Lu une fois, Diderot mérite-t-il d’être relu ? […] … Mérite-t-il de faire partie de la bibliothèque d’un homme de goût, si ce n’est comme les livres que Joubert — un critique bien autrement exquis que Sainte-Beuve — mettait dans la sienne ? […] Eh bien, le talent de Diderot mérite-t-il cette illustration des « œuvres complètes », qui est comme la statue en pied des grands écrivains ? […] En ces dernières années, il est vrai, deux hommes, d’un mérite inégal, — l’un poète, mais un peu visionnaire, qui voyait des beautés là où il n’y en avait pas, et l’autre doué d’une sympathie naturelle pour toutes les platitudes, — Baudelaire et M. […] Villemain, sous la plume modérée duquel j’aime à le placer pour le tuer mieux que la mienne, puisque c’est une plume de libre pensée, Villemain ne reconnaît que deux mérites à cet homme, qui eut l’ambition de trente-six, et il fait main basse sur tout le reste.
Anacréon, Sapho, Catulle, perdroient tout leur mérite, si on en jugeoit par la maniere dont il a rendu leurs plus beaux morceaux.
On ne sauroit disconvenir qu’il ne mérite, à beaucoup d’égards, ce succès : il contient des critiques excellentes, des observations pleines de goût, mille traits d’un esprit piquant ; mais il faut avouer aussi qu’avec un style agréable, l’Auteur fatigue souvent son Lecteur, par une profusion & une monotonie de gentillesses qui ne s’accordent pas avec le ton convenable à un Journaliste.
Il s’en faut bien cependant que cette Piece lugubre, quoiqu’en vers, ait autant de mérite que la Piété filiale de M.
le Beau, qu’il faut juger du mérite de cet Ecrivain.
JACOB, [Louis] Carme, Bibliothécaire du Cardinal de Retz, né à Châlons-sur-Saone, en 1608, mort à Paris en 1670 ; un de ces Ecrivains laborieux, qui n’ont d’autre mérite que celui des recherches, & dont les Ouvrages ne laissent pas d’être quelquefois très-utiles.