On y trouve de l’ennui délirant, du socialisme, de l’exotisme, de curieux essais de domination sur le moral par le choix des états physiques ou l’emploi des stimulants et des liqueurs, d’originales déterminations de la valeur symbolique des diverses sensations et comme une esquisse d’un symbolisme des couleurs et des parfums. […] Tout le détail sensible du roman, descriptions et actions, traduit et mesure la qualité, l’énergie du principe moral intérieur. […] On peut dire que sa plus profonde psychologie est dans ses descriptions d’intérieur, lorsqu’il nous décrit l’imprimerie du père Séchard, la maison du bonhomme Grandet, la maison du Chat qui pelote, un appartement de curé ou de vieille fille, les tentures somptueuses ou fanées d’un salon ; c’est sa méthode, à lui, d’analyser les habitudes morales des gens qui ont façonné l’aspect des lieux. […] Il était collectionneur, amateur de bibelots et de curiosités, et bien qu’il ait un peu trop complaisamment donné dans l’étalage du bric-à-brac, il assortit en général très finement les mobiliers à la condition et au moral des personnages. […] Il n’y a guère dans la littérature de personnages plus complets et plus vivants que Colomba, que Carmen : nous les voyons pleinement, dans toutes leurs particularités morales et physiques ; et leur individualité singulière n’en fait pas des êtres d’exception : nous en sentons la solide humanité, revêtue d’une forme unique.
Par cela seul que nous existons, notre volonté est déjà orientée, notre choix est fait, il n’y a plus qu’à en tirer les conséquences logiques, qui se trouvent ici des conséquences morales. […] Sans cela il ne s’agira plus de « devoir », de « conscience » et de « révolte du sens moral ». […] Au point de vue moral tout change. […] Sans doute de nombreux facteurs ont contribué à former les croyances morales, sans doute on peut les considérer sous bien des aspects différents et les rattacher à bien des causes diverses. […] L’influence de l’esprit social est par trop évidente pour que j’insiste, dans toutes les morales qui se fondent sur la sociologie ou qui disparaissent en elle, qui pensent trouver en elle leur forme achevée et parfaite.
Je ne fais pas ici une de ces objections banales, tant de fois répétées depuis Montaigne et Bayle, et où l’on cherche à établir par quelques divergences ou quelques équivoques que certains peuples ont manqué du sens moral. Je reconnais que le sens moral ou ses équivalents sont de l’essence de l’humanité ; mais je maintiens que c’est parler inexactement que d’appliquer la même dénomination à des faits si divers. […] Les règles générales ne sont que des expédients mesquins pour suppléer à l’absence du grand sens moral, qui suffit à lui seul pour révéler en toute occasion à l’homme ce qui est le plus beau. […] C’est la masse qui crée ; car la masse possède éminemment, et avec un degré de spontanéité mille fois supérieur, les instincts moraux de la nature humaine. […] D’élégantes et fines causeries morales, jamais des œuvres majestueuses et scientifiques.
Les Chevaliers du Cygne, conte historique et moral, de Mme de Genlis, en trois volumes de 400 pages chacun (1796). […] On y venge sa politique, sa morale, sa littérature, sa réputation, son talent, son sexe. » La Nouvelle Héloïse, un modèle copié par tous, fourmille de dissertations morales, de traités politiques, de controverses religieuses, de questions littéraires et autres. […] Dumas appelle le capital de la jeune fille. — Les théories ont parfois de curieuses vicissitudes : un pasteur écossais, Malthus, invente une prétendue loi de population et aussitôt des sociétés de bourgeois honnêtes et modérés se fondent pour propager dans le peuple anglais l’art de ne pas procréer des enfants ; elles échouent ; en France, on assourdit le public de déclamations morales contre le malthusianisme et on le pratique au point d’inquiéter les statisticiens. […] Ces détails prosaïques qui déparent mais qui expliquent le poétique et mélancolique René, sont puisés dans l’Essai historique, politique et moral sur les révolutions, etc., écrit à Londres et imprimé en 1797. […] Raison, folie, chacun son mot : petit conte moral à la portée des vieux enfants, par P.
Dans un fragment d’instruction adressée par elle aux maîtresses de iNoisy, on distingue déjà tout l’esprit moral et chrétien qui sera celui de Saint-Cyr : Qu’on leur fasse entendre ce qu’on leur dit et ce qu’on leur lit. […] Aujourd’hui, avec le nouvel état du monde, dans une société plus également morale en son milieu, nous qui ne sommes pas près de Versailles (dans le sens où l’était Saint-Cyr), il nous semble qu’il est quelquefois permis de se récréer d’un chant, d’une fleur, d’une joie d’imagination, mêlée aux choses du cœur, dans une éducation même de l’ordre le plus moral. […] Je prends au hasard deux pièces qui nous feront tout aussitôt pénétrer dans ce monde moral plus ému qui existe, il faut bien le reconnaître, et dont il ne servirait à rien de s’interdire et de se fermer rigoureusement l’aspect, depuis que Rousseau, Goethe, Chateaubriand, Byron et Lamartine sont venus.
Pour nous, si nous nous risquons à en parler, c’est que nous ne nous guérirons jamais de cette vieille habitude d’aller à ce qui est vivant, de nous arrêter à chaque vaillant début d’un talent neuf et vigoureux, et de lui payer publiquement ce premier et bien légitime hommage, — l’attention, — dussions-nous mêler aux éloges quelques remarques critiques et quelques observations morales. […] Elle naît en lui à une certaine heure, devient l’idée fixe, châtiment ou revanche, — une folie, une frénésie avec de courtes intermittences, et chaque fois elle reprend avec plus de violence et de fièvre, jusqu’à ce que tout l’être moral et physique y périsse anéanti et consumé. […] Après avoir raconté qu’il a vu mourir sous ses yeux une vieille amie, une femme âgée et d’un esprit supérieur, avec qui il avait souvent épuisé, en conversant, toutes les réflexions morales et anticipé l’expérience de la vie : Cet événement, continue Adolphe, m’avait rempli d’un sentiment d’incertitude sur la destinée, et d’une rêverie vague qui ne m’abandonnait pas… Je trouvais qu’aucun but ne valait la peine d’aucun effort.