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464. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

» On voit que tout repose, dans cette philosophie, sur les doctrines du Phédon, qui supposent l’âme créée par Dieu, avec des idées innées et fatales qui forment sa conscience, sa nature comme sa morale, doctrines que nous croyons aussi vraies que celles qui attribuent à la matière ou au corps des instincts ou des lois absolues qui font sa nature, et au-dessus de toute discussion. […] On voit tout de suite ce que devient la liberté matérielle, morale et politique de l’individu. […] Cet instinct d’amour, qui se satisfait d’abord providentiellement pour l’enfant par le soulagement que la mère éprouve à donner son lait, devient ensuite une habitude de tendresse maternelle qui transforme l’attrait physique en sollicitude morale, et qui attache la mère à l’enfant et l’enfant à la mère, comme la branche au bourgeon, comme le fruit à la tige. […] Que dire enfin de l’immolation légale des enfants moins bien conformés que les autres, afin de purifier l’espèce physique en dépravant l’espèce morale ? […] C’est là ce que le philosophe, dans son préambule du livre des Lois de Platon, appelle une politique qui n’est point séparée de la morale !

465. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

XVI Il touchait à sa soixantième année ; sa santé toujours souffrante, quoique pleine de cette éternelle séve d’esprit qui est la vie sous la forme de l’activité morale, lui faisait un besoin de la solitude. […] Mais à peine avait-il écrit ces lignes impies qu’il rougissait de les avoir écrites et qu’il s’en vengeait en écrivant d’une main plus ferme les pages les plus solides de pensée et les plus magnifiques d’expression sur l’existence de Dieu dans ses œuvres, sur la conscience, ce code vivant de la morale une et éternelle, sur la moralité ou sur l’immoralité des actes humains, moralité ou immoralité qui suppose une peine ou une rémunération finale, et par conséquent une immortalité. […] Qu’on lise cette page sur l’essence du mot religion, mot impliquant à la fois la croyance et la morale : « Cette nuit je méditais ; j’étais absorbé dans la contemplation de la nature, j’admirais l’immensité, le cours, les rapports de ces globes lumineux infinis, que le vulgaire ne sait pas admirer. […] La lumière est uniforme pour l’astre de Sirius et pour nous ; la morale, qui est la lumière de l’âme, doit être uniforme aussi : si un être animé, sentant et pensant dans l’étoile Sirius, est né d’un père et d’une mère tendres qui aient été occupés de son bonheur, il leur doit autant d’amour et de soins que nous en devons ici à nos parents. […] En morale elle n’en engendre pas moins : car, si Dieu ne contemple, ne juge, ne rémunère que l’espèce humaine dans son universalité, que devient la moralité de l’âme individuelle, de chacune des myriades d’âmes dont cette universalité humaine est composée ?

466. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Or on ne saurait comparer l’éducation morale et l’éducation du goût. […] Brunetière, à une question de morale, tout examen d’un livre revient pour M.  […] Ici notre critique historique, morale, philosophique, devient une critique scolastique. […] Défiance qui prend une insidieuse figure morale et qui est une tentation du diable. […] Nous ne sommes pas juges de sa qualité morale : le juge c’est notre conscience morale.

467. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

C’est le lieu par excellence des « retraites », celui où se nourrissent le mieux les rêves : rêves d’art, rêves de volupté, rêves de perfection morale. […] Schérer était, si vous y tenez, plus intelligent que Veuillot : il s’en faut que sa personne intellectuelle, morale, littéraire, soit aussi intéressante. […] Pensait-il que l’Église est aujourd’hui encore une si grande puissance morale que lui assurer toute la liberté c’est presque lui assurer la domination ? […] Il ne doute point que le moyen âge n’ait connu la fraternité divine dans l’inégalité apparente des conditions et n’ait presque réalisé l’unité morale nécessaire au bonheur universel. […] Et j’aime les saints, les prêtres, les religieuses — non par une affectation de « largeur d’esprit » ou par une espèce de niaise et suffisante coquetterie morale.

468. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Aussi y a-t-il plus d’une religion, plus d’une morale, plus d’une politique, et aussi plus d’une esthétique. […] Les deux formes essentielles de l’esthétique, comme de la morale, sont l’idéalisme et le naturalisme. […] Et de là dérive sa moralité vraie, profonde, définitive, qui n’est d’ailleurs pas la même que celle d’un traité de morale ou d’un catéchisme. […] Le paysage n’est pas pour lui un simple groupement des sensations ; il leur donne une teinte morale, de manière à ce qu’un sentiment général s’en dégage. […] Voir notre Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction.

469. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

La matière traitée dans cette correspondance, est trèsétendue : c’est presque un cours de morale complet ; je vais le suivre. […] … » Comme la morale et la philosophie. […] Sénèque corrupteur de Julie, estimé par Saint-Évremond, n’en resterait pas moins exposé à la censure des hommes qui ont un peu de morale. […] Il ne serait pas difficile de concilier ces deux écoles sur la morale. […] Le sujet était compliqué : il s’agissait de philosophie, d’histoire, de morale et de goût.

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