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1207. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Il s’entendait blâmer de ces demi-retraites, il s’en irritait, il se relançait par accès dans le monde qui lui était à la fois insupportable et nécessaire, — nécessaire, car c’était le théâtre où il déployait avec le plus de succès cette plaisanterie acérée, escrime savante où il était passé maître.

1208. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Il est donc bon et même nécessaire que le poète croie à sa mission et ait une conviction. « Ce don, — une conviction, — a dit Hugo, constitue aujourd’hui comme autrefois l’identité même de l’écrivain. […] Les religions dogmatiques vont s’affaiblissant ; plus elles deviennent insuffisantes à contenter notre besoin d’idéal, plus il est nécessaire que l’art les remplace en s’unissant à la philosophie, non pour lui emprunter des théorèmes, mais pour en recevoir des inspirations de sentiment.

1209. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Haïssables autant que jamais, dangereuses comme au premier jour, car la passion, éternelle comme l’homme, s’empare de l’erreur et s’en fait une arme dans la brutalité de ses desseins, elles ne sont plus cependant, ainsi qu’elles l’étaient autrefois, nécessaires de cette nécessité providentielle dont parle l’Évangile quand il dit ces graves paroles citées par saint Augustin : « Il faut qu’il y ait des hérésies (oportet hæreses esse), parce que ce sont les hérésies qui forcent la vérité à des démonstrations nouvelles. » Au contraire, ces filles de l’orgueil semblent avoir terminé le travail de contradiction que Dieu impose quelquefois à l’homme révolté dans l’intérêt de la vérité méconnue. […] Par les livres, par les idées, par la science, par les besoins religieux des peuples, par la tendance générale vers une unité nécessaire, il ramène dans son flot toujours montant le catholicisme, et c’est le débordement de la vérité !

1210. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Plus une conséquence de telle ou telle esthétique est terrible et faite pour effrayer, plus ils sont fiers d’avoir été jusqu’à cette conséquence ; du moment où elle était nécessaire, le principe une fois admis, ils se font gloire de ne pas reculer devant elle ; ils soutiendront, ils estimeront même de bonne foi, que ce qui révolte le plus doit être ce qu’il y a de plus admirable. […] Mais à supposer même qu’en effet l’homme ne soit rien qu’un animal, et que nos sentiments, nos désirs, nos pensées mêmes et nos convictions soient uniquement les résultats nécessaires du jeu de nos organes, de notre constitution, je répondrai que la physiologie doit être laissée aux physiologistes ; méfions-nous de la physiologie littéraire autant que de la musique d’amateurs.

1211. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Hugo le compte rigoureux, mais nécessaire, que nous imposait notre estime même pour son talent.

1212. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

La première, la centralisation gouvernementale, lui paraît salutaire et nécessaire à la force d’un État, au maintien de son unité ; elle existe aux États-Unis plus forte qu’on ne croit, trop forte même dans beaucoup d’États selon lui ; elle existe à côté de la décentralisation administrative la plus éparse.

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