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520. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Elles ont l’avantage d’étonner les yeux, plutôt que de satisfaire le goût. […] D’un œil vif & perçant démêlez ses rapports. […] L’art ne plaît que par elle à nos cœurs, à nos yeux. […] Je jettai les yeux sur nos Chymistes. […] Ce nouveau genre s’est introduit sous nos yeux.

521. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Tâchons donc de supprimer, autant que possible, ce grand intervalle de temps qui nous empêche d’observer l’homme avec nos yeux, avec les yeux de notre tête. […] Quand vous observez avec vos yeux l’homme visible, qu’y cherchez-vous ? […] Nul n’a mieux enseigné à ouvrir les yeux et à regarder, à regarder d’abord les hommes environnants et la vie présente, puis les documents anciens et authentiques, à lire par-delà le blanc et le noir des pages, à voir sous la vieille impression, sous le griffonnage d’un texte, le sentiment précis, le mouvement d’idées, l’état d’esprit dans lequel on l’écrivait. […] C’est pourquoi, parmi les documents qui nous remettent devant les yeux les sentiments des générations précédentes, une littérature, et notamment une grande littérature est incomparablement le meilleur. […] J’ai choisi l’Angleterre, parce qu’étant vivante encore et soumise à l’observation directe, elle peut être mieux étudiée qu’une civilisation détruite dont nous n’avons plus que les lambeaux, et parce qu’étant différente, elle présente mieux que la France des caractères tranchés aux yeux d’un Français.

522. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Le monde sensible (toute la rue si vous êtes à Paris, le ciel et les arbres si vous êtes à la campagne) vous entre, si je puis dire, dans les yeux. […] Il a gardé une âme aussi neuve que celle d’Adam ouvrant les yeux à la lumière. […] C’est l’impression d’un monsieur qui se promène dans une rue de Paris la nuit, et qui songe à Platon et à Salamine, et qui trouve drôle de songer à Salamine et à Platon « sous l’œil des becs de gaz »  Pourquoi est-ce drôle   Je ne sais pas. […] Aux mains lâches, les yeux éblouis des chemins, Elle baissa mes yeux et me joignit les mains Et m’enseigna les mots par lesquels on adore… ……………………………………………………. […] Sage et silencieux, Que je vais vous aimer, vous un instant pressées, Belles petites mains qui fermerez mes yeux !

523. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Un instant, les danseuses se tinrent, et une jeune voix, en des rhythmes et des harmonies molles, chantait un Alléluia d’amour, caressant aux oreilles comme les danses aux yeux. […] impuissant se réaffaisse le cœur, pour en désir se consumer, en désir sans atteignement, — puisque chaque atteignement fait germer seulement un nouveau désir, jusque ce qu’en la dernière exténuation, à l’œil brisé poinde le pressentiment de la plus sublime joie de la possession : c’est la joie du mourir, du ne-plus-être, de la dernière rédemption en ce merveilleux royaume dont au plus loin nous errons quand, avec la plus tempétueuse force, nous peinons à y pénétrer. […] Infernale Luxure, rire de la charnelle Malédiction, fureur de la Concupiscence femelle : soudain rayonne un luxurieux œil, un coin de gorge pâmée, l’éclair d’un diabolique baiser, — pendant qu’il clame : « non !  […] le Malade revoit les damnées visions, et dans ses yeux fanés passent des lubriques choses : yeux pécheurs ! […] Il est vrai que le français a une musique plus délicate, et moins monotonale par conséquent ; mais cela suffit pour relever à nos yeux l’opéra français et nous faire oublier le néant artificiel de nos entrepreneurs de musique.

524. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

L’homme, avec ses yeux lumineux, le poli de marbre de la chair de sa figure, sa bouche sarcastique, ressemble beaucoup à un prélat de race supérieure, à un prélat romain. […] » * * * — La femme de Zola, assez souffrante cette année, tire de sa maladie une beauté rare, faite de la douceur de deux yeux très noirs, dans la pâleur comme éclairée d’un visage. […] Se tournant vers son voisin de droite, et le regardant avec l’œil perçant et profond des grands diagnostiqueurs, il lui disait : « Toi, tu mourras de ça, et comme ça », lui détaillant longuement et presque méchamment, les souffrances de sa fin. […] Il y a entre autres des grues d’une calligraphie baroque sur un fond rose groseille, une vraie joie des yeux. […] C’était un très grand vase en jade vert, en forme de balustre, avec sur sa panse, un quadrillé d’or, relevé d’un cloutis de corail, et aux anses formées par des têtes de dragons ayant des yeux de cristal de roche.

525. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Elle peut, de ses rayons vainqueurs, dessiller bien des yeux et les ouvrir à des beautés inaperçues. […] Un jour, ces Contes — bijoux oubliés au pied de La Comédie humaine, qui fait ombre sur tout ce qui l’entoure, — reprendront leur place aux yeux des hommes. […] Je n’ai pas à rechercher ici l’âpre et colossale bonhomie de Michel-Ange, ou la naïveté qui ouvre sa fleur, avec ses yeux de Jésus, dans Raphaël. […] Ce n’est pas un peintre, du moins dans les Illustrations que nous avons sous les yeux. […] Les effets qui en résultent pour l’art et les yeux ne troublent pas un talent aussi hardi que le sien.

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