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525. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

C’est peut-être qu’il y a plusieurs façons de lire et d’entendre M.  […] La préface, que j’ai lue, ensuite, m’a prouvé que j’avais bien vu. « J’ai voulu dans cet ouvrage, dit M.  […] Renan, c’est de lire d’une âme confiante ce qu’il écrit et de n’y point chercher plus de malice qu’il n’en a mis. […] Mais c’est nous qui manquons de respect ; pourquoi le sien ne serait-il pas sincère   Si telle pensée nous scandalise, prenons garde : c’est que nous ne lisons pas bien.

526. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Ce travailleur âpre et lent mérite d’ailleurs un salaire et je ne songe pas au ramasseur de mégots antiques sans me rappeler une anecdote lue, je crois, dans Quinte-Curce : On vanta à Alexandre un homme très habile : à une distance considérable, cet homme faisait passer par un trou minuscule une lentille. […] Ma bonne volonté est récompensée : je lis trois cents vers en jouissant de la richesse constante de la rime. […] Essayons de lire en nous préoccupant du sens. […] Sully-Prudhomme, lui, n’a rien pu dire, car il souffre du désaccord de son âme et de son esprit : de son âme lyrique et romantique dont les « vrais vers ne seront pas lus » ; de son esprit didactique, polytechnicien et parnassien qui traduit en pauvretés les inquiètes richesses profondes.

527. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Dans d’autres cas, le malade perd la faculté d’écrire et de lire avec celle de parler ; et cette impuissance d’écrire ne vient pas de la paralysie54. […] Trousseau, témoigne que l’on peut conserver la faculté d’écrire et perdre celle de lire. […] Trousseau, écrit devant lui : « Je suis bien heureux, monsieur, d’être venu vous voir » ; et il ne peut relire la phrase qu’il vient de tracer, ou du moins il ne peut lire que le dernier mot ou la dernière syllabe. […] Trousseau, en citant ce fait extraordinaire, ajoute avec raison : « Aucun psychologue n’aurait osé porter l’analyse jusqu’au point d’isoler la faculté d’écrire de celle de lire.

528. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Quand nous lûmes pour la première fois les livres de Daumas sur les Arabes, nous éprouvâmes quelque chose que nous n’avions plus senti depuis les poèmes de Lord Byron et la publication des chants grecs de Fauriel. […] Qui voudra connaître les derniers jours de la vie arabe lira Daumas, et qui pensera à ce noble peuple, à cette perle de peuple que nos mœurs occidentales vont dissoudre, pensera à ce qu’il en a raconté. […] Lus à la lumière des batteries de Sébastopol, les livres du général Daumas prennent soudainement un intérêt immense. […] Quand, par exemple, nous lisons sa Grande Kabylie, qui est l’histoire pied à pied de la plus rude de nos conquêtes, nous comprenons parfaitement les résultats que devait donner cette magnifique gymnastique en permanence pendant vingt-cinq ans, cette lutte acharnée contre un peuple qui avait, au plus haut degré, toutes les énergies de la résistance !

529. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Ernest Hello devrait toucher ; prétintaille de rhétorique plaquée au front du livre le plus contraire à la rhétorique, c’est-à-dire à toute convention dans les idées et dans le style… Le titre d’un livre doit engager à l’ouvrir, — comme le regard d’une femme inconnue doit donner l’envie de la connaître et de lire dans le cœur qui a ce regard… Tel n’est point le titre que M.  […] Mais Saint-Bonnet, qui vient de mourir et dont la mort a fait un trou dans le siècle, que personne, du reste, ne voit, ne se résigna pas comme Brucker, et ses Œuvres, malgré tout ce que j’en ai crié, sont à peine lues, même par les lettrés. […] Ni Saint Augustin, ni Saint Denys l’Aréopagite, ni Saint Chrysostôme, ni aucun des Pères de l’Église — qui furent les plus grands esprits de l’humanité — dont nous savons les noms, mais dont nous ne lisons plus les ouvrages, ne trouveraient maintenant une miette de gloire à ramasser pour leur génie, — ce génie qui fut consubstantiel à leur foi. […] Du coup, ce fou d’Hello, comme ils l’appellent peut-être, s’ils ont essayé de lire ses ouvrages, monterait de vingt-cinq crans dans leur estime.

530. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

… » Car ce qu’on a lu de la théorie historique de l’auteur dans son Introduction vous tinte dans le souvenir, mais c’est égal, on ne lâche rien parce que ce qu’on tient est suspect. […] Sans le souvenir de ce terrible buste, qui dit tout à qui peut lire dans la physionomie humaine, Suétone et Tacite disparaissaient dans l’atmosphère créée par Blaze de Bury, cet incantateur qui produit nos illusions avec les siennes, et l’on était emporté ! […] Aussi sera-t-il lu par tout le monde. […] L’historien des femmes sous Auguste sera lu par les femmes de ce temps sans Auguste.

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