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10. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

La Matière devient. […] La matière étant éternelle et illimitée est représentée virtuellement par le cercle, qui si grand qu’il s’élargisse, étant par le fait de cette matière illimité, s’élargira éternellement avec la fatalité de rester le même : la Matière se mouvant selon le cercle n’évoluerait pas, ne progresserait pas. […] la matière serait. […] d’un meilleur devenir la matière devient. […] à se savoir la matière devient.

11. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

La matière, pour nous, est un ensemble d’« images ». […] Cette conception de la matière est tout simplement celle du sens commun. […] Son tort fut de croire qu’il fallait pour cela transporter la matière à l’intérieur de l’esprit et en faire une pure idée. Sans doute, Descartes mettait la matière trop loin de nous quand il la confondait avec l’étendue géométrique. […] Notre premier chapitre définit cette manière de regarder la matière ; notre quatrième chapitre en tire les conséquences.

12. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Il fallait que la vie entrât ainsi dans les habitudes de la matière brute, pour entraîner peu à peu sur une autre voie cette matière magnétisée. […] Quelle est la propriété la plus générale de la matière brute ? […] Originellement, elle est adaptée à la forme de la matière brute. […] Géométrie et logique sont rigoureusement applicables à la matière. […] La vie, c’est-à-dire la conscience lancée à travers la matière, fixait son attention ou sur son propre mouvement, ou sur la matière qu’elle traversait.

13. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Si l’âme substance m’est entièrement inconnue, qui m’assure que cette substance n’est pas la matière ? […] Berkeley, qui niait la réalité de la matière, admettait expressément l’existence des esprits. […] La matière, dit Schelling, c’est de l’esprit éteint. La matière ne vit donc que par l’esprit ou pour l’esprit. L’esprit est la vérité de la matière.

14. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

En passant de la perception pure à la mémoire, nous quittions définitivement la matière pour l’esprit. […] C’est cette idée que nous n’avons cessé de combattre quand nous avons traité de la matière. Ou bien donc notre conception de la matière est fausse, ou le souvenir se distingue radicalement de la perception. […] Si le souvenir pur est déjà l’esprit, et si la perception pure serait encore quelque chose de la matière, nous devions, en nous plaçant au point de jonction entre la perception pure et le souvenir pur, projeter quelque lumière sur l’action réciproque de l’esprit et de la matière. […] L’esprit emprunte à la matière les perceptions d’où il tire sa nourriture, et les lui rend sous forme de mouvement, où il a imprimé sa liberté.

15. (1903) La pensée et le mouvant

Si l’intelligence est faite pour utiliser la matière, c’est sur la structure de la matière, sans doute, que s’est modelée celle de l’intelligence. […] Notre action s’exerce sur la matière, et elle est d’autant plus efficace que la connaissance de la matière a été poussée plus loin. […] Comment alors l’esprit tranchera-t-il sur la matière, si la matière est elle-même volonté ? […] Contentons-nous du réel, matière et esprit. […] Il lui faut une matière, et cette matière ne peut lui venir que des sens ou de la conscience.

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