La tragédie d’Horace ne viole point les règles essentielles et fondamentales, et, malgré l’apparence de duplicité, le grand principe d’unité s’y trouve : c’est toujours un objet, un grand objet, un objet intéressant que Corneille nous présente ; c’est l’intérieur d’une de ces anciennes familles de Rome, dont les mœurs simples et vertueuses, les passions vives et fortes, les sentiments nobles et fiers, sont extrêmement dramatiques. […] Est-il un objet plus propre à inspirer la terreur que le triomphateur des trois parties du monde alors connues, égorgé par de vils satellites dans un misérable esquif ? […] M. de La Harpe confond mal à propos des objets qu’il faut distinguer ; il sépare ceux qui doivent être unis. […] Il semble que le destin de ce grand homme soit d’être plus vivement senti lorsque les esprits, exaltés par les dissensions civiles, sont plus disposés aux grands objets, aux idées graves et solides. […] les objets qui peuvent les troubler sont-ils toujours fort estimables ?
Et si, comme personne ne le nie, la plupart des faits transmis, les sens sont sujets à l’erreur, qu’est-ce qu’un être normal qui n’agit que lorsqu’il est excité par des objets extérieurs et par des objets même dont les apparences sont souvent fausses ? […] Un être vertueux, convaincu de ce système, en serait profondément affligé, car il craindrait sans cesse que l’influence toute-puissante des objets extérieurs n’altérât la pureté de son âme et la force de ses résolutions. […] Le crime même a plus de grandeur, quand il tient au désordre des passions enflammées, que lorsqu’il a pour objet l’intérêt personnel : comment donc pourrait-on donner pour principe à la vertu ce qui déshonorerait même le crime ? […] Dans le monde on se sent oppressé par ses facultés, et l’on souffre souvent d’être seul de sa nature au milieu de tant d’êtres qui vivent à si peu de frais ; mais le talent-créateur suffit, pour quelques instants du moins, à tous nos vœux ; il a ses richesses et ses couronnes, il offre à nos regards les images lumineuses et pures d’un monde idéal, et son pouvoir s’étend quelquefois jusqu’à nous faire entendre dans notre cœur la voix d’un objet chéri. […] Elle n’est pour cela ni antisociale, ni antireligieuse, puisqu’elle a pour objet de faire triompher la justice des priviléges, cette tyrannie des castes, et de faire triompher la foi des superstitions, cette tyrannie de l’esprit.
Le caractère et les ouvrages de ce respectable abbé ont été, dans les derniers temps, l’objet d’études approfondies qui, en l’exagérant un peu, le font très bien connaître, M. de Molinari, au point de vue des économistes, nous l’a présenté par extraits, par citations resserrées et abrégées, seule manière dont l’abbé de Saint-Pierre soit lisible, et il l’a justement rapproché de son futur parent dans l’ordre des esprits, le philosophe utilitaire Bentham. […] Après trois ou quatre ans donnés à la physique, à laquelle il eût été propre peut-être plus qu’à aucun autre objet, désirant surtout faire servir ses progrès personnels au bonheur des hommes, il suivit l’exemple de Pascal et de Socrate, il passa à l’étude de la morale ; et comme celle-ci ne trouve guère son application en grand et son développement qu’à l’aide des lois et des institutions civiles, il fut conduit nécessairement à s’occuper de politique : car nul esprit n’était plus docile que le sien à mettre en pratique et à suivre jusqu’au bout la série de conséquences qui s’offraient comme justes. […] C’est bien lui qui allait à l’objet présent de sa curiosité tout droit, sans regarder ni à droite ni à gauche, sans prêter attention aux railleries ni s’en mortifier, — avec ténacité, tranquillité, et une sorte d’effronterie naïve.
La Revue des Deux Mondes et les écrivains qui tiennent à honneur de lui appartenir ont été récemment l’objet de telles attaques violentes et outrageuses, outrageuses et pour ceux qu’on y désignait malignement, et pour ceux qu’on y passait sous silence, en ayant l’air de les ménager, et pour ceux surtout qu’on cherchait à y flatter en se les donnant pour auxiliaires, que c’est un devoir à eux, non pas de se défendre (ils n’en ont pas besoin), mais de témoigner de leurs sentiments, de leurs principes, et de marquer de nouveau leur attitude. […] Dans ces diverses et confuses attaques dont la Revue a l’honneur d’être l’objet, et qui la feraient ressembler (Dieu me pardonne), si cela durait, à une place de sûreté assiégée par une jacquerie, les adversaires s’attachent à confondre les dates et à brouiller pêle-mêle les choses et les temps. […] Il y a quelques années déjà, cette Revue fut l’objet d’attaques violentes et tout à fait sauvages, parties d’une feuille obscure que rédigeaient de jeunes débutants.
Ronsard n’a pas vu nettement que les anciens sont les modèles, parce que la nature est fidèlement exprimée en leurs œuvres, et qu’ainsi de s’adresser à eux, ou à la nature, c’est la même chose : que du moins ils nous guident dans le choix des objets et des moyens d’imitation. […] Scève, Délie objet de plus haute vertu, Lyon, 1544 ; Lyon, Scheuring, 1862. […] Après Cassandre et Marie, Hélène (H. de Surgères) était l’objet des amours du poète : ces derniers sonnets sont d’un platonisme ingénieux et mélancolique.
Même Schelling faisait encore de Dieu un sujet-objet ; mais Hegel absorbait entièrement l’objet dans le sujet31. […] Avec lui, il enseigne que l’âme est, non un objet, mais un sujet, non un substratum mystérieux, mais une force libre, ayant conscience de soi, puisant dans le sentiment antérieur de sa causalité propre la conviction de son individualité, d’une unité effective et non nominale, identique d’une identité non pas apparente, mais essentielle, inexplicable enfin par toute hypothèse de collection, collection de modes ou de parties. […] pourquoi suis-je tenu à être pour moi-même et pour les autres un objet de respect ?