M. de Régnier conserve l’attitude et la ligne arrêtée dans l’Espace ; il pratique aussi un art plus strictement objectif au regard de M. […] Nous avons vu que l’attitude est l’élément objectif des « lignes », que le geste en est l’élément subjectif. Mais l’analogie ne peut s’établir directement entre l’attitude et l’harmonie, car à la Ligne c’est le Rythme qui répond ; cependant certains caractères communs les rapprochent. […] Bien plus, le typographe qui dispose les lignes d’un titre ou d’une affiche s’y conforme jusqu’à un certain point, — quoique sans trop de délire poétique, on peut le supposer. […] Vielé-Griffin, ce qu’on ne dit pas assez — nous sommes à une ligne de faîte qui sépare deux versants, l’ancienne et la nouvelle manière du poète.
Il y a simplement le mouvement général de la vie, lequel crée, sur des lignes divergentes, des formes toujours nouvelles. […] En suivant les grandes lignes d’aussi près que possible, nous serons donc sûrs de ne pas nous égarer. […] Réciproquement, quand nous rencontrons sur une ligne d’évolution le souvenir, pour ainsi dire, de ce qui se développe le long des autres lignes, nous devons conclure que nous avons affaire aux éléments dissociés d’une même tendance originelle. […] L’évolution en général se ferait, autant que possible, en ligne droite ; chaque évolution spéciale est un processus circulaire. […] Nous pouvons cependant en démêler les grandes lignes.
Théodore de Banville Voyez comme les nobles lignes de ce visage primitif, auquel nos yeux rêvent les bandelettes sacrées, ressemblent à celles des plus purs bas-reliefs d’Égine ! La ligne du nez continue celle du front, comme aux âges heureux où les divinités marchaient sur la terre, car il a été donné au poète que ses filles fussent véritablement créées et modelées à l’image de sa pensée. […] La pièce de Mme Judith Gautier est imitée de plusieurs drames japonais, habilement fondus en une action unique… J’ai indiqué rapidement les lignes principales de cette œuvre saisissante, où l’églogue et l’élégie se mêlent à l’épopée.
Car les couleurs et les lignes, dans un tableau, ne sont pas la reproduction des couleurs et des lignes, tout autres, qui sont dans la réalité. […] Ils ont employé les couleurs et les lignes dans un pur agencement symphonique, insoucieux d’un sujet visuel à peindre directement. […] Mais leurs tableaux nous émeuvent par l’agencement des lumières et des lignes baignées dans ces lumières. […] Déjà il négligeait, dans le besoin d’une émotion à créer, les couleurs et les lignes réelles des objets. […] La sculpture, impuissante désormais à recréer la vie plastique, pouvait devenir l’art symphonique, comme au dernier siècle, des gracieuses lignes.
Le contour particulier du trait avec lequel chaque homme forme les vingt-quatre lettres de l’alphabet, les liaisons de ces caracteres, la figure des lignes, leur distance, la perseverance plus ou moins longue de celui qui a écrit à ne point précipiter, pour ainsidire, sa plume dans la chaleur du mouvement, comme font presque tous ceux qui écrivent, lesquels forment plus exactement les caracteres des premieres lignes que ceux des autres lignes, enfin la maniere dont il a tenu la plume, tout cela, dis-je, donne plus de prise pour faire le discernement des écritures que des coups de pinceau n’en peuvent donner.
La ligne pure du temps, où il n’y aurait que des états internes successifs, passant un par un comme par le trou d’une aiguille de dimension nulle, est une construction des mathématiciens et des métaphysiciens. […] Car, d’abord, nous ne concevons pas le présent, le passé et le futur comme coexistants, mais toujours comme successifs, et, si nous les rangeons selon une ligne imaginaire, nous ne confondons nullement cette ligne symbolique et spatiale avec la série successive du temps. […] Nous saisissons le rythme, le retour régulier des mêmes sons sans les aligner sur une ligne ; un prolongement de silence entre les sons se fait immédiatement sentir. […] Or, cette série est précisément la ligne du temps. […] Pour concevoir le temps mathématique, vous tracez une ligne par l’imagination ; vous passez du temps dans l’espace.