Il est fâcheux que sa correspondance, publiée après sa mort, ait montré sous le sage un homme trop ami de son repos, sous le philosophe qui proteste de son respect pour le christianisme, l’incrédule qui fait assaut de plaisanteries antichrétiennes avec Voltaire et Frédéric II, et qui, pour comble de disgrâce, y est l’instigateur de Voltaire122. […] Ce que Diderot avait cru jeter aux vents est venu, dans ces dernières années, par un retour des choses, témoigner en faveur de l’homme contre ses écrits publics, et montrer, ce qui n’est pas le seul exemple au dix-huitième siècle, un auteur qui vaut mieux que ses ouvrages. […] Il ne consentait pas à reconnaître dans ses œuvres un plus bel endroit, et il ne souffrait pas qu’on le lui montrât. […] C’est vers ce temps-là qu’étant allé faire visite à M. de Chateaubriand, il me montra, tout humide encore des dernières corrections, une page qu’il venait d’achever, voulant, disait-il, me rendre témoin de ce qu’il se donnait de peine pour plaire aux plus difficiles.
Ce groupe des déplacements, nous l’avons vu, est apparenté à l’espace et on pourrait en déduire l’espace, mais il n’est pas équivalent à l’espace puisqu’il n’a pas le même nombre de dimensions ; et quand nous aurons montré comment la notion de ce continu peut se former et comment on peut en déduire celle de l’espace, on pourrait toujours se demander pourquoi l’espace à trois dimensions nous est beaucoup plus familier que ce continu à six dimensions, et douter par conséquent que ce soit par ce détour, que s’est formée dans l’esprit humain la notion d’espace. […] Comment le sais-je, c’est parce que des expériences antérieures multiples m’ont souvent montré que si je faisais successivement les deux séries de mouvements correspondant à S et à S′, les impressions primitives se rétablissaient, c’est-à-dire que les deux séries se compensaient mutuellement. […] Ils nous ont montré en effet que les mêmes mouvements, correspondant aux mêmes sensations musculaires, nous font passer de la première à la deuxième, ou de la troisième à la quatrième. […] De nombreuses expériences ont suffisamment montré que ces canaux sont nécessaires à notre sens d’orientation ; mais les physiologistes ne sont pas entièrement d’accord ; deux théories opposées ont été proposées, celle de Mach-Delage et celle de M. de Cyon.
Je choisis ce lieu commun du roman et du théâtre, la lutte de l’amour et du devoir conjugal dans un cœur féminin, et je vais tâcher de montrer comment les solutions différentes que donnent à ce conflit Corneille, Racine et Voltaire correspondent à l’état moral de la société où ils ont vécu112. […] Il s’est attaché à montrer que cette raison tant célébrée ne peut mener ni au bonheur ni à la vertu113. […] D’abord, par cela seul qu’elles déroulent une suite logique d’événements, un engrenage serré de causes et d’effets, elles donnent souvent de lumineuses leçons de choses ; elles montrent comment telle conduite engendre telle conséquence, et cela vaut un prêche. […] Des livres, qui se croyaient irréprochables, ont été condamnés par des moralistes austères, parce qu’ils excitaient à la volupté en la décrivant pour en montrer les périls.
Dès lors, si deux faits ou groupes de faits sont tels que l’expérience nous les ait montrés jusqu’ici (sans exception connue) dans un rapport de succession invariable et inconditionnelle, il en résulte que l’un des termes donne l’autre, auquel il est indissolublement lié ; que si nous tenons la cause, nous pouvons inférer l’effet ; que si nous connaissons l’effet, nous pouvons inférer la cause, et que le passage s’opère ainsi légitimement du connu à l’inconnu ; que, d’ailleurs, l’uniformité des causes supposant celle des effets et réciproquement, nous passons ainsi du particulier au général. […] Le partisan de la liberté dit : d’abord, j’ai pour moi le sentiment intime de mon libre arbitre ; ensuite mes projets, mes plans, les actes même les plus vulgaires de ma vie montrent que je ne suis pas esclave de la nécessité, que je n’agis pas comme un automate, mais que je participe à mes actions. […] VIII Quoique la psychologie nous occupe seule ici, il n’est pas hors de notre sujet de montrer en quelques mots les rapports de l’Associationisme avec les théories morales que Stuart Mill a exposées dans son petit livre On Ulititarianism. […] Le principe fondamental de l’école utilitaire, c’est que le seul critérium possible de la justice ou de l’injustice des actions consiste dans leurs conséquences calculables, c’est-à-dire dans leurs tendances : « Toujours depuis que l’homme est devenu un être social et moral, l’observation et le raisonnement ont montré constamment que certaines actions — par exemple, dire la vérité — tendent en général à augmenter le bonheur de l’humanité ; et que certaines actions contraires — par exemple, mentir, — tendent à porter atteinte au bonheur de l’humanité.
Je conviens que je me suis élevé contre les Philosophes, & que je n’ai négligé aucune occasion de relever leurs injustices, de fronder leurs fausses prétentions, de combattre leurs dogmes dangereux, de montrer, en un mot, toutes leurs erreurs littéraires & morales. […] Comme je ne me suis pas borné, dans mon Ouvrage, à combattre les dogmes dangereux de la Philosophie, & que j’ai montré le même zele contre les Auteurs médiocres ; ces derniers, ayant à venger leur amour-propre blessé de mes jugemens, m’ont calomnié à leur maniere. […] Cependant, par une fatalité des plus décourageantes, on a vu l’Ecrivain qui a montré le plus de zele pour les principes du goût, des mœurs & de la Religion, le plus de talent & de confiance à les défendre contre les attentats de la nouvelle Philosophie ; on l’a vu, dis-je, toute sa vie en proie aux persécutions & le martyr de sa fermeté. […] Depuis que ces hautes Intelligences s’appliquent à éclairer les hommes, elles ne leur montrent la vérité, qu’en leur faisant tirer des conséquences presque toujours aussi justes que celle que je viens d’indiquer.
Il a le pire des caractères qu’on puisse montrer au théâtre, celui qui consiste à n’en pas avoir. […] Les personnages y montrent déjà leurs caractères en action. […] Elle lui dévoile sa faute, comme elle lui montrerait une blessure, et Bernard s’agenouille devant cet aveu, avec un respect attendri. […] Nous avons vu bien des reconnaissances au théâtre, il nous en a rarement montré de plus pathétique et de plus poignante.