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1864. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Cette simplicité de mœurs semble ramener l’âge d’or. […] D’autre part, au xviie  siècle, la critique des mœurs, je veux dire l’œuvre des moralistes, tient une place analogue à la critique des livres au xixe  siècle. […] Vient un moment où la critique des mœurs, affaire des moralistes, veut, sur son terrain, tenter un effort créateur, un effort de synthèse, et produire, elle aussi, des « caractères ». C’est avec La Bruyère, et on sait quel est le titre de son livre : Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle.

1865. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

La Justice des Paysans est une étude, prise sur le vif, de ces Galiciens chez qui la Jacquerie est à l’état latent, et qui, défiants d’une justice étrangère à leurs mœurs, aiment mieux absoudre eux-mêmes ou condamner leurs coupables qu’attendre le verdict de juges de passage. En deux mots, voici le sujet de la Justice des Paysans : Dans un de ces villages à la fois russes, polonais et autrichiens par leurs mœurs, il est d’usage de se rendre justice par soi-même ; la commune punit elle-même ses criminels, au grand scandale des juges, de profession. […] Au contraire ; l’auteur a voulu, tout en nous initiant aux mœurs de la dernière classe des ouvriers de Paris, prêcher contre l’ivresse qui les décime chaque jour, et nous montrer des types réels, qui ne ressemblent en rien aux ouvriers de convention d’Eugène Sue. […] De la première, il a gardé un profond dévouement pour la famille de son barine, la deuxième en raffinant se mœurs a élargi sa conscience. […] En faisant la part des soulignés, des exagérations nécessaires à l’intérêt d’un roman, on trouvera dans le Nabab des études de mœurs qui, il faut oser le dire, rappellent sans imitation les belles pages de Balzac.

1866. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Le style des ouvrages est comme le caractère d’un homme ; ce caractère ne peut être étranger ni à ses opinions ni à ses sentiments ; il modifie tout son être2. » Joubert précise encore la question : « Si, sur toutes sortes de sujets, dit-il, nous voulions écrire aujourd’hui comme on écrivait du temps de Louis XIV, nous n’aurions point de vérité dans le style ; car nous n’avons plus les mêmes humeurs, les mêmes opinions, les mêmes mœurs… Le bon goût lui-même, en ce cas, permet qu’on s’écarte du meilleur goût, car le goût change avec les mœurs, même le bon goût3. » Certaines gens lisent pour passer le temps, et ne demandent qu’à être amusés. […] Si Homère, Théocrite, Virgile, Horace, n’avaient eu à lui apprendre la langue, la diction poétique, à l’initier à ce qu’il y a de plus difficile, de plus exquis, de plus délicat dans tous les arts, à la forme, peut-être ne leur eût-il donné qu’une attention d’érudit, sachant bien, lui, philosophe et moraliste, que sciences, mœurs, coutumes, tout a changé depuis l’antiquité, et que désormais la lyre ne doit prêter ses accords qu’à des pensers nouveaux. […] (Duclos, Considérations sur les mœurs, p. 199 et 107.)

1867. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Son premier poëme, le Village, qui accuse, en dépit, des Tityres et des Corydons, les mœurs grossières et la pauvreté hideuse d’une population voisine des côtes, ne nous montre guère le prêtre du lieu que comme trop affairé pour présider au convoi du pauvre, et remettant la prière funèbre jusqu’au prochain dimanche.

1868. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Désaugiers excelle à nous faire voir en raccourci, par le bout rapetissant de la lorgnette, les mœurs et le tableau d’un temps déjà si loin de nous.

1869. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

C’était l’habitude alors dans ces mœurs de grande compagnie : un mari vous donnait un nom définitif, une situation et une contenance convenable et commode ; il ne prétendait guère à rien de plus, et de lui, passé ce point, dans la vie de la femme célèbre, il n’était jamais fait mention.

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