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520. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

II fut nommé peu après lieutenant-général. On saisit bien la nuance et le degré du tort où Villars put être à l’égard de M. de Magnac ; il le nomme, il lui rend aussi, justice : mais il ne va pas sur son compte au-devant de l’entière et éclatante vérité : seulement, si on la lui demande, il la dira. […] Après cela, allez vers l’Autriche, divisez les forces de l’empire, forcez-le à la paix, et nous verrons si l’on pourra croire sérieux ce que vous avez bien vu qui ne l’était pas quand je vous ai nommé l’emploi de connétable.

521. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Boissonade né en 1774, fils d’un militaire gentilhomme qui mourut gouverneur de Castel-Jaloux, se nommait Boissonade de Fontarabie et était de souche noble et ancienne. […] J’ai causé avec plusieurs de ceux qui le connaissaient mieux que moi : le nombre n’est pas très-grand, croyez-le bien, de ceux-là qu’il avait admis à son intimité ; je ne sais s’il en est jusqu’à trois que je pourrais nommer, et tel qui s’en vante aujourd’hui n’en était pas. […] Boissonade le rappela à la bonté et à l’équité par une lettre qui est un modèle d’humaine sagesse : « Ceux que vous nommez, que vous accusez, sur lesquels vous appelez le ridicule ou peut-être quelque chose de plus sévère (car les révolutions, faciles et humaines à leur origine, sont quelquefois suivies de violentes réactions), ceux de qui vous riez, d’un rire bien amer et bien cruel, sont d’honnêtes gens, séduits d’abord par des illusions très-séduisantes, menés ensuite plus loin qu’ils ne l’avaient pensé.

522. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Celui des jeunes garçons offrait l’image d’un club et d’un camp : on portait le costume militaire ; à chaque événement public, on nommait des députations, on prononçait des discours, on votait des adresses ; on écrivait au citoyen Robespierre ou au citoyen Tallien. […] Un académicien-poëte, à qui Béranger, encore inconnu, parlait un jour de ses idylles et du soin qu’il y prenait de nommer chaque objet par son nom sans le secours de la Fable, lui objectait : « Mais la mer, par exemple, la mer, comment direz-vous ? […] Ici au contraire, pour Béranger, la pensée, le sentiment inspirateur préexistait : le refrain n’en devait être que l’étincelle, mais étincelle à point nommé en quelque sorte, d’un intervalle et d’un jet déterminés à l’avance.

523. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

La Savoie, Genève et le pays de Vaud forment, littérairement parlant, une petite chaîne dépendante de la littérature française, qu’on ne connaît guère au centre, et qu’on ne nommerait au plus que par les noms de de Maistre, de Jean-Jacques et de Benjamin Constant, qui s’en détachent. […] Lorsque, venant au poëme qu’on évite de nommer, mais qu’il ose louer littérairement, M. […] Vinet, nommé depuis professeur d’éloquence de la chaire dans l’académie de Lausanne, a quitté l’université de Bâle, et sa patrie l’a reconquis. — Ayant donné sa démission après les événements de février 1845, il a été renommé presque aussitôt par l’académie de Lausanne, mais cette fois comme professeur de littérature française.

524. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

peut-être encore irritables), je ne nommerai pas tout après eux159. […] Dante l’a bien senti, lorsqu’il le place, non pas dans le groupe des poëtes païens au chant IV de l’Enfer, mais à titre de chrétien (ce qu’il suppose), dans deux chants à part du Purgatoire (XXI et XXII), plus seul alors en face de Virgile, nommant Virgile avec amour, sans savoir que c’est à lui qu’il parle, souhaitant de l’avoir vu au prix même d’une journée de plus dans les limbes, tombant à ses pieds dès qu’il l’entend nommer, et oubliant, dans cet élan d’embrassement, qu’il n’est qu’une ombre devant une ombre ! […] Nous dirons, pour ceux qui l’ignorent, que ce qu’on appelle le premier Paris dans les journaux politiques est l’article du commencement non signé, et dans lequel, quand le journal est au pouvoir, l’écrivain anonyme parle tout naturellement au nom de la pensée d’Etat. — Ce ne serait que justice d’ajouter, pourtant, que, parmi ceux qui ont écrit ou qui écrivent le premier Paris aux Débats, une exception est à faire, depuis déjà longtemps, pour un publiciste modeste des plus consommés et des plus sensés dans sa cause : n’est-ce pas nommer M. de Sacy ?

525. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Il se maria, se réconcilia avec Port-Royal, se prépara, dans la vie domestique, à ses devoirs de père ; et, comme le roi le nomma à cette époque historiographe ainsi que Boileau, il ne négligea pas non plus ses devoirs d’historien : à cet effet, il commença par faire un espèce d’extrait du traité de Lucien sur la Manière d’écrire l’histoire, et s’appliqua à la lecture de Mézerai, de Vittorio Siri et autres. […] Othon et Sénécion, jeunes voluptueux qui perdent le prince, sont à peine nommés dans un endroit. […] Mais d’abord je cherche vainement dans Racine ce temple merveilleux bâti par Salomon, tout en marbre, en cèdre, revêtu de lames d’or, reluisant de chérubins et de palmes ; je suis dans le vestibule, et je ne vois pas les deux fameuses colonnes de bronze de dix-huit coudées de haut, qui se nomment, l’une Jachin, l’autre Booz ; je ne vois ni la mer d’airain, ni les douze bœufs d’airain, ni les lions ; je ne devine pas dans le tabernacle ces chérubins de bois d’olivier, hauts de dix coudées, qui enveloppent l’arche de leurs ailes.

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