C’est une vérité qui n’est point la nature ; Un art qui n’est point l’art, de grands mots sans enflure ; C’est la mélancolie et la mysticité ; C’est l’affectation de la naïveté, C’est un monde idéal qu’on voit dans les nuages : Tout, jusqu’au sentiment, n’y parle qu’en images. […] Tout est beau, tout est grand ; tous ses mots sont sublimes ! […] Je veux du clair-obscur, du nébuleux limpide, De ces mots qu’à Ronsard inspirait Apollon. […] Je ne veux point ici blesser la modestie Des prosateurs fameux qu’admire ma patrie ; Mais je loûrai leur style et leurs descriptions, La grâce et la clarté de leurs inversions, Le fracas de leurs mots, et ces phrases sublimes, Qui, pour être des vers, n’ont besoin que de rimes.
Nous en étions, et, après d’autres sur qui nous n’aurons que cet avantage, nous essayerons d’en dire quelque mot. […] Sauf quelques mots, quelques écarts dus à la tourmente des temps et aux engagements de parti, on le voit constamment viser à une conciliation entre la liberté moderne et la légitimité royale. […] L’effet est souvent heureux, de ces mots gaulois rajeunis, mêlés à de fraîches importations latines, et encadrés dans des lignes d’une pureté grecque, au tour grandiose, mais correct et défini. […] On a pu remarquer parfois dans les pages graves de M. de Chateaubriand quelques mots aigus qui font mine de sortir du ton, et qu’un goût scrupuleux voudrait rabattre. Ces mots ne sont le plus souvent que de l’esprit, de la verve comique et mordante, mais qui ne se présente pas en ces endroits à l’état direct et simple.
Catulle Mendès lui-même a su rendre visibles, par la magie des mots, dans son beau poème d’Hespérus. […] Catulle Mendès est un artiste merveilleux ; il possède la science du mot élevé et juste et sait toujours maintenir son inspiration à la hauteur où il la place ; il a trouvé, surtout dans les Poèmes épiques, des vers superbes et qui s’imposent à la mémoire, de ces vers qui semblent écrits dans le texte en caractères plus gros, tellement l’œil s’arrête sur eux, attiré par la forme des mots, leur arrangement, tout ce qui fait le dessin d’un beau vers avant que la musique en soit intelligible. […] Elle se résume en un mot et un fait, lesquels n’ont besoin d’être expliqués, parce qu’ils portent en eux une évidence et une certitude. […] Dans les premières œuvres, mettons hors de pair Pierre le Véridique ; avec sa langue contournée, précieuse, sa surcharge presque d’expressions d’atmosphère et de mots chronologiques, il reste la meilleure évocation que nous ayons de l’ancienne civilisation de langue d’oc, avant l’invasion du Nord. […] Cent fois digne du grand artiste qui l’emplit non seulement de sa verve charmante, mais encore de son radieux, de son lumineux bon sens, il m’apparaît comme une des expressions les plus définitives de son génie et de sa noblesse, car il n’en est pas une page, il n’en est pas une ligne, un mot, qui ne hurle, ne chante, ne proclame le triomphe et la gloire des Lettres !
Mais exécuter, c’est le mot, le « Waldweben », sans décor, sans mimique, montre une véritable inintelligence de l’art wagnérien. […] a ces mots, qui sonnaient étrangement dans le pays de Bach et de Beethoven, d’Haydn et de Mozart, de Weber et de Schumann, l’auditoire resta interloqué. » Il n’y a pas que l’auditoire qui soit resté interloqué. […] Il faut aussi s’entendre sur ce mot de » Wagnérien ». […] Nous sommes au contraire quelques-uns qui pensons que, si Wagner a jugé à propos d’excuser en quelque sorte auprès de ses auditeurs de la première heure son mot : « Vous avez un art ! […] Il est évident que Wagner a réalisé ce rêve d’une œuvre typiquement allemande, qui se démarque des codes de l’opéra italien, et c’est plutôt en ce sens qu’il faut comprendre ces mots.
L’Empereur s’approche, interroge ; l’Impératrice lui montre le mot tétonnières appliqué aux femmes du Directoire. […] Et après des gros mots des uns et des autres contre l’Église, il arrive que quelqu’un cite cette parole de Montrond, le viveur, l’ami de Talleyrand, auquel un prêtre demandait à son lit de mort, s’il avait blasphémé l’Église : « Monsieur le curé, j’ai toujours vécu dans la bonne compagnie ! […] Il n’a plus qu’un lit, un fauteuil et sa malle. » * * * — On nous conte, en tournant dans cet insipide manège de Mabille, un beau mot de fille. […] Ces âmes d’hommes de lettres-là font tache dans ce libre xviiie siècle par la bassesse sourde du caractère, sous la hauteur des mots et l’orgueil des idées. […] en le lisant, il me semble lire le grand-père de Henri Heine : des mots du grec reviennent dans l’allemand, et tous deux ont vu aux femmes des yeux de violettes.
» Il me regarda de l’air étonné d’un homme, qui voit percer le secret de sa pensée, et me répondit, en appuyant sur chaque mot : « Je sens que je ne pourrai plus jamais travailler… plus jamais ! […] » Et tout le long du chemin, c’était un réveil de son plus fin et de son plus caustique esprit, à l’encontre des bandes de bourgeois que nous traversions : « Mais tu ne dis rien, me jeta-t-il, après un mot charmant sur un couple de vieilles amours, ça te fait de la peine de me voir comme ça, hein ? […] Il lit le cardinal Pa (cca), puis plus rien, impossible de finir le mot. […] En chemin, il ne put me cacher la surprise qu’il éprouvait de le trouver si bien, d’après tout ce que lui faisaient craindre les lettres de sa mère, et confiants dans cette heure de résurrection, nous avons eu dans la bouche les mots de convalescence, de guérison. […] Une respiration ronflante comme une basse, coupée d’une plainte, continue et râlante qui vous déchire… Du milieu de cette plainte jaillissent des mots, des phrases qu’on ne peut saisir, et parmi lesquels il me semble entendre : « Maman, maman, à moi, maman !