L’éditeur avait bien choisi son moment, le moment historique, pour remettre sous les yeux d’un public, devenu la postérité, le grand nom intellectuel de Joseph de Maistre, l’inoubliable nom de l’homme qui n’a pas fait seulement le livre du Pape, mais qui — autant, du moins, que l’influence des hommes peut faire quelque chose en ces décisions surnaturelles de l’Esprit-Saint, — pourrait bien avoir fait aussi le Concile du Vatican. […] C’est là une question qui, pour le moment, ne nous regarde pas.
L’opium et le haschich, — les préoccupations du moment, comme le magnétisme et le somnambulisme ; car nous sommes aussi bêtes que les siècles de l’alchimie et de l’astrologie judiciaire ! […] Un jour nous reparlerons mieux, du reste, de ces Fleurs du mal, dont Baudelaire refait en ce moment le bouquet en y ajoutant des fleurs plus saines. […] Quincey, lui, n’a pas la force cachée et comique qui éclate à chaque moment chez Baudelaire quand il nous raconte l’effet du haschisch.
Toutes les choses créées sont situées dans l’espace, et elles ont aussi leur moment dans le temps ; mais le temps est partout, et l’espace est aussi ancien que le temps. […] Il mettait de l’acharnement dans l’explication et dans la preuve ; il prenait le lecteur à partie et lui disait : Vous marchez devant moi ; je vous vois ici, et je me souviens que vous étiez là. — La durée qui s’est écoulée entre le moment où vous étiez là et celui où vous êtes ici, c’est ma mémoire qui me la donne, ma mémoire, dis-je, et non la vôtre qui n’est point à mon service. […] Le bon général est celui qui les laisse aller d’eux-mêmes, sans contrainte, vers le terme où leur nature les pousse, qui constate ce terme et ne le choisit pas, qui les regarde marcher, qui ne leur prescrit pas leur marche, et qui, au moment d’entrer dans l’examen de la perception extérieure, se parle ainsi : Je fais deux parts de moi-même : l’homme ordinaire, qui boit, qui mange, qui fait ses affaires, qui évite d’être nuisible, et qui tâche d’être utile.
Soucieux d’abord de dire son impression du moment, il se répète volontiers, variant par de faibles nuances les détails de la vie qu’il aime. […] Fénéon s’imagine qu’il y a, en ce moment, trop d’écrivains, quelle erreur ! […] Il y a des moments où don Juan rêve de mariage ; il y a des moments où le dilettante songe à s’enfermer dans la prison d’une idée forte. […] A partir donc du moment où il assuma cette charge, sa littérature a été tout en actes ; il n’a plus exercé qu’une imagination pratique, une critique à conséquences immédiates et certaines. […] Quand il a regardé un défilé de saules, de roseaux ou de peupliers, il ferme les yeux un bon moment et médite sur la signification des arbres, des arbustes et des herbes.
Il croit savoir de l’homme tout ce qu’on en peut connaître ; il estime que le temps est passé de descendre en soi-même : in sese descendere, comme disait Montaigne ; et qu’au contraire le moment est venu d’en sortir. […] « Quel moyen de contenir par les lois un homme qui croit être sûr que la plus grande peine que les magistrats lui pourront infliger, ne finira dans un moment que pour commencer son bonheur ? […] On pouvait rire un moment du libelle impuissant de l’avocat Moreau : Mémoire pour servir à l’histoire des Cacouacs, 1757, sans discerner d’ailleurs très nettement si l’on y riait de l’auteur ou de ceux qu’il attaquait. […] Et on constate enfin que s’il n’avait été jusqu’aux environs de 1760 qu’un homme de lettres entre beaucoup d’autres, — unus ex multis, — c’est à dater de ce moment qu’il est devenu l’homme de son siècle et de l’histoire. […] La meilleure édition de Marivaux, ou pour le moment la plus complète, car elle n’est pas d’ailleurs très bonne, est l’édition de 1781, en 12 volumes, Paris, chez la Vve Duchesne.
La pièce n’a point paru trop froide, quoiqu’elle le soit, malgré tout, un peu ; mais il y a encore de la passion dans cette élégie à trois personnages qui exprime si bien le premier moment du Louis XIV amoureux de la Mancini ou de la Vallière.