Mais il manque à ce recueil ce qui fait le principal mérite des récits qui touchent au licencieux, je veux dire la grâce et la délicatesse qui en déguisent les traits les plus grossiers, et permettent de s’en amuser sans embarras. […] Le plus ordinairement Marguerite n’a que le talent d’écrire d’un esprit bien doué, préparé par beaucoup de culture, mais auquel le génie a manqué. […] La langue du meilleur poëte d’alors tâche vainement de s’élever jusqu’à la haute poésie : tout lui manque, tour, expression, noblesse. […] Sans doute l’esprit français a fait un progrès, mais on sent que la première éducation lui manque.
Bref, au milieu de tant de qualités rares qui décoraient la petite Bettina et qui en faisaient une merveille, il ne lui manquait que ce qu’on appellerait tout net le bon sens français, lequel n’est peut-être pas compatible avec tous ces autres dons. […] Aussi, quand cette folâtre est absente, quand elle court les bords du Rhin, comme cela lui arrive souvent, et qu’elle va faire l’école buissonnière à chaque vieille tour et à chaque rocher, elle manque bien à sa chère Mme la conseillère : Dépêche-toi de revenir à la maison, lui écrit celle-ci. […] Mais, à dater de ce jour, celle qui faisait leur principal lien leur manqua, et la liaison bientôt s’en ressentit. […] À la seconde rencontre qui eut lieu à Wartbourg, à quelques mois d’intervalle, comme la voix manquait à Bettina pour s’exprimer, Goethe lui posa la main sur la bouche et lui dit : « Parle des yeux, je comprends tout. » Et quand il s’aperçut que les yeux de la charmante enfant, de l’enfant brune et téméraire, étaient remplis de larmes, il les lui ferma, en ajoutant avec grande raison : « Du calme !
Ce qu’on appelait franchise en Suisse devenait égoïsme à Paris ; négligence des petites choses était ici manque aux bienséances ; en un mot, détonnant sans cesse et intimidée par mes bévues et par mon ignorance, ne trouvant jamais l’à-propos, et prévoyant que mes idées actuelles ne s’enchaîneraient jamais avec celles que j’étais obligée d’acquérir, j’ai enfoui mon petit capital pour ne le revoir jamais, et je me suis mise à travailler pour vivre et pour accumuler un peu si je puis. […] Mme Du Deffand, juge si sévère et si redoutable, et qui se lia plus tard avec les Necker, goûtait fort le mari et reconnaissait à la femme de l’esprit et du mérite ; elle disait de lui pourtant qu’au milieu de toutes ses qualités il lui en manquait une, et celle qui rend le plus agréable, « une certaine facilité qui donne, pour ainsi dire, de l’esprit à ceux avec qui l’on cause ; il n’aide point à développer ce que l’on pense, et l’on est plus bête avec lui qu’on ne l’est tout seul ou avec d’autres ». […] Tout en sentant d’abord ce qui lui manquait à Paris, elle en jugeait pourtant très bien le séjour en ce qu’il a bientôt d’indispensable pour ceux qui en ont une fois goûté : « Il est certain, écrit-elle, qu’on peut et qu’on doit être plus heureux ailleurs, mais il faut pour cela ne pas connaître un enchantement qui, sans faire le bonheur, empoisonne à jamais tous les autres genres de vie. » En écrivant ces paroles, elle était encore à demi sous le charme (1773). […] C’est toujours chez elle le même manque de tact pour l’association des idées et l’accord des nuances dans les comparaisons.
C’est en effet par le pur esprit chrétien, par ce souffle ardent et sincère, c’est du côté de la foi qu’ils manquent ; et ce défaut, même dans leur pompe et dans leur exactitude dernière, s’y fait encore sentir. […] Le mouvement par lequel l’orateur évoquait saint Louis du tombeau et l’en faisait sortir pour se justifier lui-même devant l’assemblée, ce mouvement, à le bien voir en situation, ne manquait certes ni de justesse ni d’éloquence. […] Ces sortes de ripostes, qui ne lui manquaient jamais, étaient souvent de pure belle humeur et tout simplement gaies, comme le jour où Mirabeau lui disant de la tribune, à propos de je ne sais quelle fausseté de raisonnement, qu’il allait l’enfermer dans un cercle vicieux : « Vous allez donc m’embrasser ? […] Quoi qu’il en soit, vus à distance, ces traits de présence d’esprit et de courage qui étaient soutenus d’une telle opiniâtreté de conduite au sein de l’Assemblée et d’une telle parade de résistance, l’éclat de certains discours où le bon sens et l’esprit de parti se combinaient dans une contexture spécieuse, l’ordre, l’ampleur, la marche imposante d’une parole exercée et toujours prête, tout cela avait conquis à l’abbé Maury, à la fin de l’Assemblée constituante, une réputation immense en Europe, et il ne manquait pas de souverains qui le considéraient à la fois comme un homme d’État et comme un homme de bien.
Il lui manque un peu de ce qu’il a tant blâmé chez les hommes de l’école opposée, l’imagination dans l’expression. […] On manqua l’occasion de l’engager. […] L’homme manque, dit-on, mais à qui la faute ? […] Je ne prétends point ici faire de la politique rétrospective : j’ignore ce qu’eût produit un tel baptême immédiat d’élections et ce qui en aurait rejailli sur l’institution de Juillet ; la grande habileté parut être, durant dix-huit ans, d’avoir évité cette épreuve périlleuse ; mais on ne saurait se dissimuler aujourd’hui que ce manque de consécration à l’origine a toujours pesé plus ou moins sur la dynastie déchue, et lui a ôté de son autorité morale.
Elle la gronde « d’avoir de la curiosité et de ne s’entretenir qu’avec de jeunes dames, de se laisser aller à des propos inconséquents, de manquer de goût pour les occupations solides »… Je le demande en conscience aux lecteurs sans passion politique, s’il existait pour la jolie femme la plus humainement parfaite du monde, de seize à vingt-cinq ans, un procès-verbal, jour par jour, de toutes les grogneries des vieux parents à propos de sa toilette, de son amour de la danse, de sa naturelle envie de s’amuser et de plaire, le dossier accusateur de cette jolie femme ne serait-il point aussi volumineux que celui de Marie-Antoinette ? […] [Addition de l’édition en trois volumes (1878)] Cette biographie des Maîtresses de Louis XV 43, écrite il y a bien des années, quand je me suis mis tout dernièrement à la relire et à la retravailler, m’a semblé manquer de certaines qualités historiques. […] Ce sont toutes ces choses et d’autres encore qui manquaient à ce livre, lors de sa première apparition, que j’ai tâché d’introduire dans cette nouvelle édition, m’appliquant à apporter dans la résurrection de mes personnages, la réalité cruelle que mon frère et moi avons essayé d’introduire dans le roman, m’appliquant à les dépouiller de cette couleur épique que l’Histoire a été jusqu’ici toujours disposée à leur attribuer, même aux époques les plus décadentes. […] Il ne leur manque que la preuve des lettres, la preuve autographe.