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15. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Services et récompense des nobles. […] Dans la langue du temps, le noble est l’homme de guerre, le soldat (miles), et c’est lui qui pose la seconde assise de la société moderne. […] Celui-ci est d’autant plus précieux qu’il peut s’élargir : pour que la petite patrie féodale devienne la grande patrie nationale, il suffit maintenant que toutes les seigneuries se réunissent entre les mains d’un seul seigneur, et que le roi, chef des nobles, pose sur l’œuvre des nobles la troisième assise de la France. […] Les nobles, par un vieil instinct de fidélité militaire, se considèrent comme sa garde, et viendront jusqu’au 10 août se faire tuer pour lui dans son escalier ; il est leur général-né. […] Les nobles ne sont que ses officiers ou ses courtisans.

16. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Notes sur l’Ancien-Régime Note 1livre premier, chapitre II, ISur le nombre des ecclésiastiques et des nobles. […] Moheau, à qui Lavoisier s’en réfère dans son rapport de 1791, n’en sait pas davantage (Recherches sur la population de la France, 1778, 105) ; Lavoisier dit 83 000 individus, et le marquis de Bouillé (Mémoires, 50) 80 000 familles, tous deux sans aucune preuve  J’ai relevé, dans le Catalogue nominatif des gentilshommes en 1789, par Laroque et Barthélemy, le nombre des nobles qui ont voté, directement ou par procuration, aux élections de 1789, en Provence, Languedoc, Lyonnais, Forez, Beaujolais, Touraine, Normandie, Ile-de-France ; ce nombre est de 9 167  D’après le recensement de 1790 donné par Arthur Young dans ses Voyages en France, le nombre des habitants de ces provinces est de 7 757 000, ce qui, par proportion, donne un peu plus de 30 000 nobles votants parmi les 26 millions d’habitants de la France  En étudiant la loi, et en dépouillant les listes, on voit que chacun de ces nobles représente un peu moins d’une famille, puisque le fils d’un propriétaire de fief vote s’il a vingt-cinq ans ; je ne crois donc pas qu’on se trompe beaucoup en évaluant à 26 000 ou 28 000 le nombre des familles nobles, ce qui, à raison de 5 personnes par famille, donne 130 000 ou 140 000 nobles  La France en 1789 ayant 27 000 lieues carrées et 26 millions d’habitants, on peut compter une famille noble par lieue carrée et par 1 000 habitants. […] La terre de Blet, suivant l’usage du pays pour les terres nobles, est évaluée au denier 25, c’est-à-dire 373 060 livres, dont il faut défalquer un capital de 65 056 livres représentant les charges annuelles (portion congrue du cure, réparations, etc.), non comprises les charges personnelles comme les vingtièmes. […] La terre des Brosses est, suivant l’usage du pays, évaluée au denier 22, car elle cesse d’être noble par le transport des droits de fief et justice à celle de Blet. […] Le haut, justicier, selon l’acte de notoriété donné au Châtelet, le 29 avril 1702, « connaît de toutes les matières réelles et personnelles, civiles et criminelles, même des actions des nobles et ecclésiastiques, des scellés et inventaires de meubles et effets, des tutelles, curatelles, administration des biens de mineurs, des domaines, droits et revenus usuels de la seigneurie, etc. » 2° Droit de gruerie, édit de 1707.

17. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Sous le premier Empire, avant les indemnités, il servit d’asile aux vieilles demoiselles nobles les mieux élevées. […] J’ai toujours pensé que c’étaient les vrais nobles. […]  » Ces nobles de campagne étaient des paysans comme les autres, mais chefs des autres. […] Les nobles des villes se moquaient de lui, mais bien à tort : il connaissait le pays ; il en était l’âme et l’incarnation. […] Ces faillis petits nobles de petite ville, qui ne sont bons à rien et qui ne valaient pas le quart du vieux noble de campagne, n’auraient pas voulu d’elle pour leurs fils.

18. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Buffon aime le noble en homme anobli, plus jaloux de ne pas déroger que l’homme dont la noblesse est ancienne. […] Mais le grand fait aimer le simple ; l’aimable est bien près de n’être que le simple ; le noble le cache. L’idée du noble est de celles où il peut entrer de la mode et du préjugé. Au temps de Ronsard, un style noble était un style retentissant de termes empruntés à la guerre et à la chasse. […] Le noble, comme on l’entendait alors, y est prodigué.

19. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

que ce noble orgueil doit être un lourd fardeau ! […] Jamais âme plus noble ne fut en même temps plus modeste. […] Il est jeune, noble, bien doué, et il lui est défendu de vivre. […] Rappelez-vous l’admirable parallèle que trace Wilhelm du noble et du bourgeois : « Le noble vaut par ce qu’il est, le bourgeois par ce qu’il a. […] Les nobles et bonnes âmes ne sont-elles pas le sel de la terre ?

20. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Ailleurs, tu admets et tu admires le « noble amour de la patrie ». […] Car votre esprit, Mélusine, est une clarté adorable et le feu auquel il s’allume est la plus noble des âmes. […] Du moins, ils sont, pour un travail impossible mais noble, des instruments fragiles mais nobles. […] Il a, ce noble individualiste, tous les snobismes sociaux. […] Seules, les nobles constructions équilibrées donnent la joie qui dure.

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