorable au développement d’idées vraiment originales. […] L’idée vraie et originale ne demande pas la permission de se produire et se soucie peu que son droit soit ou non reconnu ; elle trouve toujours assez de liberté, car elle se fait toute la liberté dont elle a besoin. […] Autrefois, sur dix novateurs, neuf étaient violemment étouffés, aussi le dixième était bien vraiment et franchement original.