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839. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

La vérité des relations et des intrigues de cour et de société sous l’Empire, sous la Restauration, sous Louis-Philippe, on la raconte, on en cause avec quelques-uns des demeurants et des bien informés, on ne l’a pas encore écrite ou du moins mise au jour. […] Plus jeune de dix années que cette sœur charmante, après sa première enfance passée dans son pays natal, le jeune Jacques fut amené à Paris et mis en pension chez M.  […] Nous avons à y mettre l’ordre et quelquefois le sens caché, en le lisant, et sans y parvenir toujours. […] En regardant Mme Récamier, je me souvenais de ces mots, que Mme Cottin a mis dans la bouche de Malvina : « Il n’a pas versé toutes ses larmes, lui !  […] Necker qu’il ose mettre en balance d’une manière incroyable avec Napoléon ?

840. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Mais ce fut surtout lorsqu’une école nouvelle s’éleva en littérature, lorsque certains esprits, bien peu nombreux d’abord, commencèrent de mettre en avant des théories inusitées et les appliquèrent dans des œuvres, ce fut alors qu’en haine des innovations on revint de toutes parts à Boileau comme à un ancêtre illustre et qu’on se rallia à son nom dans chaque mêlée. […] On le mit bientôt au collège, où il achevait sa quatrième, lorsqu’il fut attaqué de la pierre ; il fallut le tailler, et l’opération faite en apparence avec succès lui laissa cependant pour le reste de sa vie une très-grande incommodité. […] En sortant de philosophie, il fut mis au droit ; son père mort, il continua de demeurer chez son frère Jérôme qui avait hérité de la charge de greffier, se fit recevoir avocat, et bientôt, las de la chicane, il s’essaya à la théologie sans plus de goût ni de succès. […] Le drame mis à part, on peut considérer Malherbe et Boileau comme les auteurs officiels et en titre du mouvement poétique qui se produisit durant les deux derniers siècles, aux sommités et à la surface de la société française. […] Ailleurs Boileau dira : Inventez des ressorts qui puissent m’attacher, comme si l’on attachait avec des ressorts ; des ressorts poussent, mettent en jeu, mais n’attachent pas.

841. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

De là, tout en me séchant, je me mis à regarder le tableau que j’avais sous les yeux. […] Il avait reconnu là un procédé analogue au sien, et il s’était, mis à courir après. […] Le réveil ne fut que plus rude ; ce coup de collier en politique l’avait mis tout hors d’haleine ; l’artiste en lui sentait le besoin de respirer. […] On sait, dans l’antique églogue, le joli tableau de cet enfant qui est tout occupé à cueillir des brins de jonc et à les tresser ensemble, pour en façonner une cage à mettre des cigales. […] De nos jours, trop souvent aussi, pour avoir voulu sacrifier imprudemment aux Muses, on est mis à la gêne et l’on se voit pris comme dans le coffre ; mais on y reste brisé, et les abeilles ne viennent plus.

842. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Le campagnard croit de tout son cœur aux revenants, et, la nuit de la Toussaint, il met le couvert pour les morts. — En Auvergne, au commencement de la Révolution, une fièvre contagieuse s’étant déclarée, il est clair que M. de Montlosier, sorcier avéré, en est la cause, et deux cents hommes se mettent en marche pour démolir sa maison. […] Arthur Young, visitant des sources près de Clermont, est arrêté741 et l’on veut mettre en prison la femme qui lui a servi de guide ; plusieurs sont d’avis qu’il a été « chargé par la reine de faire miner la ville pour la faire sauter, puis d’envoyer aux galères tous les habitants qui en réchapperont ». […] Il y en a trop, on ne saurait où les mettre. […] « Ce sobriquet met en fureur cette espèce de milice, qui appesantit alors les coups de bourrade et qui blesse indistinctement tout ce qu’elle rencontre. Le petit peuple est toujours sur le point de lui faire la guerre, parce qu’il n’en a jamais été ménagé. » À la vérité, « une escouade du guet dissipe souvent sans peine des pelotons de cinq à six cents hommes qui paraissent d’abord fort échauffés, mais qui se fondent en un clin-d’œil dès que les soldats ont distribué quelques bourrades et gantelé deux ou trois mutins. » — Néanmoins, « si l’on abandonnait le peuple de Paris à son premier transport, s’il ne sentait plus derrière lui le guet à pied et à cheval, le commissaire et l’exempt, il ne mettrait aucune mesure dans son désordre.

843. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Barnave, rentré en janvier 1792 dans ses foyers, après la clôture de l’Assemblée constituante, mis en état d’arrestation en septembre de cette même année, détenu pendant plus d’un an avant de périr sur l’échafaud, profita de cet intervalle pour écrire des réflexions de tout genre sur les objets habituels qui l’occupaient. […] Sa mère, un jour, l’avait conduit au spectacle ; il n’y avait qu’une seule loge vacante, et elle s’y mit. […] J’en fus fortement ému, et je l’assurai que je sentais comme lui la nécessité de mettre un terme à de tels désordres. […] Il confesse que l’amour de la popularité fut longtemps son faible et son idole, et que, s’il dévia un moment de la droiture de sa ligne, ce fut pour la ressaisir quand il la vit près de s’échapper : Dès qu’un homme faible, a-t-il remarqué, sent échapper la popularité, il fait mille efforts pour la retenir, et, pour l’ordinaire, ce moment est celui où on manque le plus à son opinion, et où l’on peut se laisser entraîner aux plus folles et aux plus funestes extravagances. — Pour un homme de caractère, l’abus contraire serait plutôt à craindre, et, tout comme l’autre y eût mis de la lâcheté, il serait enclin à y mettre du dépit. […] Ils crurent très politique de se mettre sous l’abri d’un homme qui était connu pour l’ennemi de toute intrigue, et l’ami des bonnes mœurs et de la vertu.

844. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Après la mort du feu roi, elle cessa de mettre du rouge, ce qui augmenta la blancheur et la netteté de son teint… Le grand deuil seyait à la reine, et elle perdit à le quitter. […] Un jour elle conduisait le jeune roi au Parlement (septembre 1645) : Elle mit des pendants d’oreilles de gros diamants, mêlés avec des perles en poire fort grosses. […] À ces peintures un peu partiales, mais non point fausses, d’Anne d’Autriche, il faut pourtant mettre toujours et sous-entendre la petite voix aigre qu’elle avait dans sa colère, et dont Retz nous a si bien rendu l’accent. […] Le jour où le Parlement s’appuie de je ne sais quelle ordonnance de Louis XII pour demander « que nul ne puisse être mis en prison sans être renvoyé vingt-quatre heures après à ses juges naturels », elle ne peut s’empêcher de remarquer que cet article de garantie individuelle, comme nous dirions, « était agréable à toute la France. […] Elle rejoignit plus tard la reine et la quitta encore quelquefois, car cette personne distinguée n’était pas, elle nous le dit humblement, une amazone ni une héroïne ; elle avait peine à se mettre au-dessus des terreurs ou même des incommodités de son sexe.

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