Toutes les fois que je parle des modifications et des améliorations que l’on peut espérer dans la littérature française, je suppose toujours l’existence et la durée de la liberté et de l’égalité politique. […] Mon but est de chercher à connaître quelle serait l’influence qu’auraient sur les lumières et sur la littérature les institutions qu’exigent ces principes, et les mœurs que ces institutions amèneraient. […] Personne ne conteste que la littérature n’ait beaucoup perdu depuis que la terreur a moissonné, en France, les hommes, les caractères, les sentiments et les idées. […] J’ai tenté d’expliquer les contrastes singuliers de la littérature italienne, par les souvenirs de la liberté et les habitudes de la superstition ; la monarchie la plus aristocratique dans ses mœurs, et la constitution royale la plus républicaine dans ses habitudes, m’ont paru l’origine première des différences les plus frappantes entre la littérature anglaise et la littérature française. […] Si telles institutions politiques ont amené tels résultats en littérature, on doit pouvoir présager, par analogie, comment ce qui se ressemble ou ce qui diffère dans les causes modifierait les effets.
Il faut le répéter : la littérature est dangereuse. […] C’est certainement regrettable ; mais d’ici longtemps, la littérature, si « sociale » qu’elle se veuille, sera de la littérature personnelle. […] Je crois que la Littérature n’a rien à gagner à ces sortes de discussion. […] C’est le grand siècle de notre littérature. […] ce n’est pas nos nouveaux lycéens qu’on accusera d’être des « malades de littérature » !
Enfin en divers endroits (1er chap. de l’Histoire de la littérature anglaise, Essai sur La Fontaine), M. […] L’hérédité ne peut expliquer ni la littérature allemande dont les principaux représentants, Lessing, Gœthe, Heine, Freiligrath, etc., ont des facultés entièrement différentes de celles que l’on s’accorde à attribuer à leur race ; ni la littérature française qui est constamment, à partir du XVIe siècle, d’importation étrangère ou classique ; ni même entièrement la littérature anglaise dont elle ne peut motiver les manifestations récentes, l’esthéticisme et le préraphaélitisme. […] A l’heure présente, la musique, la peinture, la littérature en France comprennent les triomphateurs les plus divers. […] Cette formule est empruntée à Taine, aux dernières lignes de la préface à L’Histoire de la littérature anglaise (op. cit. […] XLVI) : « J’entreprends ici d’écrire l’histoire d’une littérature et d’y chercher la psychologie d’un peuple ».
La littérature et la vie politique La liaison de la politique et de la littérature n’est pas difficile à établir. […] La littérature classique a été frappée mortellement avec l’ancien régime. […] Notre littérature de la Révolution permet de les voir en pleine lumière. […] La littérature va se teindre de couleurs nouvelles. […] Les alliances, les guerres surtout réagissent sur la littérature.
Peut-être ne trouverait-on pas, du cours à son livre, l’auteur du Tableau de la littérature avant Corneille et Descartes aussi différent de lui-même qu’on l’aurait pensé tout d’abord. […] … une espèce de domino, très silencieux et très drapé, qui passe ici dans l’attrait voilé et singulier de son mystère, mais qui lève son loup quand il s’agit de littérature et nous montre alors ce qu’il est. […] C’est l’honneur de cet écrivain d’aimer l’autorité en littérature, et sur ce point il ne se dément jamais. […] Les littératures sont aussi ingrates que les peuples. […] Les qualités de l’auteur du Tableau de la littérature avant Corneille et Descartes sont viriles.
Mais ce qui me semble admirable est qu’on classe la littérature, sans hésitation, parmi les arts et métiers. […] L’étymologie du mot, littérature, confirme qu’il signifie, au juste, un moyen tout extérieur d’expression ou plutôt de publicité. […] Je ne prétends pas inclure dans les catégories précitées tout ce qu’on insère sous l’élastique avachi de la littérature. […] C’est ainsi que l’assemblage, dans le prétendu domaine commun de la littérature, d’objets artistiques, scientifiques, industriels, est fâcheux. […] La plupart entendent marcher à la suite des camarades arrivés ; ils feront de la littérature, et, ce faisant, croiront faire quelque chose.