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502. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

La plupart des auteurs se rangent à cette opinion, qui ferait loi dans la science positive, si, il y a quelques années, M.  […] Nous ne ferons d’ailleurs aucune difficulté pour admettre l’existence probable d’une loi de ce genre. […] Nous distinguerons plusieurs artifices différents dans l’opération par laquelle on passe, des expériences de Weber ou de toute autre série d’observations analogues, à une loi psychophysique comme celle de Fechner. […] Dans le cas particulier où l’on admet sans restriction de la loi de Weber ΔS/E=const., l’intégration donne S=C.log(E/Q), Q étant une constante. C’est la « loi logarithmique » de Fechner.

503. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

En insistant, avec raison, sur la spontanéité de la création artistique, il a nié aussi, à tort, certaines lois ou tendances générales auxquelles tous les hommes sont soumis. […] La vie est dans les individus, en eux seuls ; chaque individu est un cas particulier ; il ne saurait y avoir de « règle » identique pour deux individus ; mais toute création (combinaison) obéit à des lois générales. […] Il incombe à l’homme conscient de trouver sa loi et de s’y soumettre. […] la discussion a été féconde, et, après avoir bouleversé les « règles », les auteurs dramatiques ont retrouvé peu à peu les lois. […] Mais quand nous serons délivrés des règles strictes, si commodes, d’une religion qui a tout le prestige d’une tradition séculaire, l’ère nouvelle ne sera-t-elle pas longue à se refaire une tradition et à trouver ses lois ?

504. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

La loi de l’homme est d’apprendre, de raisonner sur ce qu’il apprend, et de savoir de plus en plus. […] Être égaux devant la loi, « également liés et également protégés par les lois », c’est tout ce qu’il faut et rien de plus. […] Mais en gros, la loi d’airain est exacte. […] = Un trou noir. » — « Loi ?  […] Voyez le discours de Lamartine sur le projet de loi de Régence (1842) après la mort du duc d’Orléans.

505. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Être utile aux hommes dans ce qui leur est le plus utile, voilà la loi que j’écoutai : une seule idée d’un philosophe, l’expression heureuse d’un sentiment avantageux a peut-être plus fait pour l’avancement de la raison et du bonheur des hommes que les travaux réunis de cent mille citoyens obscurs qui se sont vainement agités. […] La méprise de l’Assemblée constituante fut de suivre et de favoriser de toutes ses forces ce courant, comme s’il n’y avait rien eu à craindre au lendemain, comme si l’on n’avait eu qu’à appliquer en temps paisible les conséquences rigoureuses de la raison politique, et de ne pas voir le flot de la démocratie qui montait, qui s’élevait de toutes parts, et qui allait l’emporter elle-même avec sa Constitution et ses lois : tellement que pour que la partie salutaire et juste de ces lois pût s’appliquer en réalité et être sentie de tous, il fallut qu’auparavant on repassât par l’autorité d’un seul, c’est-à-dire par ce que la Constituante avait le plus méconnu. […] Roederer fut le rédacteur de plusieurs lois, de celle du timbre, de celle des patentes ; il fut le principal auteur de la contribution foncière et de sa combinaison avec la mobilière. […] Le magistrat qui fut dans la nécessité d’en prononcer journellement de tels dans le cours de ses fonctions dut s’en souvenir ensuite pour éviter le retour des conjonctures où cette continuelle subversion était la loi.

506. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

: On s’est moqué de son arrêt comme des défenses du roi, écrit Mallet ; car il faut toujours observer qu’en France ni la loi, ni le pouvoir qui en émane, ne sont respectés qu’autant qu’ils se font respecter par la crainte. […] Tous mes soins se portaient donc à présenter la vérité, mais sans la rendre effrayante ; de ce qui n’avait été qu’un tumulte, j’en faisais un tableau ; je cherchais et je saisissais, dans la confusion de ces bouleversements du sanctuaire des lois, les traits qui avaient un caractère et un intérêt pour l’imagination. […] Mallet n’était point ainsi : il appartenait à l’école historique et morale qui est exacte et sévère, et qui n’entre point dans ces compositions, dans ces mélanges où l’imagination et une fausse sensibilité, sous de beaux prétextes, se mettent au service des peurs, des lâchetés et des intérêts : Les contemporains et la postérité, disait-il en exposant ses principes et sa méthode de rédaction, doivent sans doute juger une Assemblée législative sur ses actes, et non sur ses discours : ils imitent en cela l’histoire et la loi, qui se borne à prononcer sur les actions des hommes. […] Dès l’abord, on voit que si Mallet est partisan des gouvernements mixtes et des monarchies tempérées ; que si, élevé et nourri dans sa petite république au sein des troubles populaires, il en a conclu que les gouvernements mixtes sont « les seuls compatibles avec la nature humaine, les seuls qui permettent la rectitude et la stabilité des lois, les seuls en particulier qui puissent s’allier avec la dégénération morale où les peuples modernes sont arrivés », on voit, dis-je, que si sa profession de foi est telle, ce n’est pas qu’il méconnaisse le principe puissant et la force transportante de la démocratie : bien au contraire, et c’est pour cela qu’il la redoute : il ne faut pas s’y méprendre écrit-il, de toutes les formes de gouvernement, la démocratie, chez un grand peuple, est celle qui électrise le plus fortement et généralise le plus vite les passions. Elle développe cet amour de la domination qui forme le second instinct de l’homme ; rendez-lui aujourd’hui l’indépendance, demain il l’aimera comme moyen d’autorité, et, une fois soustrait à la puissance des lois, son premier besoin sera de l’usurper.

507. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Alors, comme le souvenir est lui-même, par essence, une connaissance de ce genre, puisqu’il n’a plus d’objet, on ne peut trouver entre la perception et le souvenir qu’une différence de degré, la perception déplaçant le souvenir et constituant ainsi notre présent, simplement en vertu de la loi du plus fort. […] C’est dans cette partie éclairée de notre histoire que nous restons placés, en vertu de la loi fondamentale de la vie, qui est une loi d’action : de là la difficulté que nous éprouvons à concevoir des souvenirs qui se conserveraient dans l’ombre. […] De cette conception de la vie mentale inférieure peuvent se déduire les lois de l’association des idées. […] Et nous allons aussi du tout aux parties, par un travail de décomposition dont on verra plus loin la loi, et qui consiste à morceler, pour la plus grande commodité de la vie pratique, la continuité du réel. […] Mais chacun de nous sent bien que ces lois existent, et qu’il y a des rapports stables de ce genre.

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