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2126. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Nous a qui portons par derrière cette trompe aiguë, nous et sommes les seuls Attiques, les vrais nobles et les indigènes du pays, race belliqueuse et qui servit puissamment Athènes dans la guerre, quand vint le barbare, étouffant de fumée la ville et brûlant les campagnes, dans sa rage de nous enlever de force les rayons de la ruche.

2127. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

D’un salon très noble et très clos, il garde cette réserve, ce refus courtois de se livrer, pareil a une feinte invisible de fleuret. […] De plus il s’en sert toujours pour une fin plus noble qu’elle. […] Ce siècle est grand et fort, un noble instinct le mène. […] Le triple orgueil du Breton, du noble de province, de l’homme de lettres, entra dans ce métal de cloche, dans cette effigie qui prolongeait sur des fronts plus jeunes, comme l’aile de l’ange tombé, sa grande ombre de désenchantement. […] Le Démon de l’Analogie nous met dans les mains une des clefs de sa « noble faculté poétique ».

2128. (1905) Propos littéraires. Troisième série

La postérité revient aux sacrifiés avec une foule de bons et de mauvais sentiments, mélange qui se retrouve à l’origine de presque toutes nos actions, avec un souci de la justice, une saine et noble curiosité, et aussi un malicieux désir de faire pièce un peu à ceux qui ont trop triomphé, aux victorieux authentiques, aux princes consacrés de la littérature. […] La lecture d’un poète, sans cesser d’être un plaisir, est un peu une étude, et donc devient un plaisir noble. […] Il eût dit d’elle, comme Montesquieu : « Elle est le plus parfait, le plus noble et le plus exquis de tous les sens. » C’est à ce titre qu’il la chérissait. […] En reléguant la métaphysique dans la région des nobles jeux de l’esprit, il a proscrit, si un tel mot peut être de mise en parlant de lui, aussi bien la métaphysique chrétienne que toute autre. […] Le pessimisme et la misanthropie romantiques, si nobles chez la plupart des grands hommes de 1830, sont devenus chez lui une passion chagrine de dénigrement systématique, une passion d’horreur à l’endroit de l’humanité, qui a quelque chose de haineux, d’entêté, d’étroit, de sombre et de triste comme une manie, et qui en vérité chez Zola n’est qu’une manie d’aveugle ou de myope.

2129. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Il croyait aux plus nobles énergies de l’homme. […] Le chauffage imparfait du dix-septième siècle force même souvent les belles et nobles dames à recevoir leurs visiteurs au lit. » Aux premières années du dix-huitième siècle, les dames de qualité recevaient encore sur leur lit. […] Le noble Quinet était-il donc un mauvais citoyen quand il ne pardonnait pas une injustice à la Révolution ? […] Ernest Renan, qui vit dans une noble familiarité avec toutes les formes du beau et du bien, se montre sensible à la beauté des femmes, effet évident des desseins de Dieu sur le monde. […] Il n’était à l’aise que dans la compagnie des morts, « près de ces chevaliers, de ces nobles dames dormant d’un sommeil calme, avec leurs levrettes à leurs pieds et un grand flambeau de pierre à la main ».

2130. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Mlle Lara a eu beaucoup de succès dans le rôle touchant et noble de Mme Kervil, qu’elle rend d’une manière touchante et noble. […] Il y a une figure d’évêque missionnaire (qui servira à quelque chose plus tard), fort curieuse, apparemment très vraie et d’une grande beauté noble, simple et un peu rude. […] Et notez que je ne pouvais y être que très bien disposé, car je partage, on le sait peut-être, non seulement les beaux et nobles sentiments qui y sont exprimés par le protagoniste, mais même un peu les passions qui semblent animer l’auteur, et même, Dieu me pardonne ! […] Or, il ne paraît que dans deux scènes ; et de ces deux scènes, celle où il est vraiment de caractère élevé et noble est supprimée au théâtre. […] Brûlé viendra sur ces nobles planches à son heure.

2131. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

« Le Poète était tout pour moi ; Chatterton n’était qu’un nom d’homme, et je viens d’écarter à dessein des faits exacts de sa vie pour ne prendre de sa destinée que ce qui la rend un exemple à jamais déplorable d’une noble misère. […] Allez, nobles pensées écrites pour tous ces ingrats dédaigneux, purifiez-vous dans la flamme et remontez au ciel avec moi !

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