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564. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Toujours ambitieux de réputation, ils ne s’abandonnaient point à leur propre caractère ; ils ne montraient jamais qu’une nature commandée. […] Le caractère romain était un modèle auquel tous les grands hommes adaptaient leur nature particulière ; et les écrivains moralistes présentaient toujours le même exemple. […] On ne voit donc, dans la première époque de leur littérature, aucun ouvrage qui montre une profonde connaissance du cœur humain, qui peigne ni le secret des caractères, ni les diversités sans nombre de la nature morale. […] Ainsi l’homme qui voulait dompter la nature, cédait à la superstition. […] Les Romains sont d’une nature ardente et sublime ; ils respirent le sentiment de la tragédie, et peuvent oser avec succès.

565. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Le siècle tournera à l’idylle : notre beau monde traduira en sentiments et en pittoresque d’opéra-comique le goût de l’innocence rustique et de la belle nature que lui aura inoculé Rousseau. […] Lindor et Rosine contre Bartholo, c’est Horace et Agnès contre Arnolphe, l’amour qui va à la jeunesse, selon la bonne, la sainte loi de nature, en dépit de la jalouse vieillesse armée par la société de droits tyranniques : mais la lutte se complique ici par l’introduction d’un élément qui donne à la pièce une très sensible actualité. […] Figaro n’est plus seulement le valet qui sert son maître : il « vole à la fortune », mais, argent à part, il y a de la protection dans son service ; c’est l’homme sensible, heureux de remplir le vœu de la nature en rapprochant des amoureux. […] Suzanne fait contraste avec la mélancolique douceur de la comtesse : « riante, verdissante », pétillante, joyeusement élancée de toute sa nature vers l’amour et vers le plaisir. […] Mais tandis que la maturité mélancolique de la comtesse et l’âcre précocité de Chérubin se rapprochent, tandis que la dépravation invétérée du comte le promène de tous côtés, parmi ces déviations et ces perversités, cet intrigant Figaro et sa gaillarde Suzanne représentent la robuste, la saine, la droite nature, ils courent honnêtement sur le grand chemin du mariage.

566. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Et c’est à cette imperfection, à cette incohérence de sa nature, jointe à son plus grand développement intellectuel (qu’elle a dû, à certains égards, favoriser), que l’homme doit d’être, par excellence, l’animal moral. […] Des êtres n’ont nul besoin de morale réfléchie qui sont par nature adaptés à la vie sociale. […] Toutes les influences qui assaillent notre moi et qui le pénètrent, y luttent, s’y contrarient et s’y transforment ; elles s’y exaltent ou s’y atténuent l’une l’autre, elles y changent de nature ou s’y combinent on des modes nouveaux. […] Mais la nature précaire de cet instinct est trop évidente. […] Ils faisaient pénétrer de plus en plus les autres en chacun de nous, ou tendaient au moins à faire agir chacun comme s’il participait de plus en plus de la nature des autres.

567. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

On voit qu’elle ne sortait d’un déguisement que pour entrer dans un autre, et que la nature en elle était toujours masquée et travestie. […] La plupart sont de nature à ne pouvoir être reproduites, mais il en est qu’il n’est pas interdit de rappeler. […] Il fut bien l’homme et le roi que nous annonçaient sa nature d’alors et cette éducation si particulière pour un prince. […] En tout, ce qui lui manquait, c’était l’élévation dans l’âme et dans le talent, c’était la vérité et la nature ; d’ailleurs elle avait les finesses, les adresses et les grâces de la société. […] Le goût d’enseigner ne doit point se considérer chez elle comme un travers, c’était le fond même et la direction de sa nature.

568. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Une seule fois, Nature aux mille visages, tu as su trouver un acteur digne d’un pareil rôle… » ? […] Elle révèle, en revanche, toute une nature. […] Rarement l’unité d’une œuvre fut plus forte et la spécialité d’une nature plus accusée. […] — On ne commande à la nature qu’en lui obéissant », appliqué au gouvernement des peuples. […] « L’homme est un carnassier », dit-il quelque part, « il l’est par nature et par structure, et jamais la nature et la structure ne laissent effacer ce premier pli.

569. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 169-178

Il faut que la vérité ait changé de nature, depuis qu’il a entrepris de nous l’enseigner. […] Les Pensées sur l’interprétation de la Nature appartiennent en grande partie à Bacon, ce dont l’Auteur ne s’est nullement mis en peine de nous avertir. […] On peut donc assurer que c’est sans l’aveu de la Nature que M. […] Son Code, dit de la Nature, est-il exempt des défauts qu’on vient de lui reprocher ?

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