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682. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Quelque temps après sa mort, dans toute l’Italie, vous voyez croître l’indépendance locale. […] quand je serai en présence de la mort, venez tous auprès de moi, accordez-moi vos regrets et vos encouragements ; hélas ! […] Saint Germain, évêque de Paris au huitième siècle, étant mort, des miracles se firent sur son tombeau. […] Thibaut, comte de Champagne, qui devait la commander, était mort prématurément. […] Bientôt Joinville apprit avec douleur sa mort.

683. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Bien supérieur à Horace, qui jetait son bouclier pour mieux fuir la mort des héros, et qui se vantait de sa lâcheté pour mieux flatter Auguste, le poète allemand bravait pendant deux mois la mort pour son prince, et ne s’en vantait pas ; il était héros comme il était poète, sans mérite et sans effort. […] Ce fils en naquit ; la mort l’enleva dans son berceau. […] Ce fut une de ses dernières œuvres ; il n’avait que quarante-sept ans, et il se laissait déjà atteindre par la mort. […] Quelque temps avant sa propre mort, Bettina publia elle-même cette correspondance amoureuse entre la jeune fille et le vieillard. […] Ses lèvres tremblaient ; elle était roide et pâle comme la mort, et ne pouvait élever la voix ; elle me dit tout bas : “Bettina, ne me brise pas le cœur !

684. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Il se met en route pour la Mort. […] Après sa mort, on vient voir son cadavre ; de son vivant, on avait vu son fantôme. […] non, c’est parce qu’il a senti la mort. […] La mort est à table. […] La vie va et vient dans la mort.

685. (1926) L’esprit contre la raison

De son temps, sans doute n’était-il pas encore de mode de parler d’acte gratuit, mais son exemple déjà nous vaut de savoir que, pour qui veut s’affirmer, rien ne saurait distraire sa pensée de la mort, des sentiments ou des gestes qui la donnent. […] Valéry vient de montrer en quoi la guerre de 1914-1918 est le symptôme d’une crise de l’esprit, qu’elle aggrave considérablement. « Personne ne peut dire ce qui demain sera mort ou vivant en littérature, en philosophie, en esthétique. […] Ainsi le dualisme chrétien et philosophique prétend sauver l’âme de la mort totale, quand, aux yeux de l’auteur, dévalorisant le corps, mais incapable de renoncer aux bénéfices terrestres, il étouffe l’esprit. […] Maurice Barrès est élu député de Paris (1er arrondissement — circonscription des Halles) le 6 mai 1906 au 1er tour de scrutin et sera réélu député jusqu’à sa mort. […] Les « pourritures avantageuses », formule saisissante, retrouve le lexique de la décomposition lié plus haut à la Camargue barrésienne: tout l’essai file ainsi l’idée d’une Raison du côté de la mort et, pire, d’une mort lucrative.

686. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Molière, jusqu’à sa mort, fut en progrès continuel dans la poésie du comique. […] Je lis dans Cizeron-Rival le trait suivant, qui éclaire et précise le passage de l’Art poétique : « Deux mois avant la mort de Molière, M.  […] On voit, après sa mort, De Visé, dans une lettre à Grimarest, contester le monsieur à Molière ; et à son convoi, une femme du peuple à qui l’on demandait quel était ce mort qu’on enterrait : « Eh ! […] Deux mois avant sa mort, il reçut cette visite de Boileau dont nous avons parlé. […] A peine mort, de toutes parts on apprécia Molière.

687. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Je vais en faire fondre une seconde épreuve, par laquelle je remplacerai le Louis XV de mon balcon, et signerai de son effigie dans l’avenir, la maison où il est mort. […] C’est curieux tout de même, cette maison de Gabrielle d’Estrées, devenue cet immonde garni, et où la chambre même de la maîtresse de Henri IV serait devenue la chambre des morts : la chambre où l’on superpose plusieurs couches d’ivrognes ivres-morts, les uns sur les autres, jusqu’à l’heure où on les balaye au ruisseau de la rue. […] La mise à mort du malade, ce n’est donc pas seulement chez les poules, c’est chez tous les animaux, et encore chez le sauvage, et un peu chez le paysan. […] Comme on lui reproche de ne pas assez travailler, il nous dit qu’il est le jumeau d’un frère mort, et qu’il se sent seulement une moitié de vie, et qu’il lui faut un effort énorme pour s’entraîner. […] J’y allai, me retournant à la moitié des marches, pour jeter d’en haut un coup d’œil sur la salle d’en bas, où toutes les figurations de vivants sont représentées par l’art de ce temps, déjà dans la raideur et l’ankylose de la mort, de cette mort aimée, choyée, parée, momifiée, sauvée si élégamment de la pourriture et du ver, — et que dans cette salle, surmontent à droite et à gauche, dans leur étrangeté mystérieuse, les têtes de ces grandes déesses léontocéphales.

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