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476. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Le mouvement est éternel, il est partout. […] L’orgue joue le Tantum ergo sur un mouvement de polka. […] Les mouvements de son âme sont mornes comme la nuit et ses affections sombres comme l’Érèbe. […] même pour toi, le mouvement est un mystère ? […] Le requin se donne aussi beaucoup de mouvements pour découvrir sa proie.

477. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Car il ne s’agit de rien moins que d’un combat, et le premier caractère du mouvement littéraire dont nous nous occupons, c’est d’être, à l’origine, un mouvement révolutionnaire. […] Et alors, pouvez-vous justifier les fortunes si différentes de ces deux mouvements littéraires à l’égard des poètes belges ?  […] Attiré par tout ce qui se fane et disparaît, Rodenbach craint la lumière, le mouvement, la vie. […] Aujourd’hui, tous les pays d’Europe, où existe un mouvement intellectuel, connaissent Verhaeren, l’aiment et le traduisent. […] J’apprécie tout particulièrement le chapitre du « Mouvement naturaliste » et celui en l’honneur du grand Dostoïewsky.

478. (1914) Une année de critique

Tout le mérite de ces mouvements fugitifs réside dans leur valeur plastique, et ils n’ont d’autre but à tes yeux que d’entretenir le rythme de la vie. […] Le léger abus signalé chez Jérôme et Jean Tharaud n’entrave pas l’admirable mouvement de leur style. […] Félix rougit de se confondre dans le troupeau qui « éprouve » les mouvements du cœur sans songer à les « comprendre ». […] L’attitude de Nietzsche immobilise un second mouvement, une réaction, une contraction. […] Le sophiste en faisant un pas vient de réfuter sa propre démonstration et prouve que le mouvement existe.

479. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

C’est, à une certaine heure de réveil, un bruit confus, un mouvement universel de ces filets qu’on retire à l’envi, et de ces filets qui tombent. […] Ainsi livrés à tout ce qui s’agite et se succède autour de nous, affectés par l’oiseau qui passe, la pierre qui tombe, le vent qui mugit, le nuage qui s’avance, modifiés accidentellement dans cette sphère toujours mobile, nous sommes ce que nous font le calme, l’ombre, le bruit d’un insecte, l’odeur émanée d’une herbe, tout cet univers animé qui végète ou se minéralise sous nos pieds ; nous changeons selon ses formes instantanées, nous sommes mus de son mouvement, nous vivons de sa vie. » Cette abdication de la volonté au sein de la nature, cette lenteur habituelle d’une sensation primordiale et continue, il la trouve si nécessaire au calme du sage en ces temps de vertige, qu’il va jusqu’à dire quelque part que, plutôt que de s’en passer, on la devrait demander aux spiritueux, si la philosophie ne la donnait pas. […] La grâce de la nature est dans le mouvement d’un bras ; l’harmonie du monde est dans l’expression d’un regard. […] Le silence protège les rêves de l’amour ; le mouvement des eaux pénètre de sa douce agitation ; la fureur des vagues inspire ses efforts orageux, et tout commandera ses plaisirs quand la nuit sera douce, quand la lune embellira la nuit, quand la volupté sera dans les ombres et la lumière, dans la solitude, dans les airs et les eaux et la nuit… Heureux délire !

480. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker, on le voit, est un des précurseurs les plus honorables du grand mouvement qui éclata au commencement du xixe  siècle, et son recueil de discours ne précéda que de deux années le Génie du christianisme. […] Necker, de la manière la plus claire et la plus positive sur les avantages et les désavantages de mon caractère ; et, lors d’une conférence qui se tint dans le cabinet de Sa Majesté vers l’époque de la convocation des États généraux, et où les principaux ministres assistèrent, je me souviens d’avoir été conduit, par le mouvement de la discussion, à dire devant le roi qu’aussi longtemps qu’un esprit sage, un caractère honnête, une âme élevée pourraient influer sur l’opinion, je serais peut-être un ministre aussi propre à servir l’État que personne ; mais que, si jamais le cours des événements exigeait un Mazarin ou un Richelieu, ce furent mes propres expressions, dès ce moment-là je ne conviendrais plus aux affaires publiques. […] Le premier mouvement de son âme humaine fut pour réclamer la cessation des violences, le pardon et l’amnistie de ceux qu’on poursuivait et qu’on assassinait déjà comme ennemis de la nation. […] Mais ce mouvement d’humilité dans la solitude ne tenait pas en présence des hommes ; le naturel revenait vite, et il n’y avait plus rien de la modestie, ni même de ce que le bon sens conseille jusque dans l’expression de la fierté.

481. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

La plante tend à végéter : donc la végétation est un bien pour elle, Cet animal aspire à se mouvoir : donc pour lui le mouvement est un bien. […] De même que, dans une grande machine composée de mille rouages, nous savons que chaque rouage accomplit un certain mouvement, et nous croyons que ce mouvement contribue pour sa part au mouvement de la machine entière ; de même dans ce vaste univers, peuplé de tant d’êtres différents, non-seulement nous croyons que chacun de ces êtres agit selon sa nature, mais encore que son action importe à celle de l’ensemble.

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