Il semble qu’éditer un vieux livre déjà publié ou quelques bribes inédites insignifiantes soit aujourd’hui un titre plus digne d’estime que d’avoir du style et de la pensée. […] Un père me disait un jour, en voyant son fils pâlir dès l’âge de douze ans sur les vieux livres, non pour les lire et en tirer des pensées, mais pour en admirer les vignettes, les fermoirs, les reliures (et le fils est devenu depuis un bibliophile féroce) : « Au moins il a un noble goût. » Un galant marquis, âme ardente, qui avait connu toutes les passions, chasse, amour, cavalcades effrénées, et qui finissait par les livres, répondait à quelqu’un qui s’en étonnait : « Après tout, c’est encore moins ruineux que les femmes, les chevaux et les chiens. » Ainsi il peut être utile en même temps qu’il est honorable à un jeune homme de s’adonner aux curiosités des livres, et c’est rassurant pour les siens de le voir commencer par là ; mais alors pourquoi ne pas s’en tenir au simple goût d’amateur ? […] Pascal le premier fit non pas même un livre, mais un pamphlet, une suite de lettres qui fut dès le premier jour un événement, et qui devint au bout de l’année un monument. […] 91 » Cette pensée est l’âme du petit livre de La Rochefoucauld. […] Dans ce livre où, à propos des correspondants de Mme de Sablé, il a eu occasion de me rencontrer plus d’une fois, M. de Barthélémy s’est efforcé, autant qu’il l’a pu, de me chercher chicane pour des vétilles et de m’être désobligeant : c’était trop juste.
On s’est avisé d’imprimer et d’éditer le catalogue — et même plusieurs catalogues — des livres que Marie-Antoinette avait dans ses bibliothèques, soit à Versailles, soit au Petit-Trianon, livres qu’elle lisait ou qu’elle ne lisait pas, et l’on a raisonné là-dessus à perte de vue ; on a voulu tirer ou du moins insinuer des conséquences : frivolité, et plus que frivolité, galanterie, que sais-je ? […] La vérité est que Marie-Antoinette lisait peu, qu’elle devait en avoir très peu le temps, et que dans ses courts intervalles de loisir, si elle en avait, elle n’allait pas apparemment ouvrir des livres qui l’auraient ennuyée. […] Le sérieux lui viendra par les choses, non pas les livres. […] Louis Lacour, qui avait publié le catalogue des Livres du Boudoir de la reine, et M. […] On incriminait à ce titre les extraits de livres galants produits en manière d’échantillons dans le catalogue.
Le livre y gagnerait, à mon sens ; et les malveillants auraient moins beau jeu à l’accuser de puérilité et d’injustice. […] Et, si vous répondez que la colère l’emporte, je m’étonne donc qu’elle se possède si bien dans tout le reste du livre. […] Mais les livres de M. […] Cet artifice détonne étrangement dans des livres où le souci de la vérité est, partout ailleurs, si évident. […] Troisièmement : même absence de liaison apparente dans le style que dans les caractères et dans la composition du livre.
Il consiste à prendre un livre quelconque et à exécuter sur ce livre autant de variations qu’on en peut avoir dans l’esprit, comme un instrumentiste habile en exécute sur un thème qu’il n’a pas créé. […] et qui croyait avoir tout fini de son intéressante besogne, quand elle avait poinçonné et plombé un livre ; car voilà ce qu’ils étaient tous, les critiques d’alors : des poinçonneurs et des plombiers ! Avant que madame de Staël, comme fécondée par je ne sais quel mystérieux pollen littéraire, écrivît son livre De l’Allemagne, qui se doutait que la Critique, avec ses œillères, pût relever son front, laborieusement abaissé vers les œuvres dont elle avait à rendre compte, et regarder autour d’un livre, — au-dessus, — à côté, — pour mieux le comprendre et le voir ? […] Cette forme élargie et flottante de la Critique moderne, qui, à propos d’un ouvrage à serrer dans son étau, peut embrasser le monde tout entier, cette forme qui n’était plus le livre et qui n’était pas non plus l’article de journal, était née. […] Elle n’est point cette abeille… de l’Hymette, si vous le voulez, qui introduit délicatement sa trompe dans le cœur d’un livre à travers le dos de l’auteur et qui laisse dans la blessure assez de miel pour l’empoisonner.
Un tel Livre étoit nécessaire dans ce siécle, où le mérite des Poëtes Grecs étoit avili, ou ignoré. […] Il y a pourtant quelques taches dans ce Livre d’ailleurs excellent. […] Cette Muse avoit fait neuf Livres d’Odes. […] Nous n’avons de Pindare que les quatre Livres d’Odes que les Anciens ont appellé les Livres de la Période ; il y célébre les victoires remportées aux différens Jeux de la Grèce. […] Il nous en a donné les six premiers Livres en vers burlesques.
Nous ne saurions que nous féliciter, pour notre part, de cet amour intelligent que le public a témoigné à la vente même des livres de M. […] Parmi les joyaux destinés à faire briller ces enchères, et qui en formaient (pour ainsi dire) le bouquet, figurait, — les amateurs ne l’ont pas oublié, — un Vauquelin de la Fresnaie, ce livre, ce rare avis de la bibliophilie, sans lequel il n’y aurait pas de vraie vente à sensation, et dont on dit toujours, à chaque nouvel exemplaire qui en reparaît, qu’on n’en connaît que trois ou quatre au monde. […] « Il est probable qu’il est sorti de la bibliothèque du cardinal lors de la grande vente qui se fit par arrêt du Parlement et dont parle Gui Patin dans sa lettre du 30 janvier 1652. » Ce bijou de bibliothèque s’est vendu, à la dispersion des livres de M. […] (rel. anc.). — Le premier catalogue des livres de M.