Tout le temps que Lamennais fut prêtre, ses écrits, qui rappelaient Bossuet et qui semblaient un écho de ses foudres, avaient la hauteur de la chaire chrétienne et la majesté d’un autel, et quand le prêtre eut déchiré sa robe, son génie noir et brillant, comme celui de ce rude Africain que l’on a comparé à un miroir d’ébène, ne parut que plus noir et plus sombre après l’extinction de l’auréole de foi qui l’avait illuminé cinquante ans.
Boufflers, le chansonnier, l’auteur de la Reine de Golconde, de la Jeune fille et du Cheval, du Traité du cœur, Boufflers le léger, devint ambitieux et planta là sa pauvre comtesse amoureuse pour s’en aller au Sénégal gouverner des noirs (que même il administra fort bien le temps qu’il y fut), la laissant dans un Sénégal bien plus brûlant que le sien et non moins difficile à gouverner… le Sénégal de son cœur. […] … Ses deux enfants, seuls, passent comme deux ombres de lumière rose sur la contemplation éternelle qui est le fond noir de sa vie.
L’hostie est noire et à trois pointes. […] Un œil vif et noir éclaire son mâle visage olivâtre. […] Il est en proie à cette tristesse noire, rançon des âmes exquises. […] Il boit le sang noir qui le ranime et lui délie la langue. […] Il avait les ongles noirs et les mains tachées d’encre, et il s’en vantait.
Richement doué comme peintre, non quant au coloris qu’il a lourd et noir, mais quant à la vigueur de la brosse et à la solidité de sa touche. […] Dans le Ventre de Paris, une charcutière goute son boudin bouillant et il la dépeint ainsi « Elle mordait à petits coups de dents, écartant avec soin ses belles lèvres dans la crainte de les brûler, et ce bout noir s’en allait peu à peu dans tout ce rose » ; un peu plus loin « Elle donna le bougeoir à Florent en le regardant avec sa belle face tranquille de vache sacrée. » Autre part « La baronne promenait son regard noir sur les murs blancs. » Certes, beurre fin, bout noir et tout rose, vache sacrée, regard noir et mur blanc ne sont pas les expressions sincères d’une impression immédiate, elles trahissent la recherche. […] Là, une végétation luxuriante, noire, grasse par excès d’engrais humain, envahit le soi. […] Le roman est déjà un mode de lecture inférieur, plus propre à égarer l’esprit qu’à l’éclairer, soit qu’il dépeigne la vie en rose, soit qu’il la représente en noir ; il développe chez les uns, le goût des intrigues amoureuses ou d’une sentimalité outrée ; chez les autres, le besoin de sensations et d’émotions violentes, ne considérant l’existence qu’autant qu’elle fournit une suite de péripéties variées.
Préface Rien ne ressemble moins que nous aux marquis couverts d’habits brodés et de grandes perruques noires, coûtant mille écus, qui jugèrent, vers 1670, les pièces de Racine et de Molière.
Ce qui le préserve parfois de cette peste du siècle, et ce qui, par moments, le rend enchanteur, c’est la puissance d’artiste consommé qui lui fait tout à coup retrouver son cœur sous les vapeurs noires de son esprit.