Elle en avait au nom de la liberté de conscience, fruit, chèrement payé, des querelles religieuses ; elle en avait au nom de la science économique, née des souffrances du commerce et de l’industrie dans les dernières années, et qui se plaignait avec le double crédit de critiques fondées et d’espérances sans limites. […] Dans ses deux années de séjour en Angleterre, il avait formé et laissé d’illustres amitiés ; il y avait joui en pleine liberté de tout ce qu’on lui disputait dans son pays. […] Il l’a faite dans le même temps qu’il défendait contre Frédéric, alors prince de Prusse, la liberté morale, et Dieu contre Sa Majesté le Hasard. […] C’est ce temps où le doute théologique est devenu l’incrédulité, le doute métaphysique la négation de l’âme, et, comme conséquence inévitable, la négation de la liberté morale. […] Dans son poème sur la Loi naturelle, Voltaire avait pris la défense du remords comme preuve de la liberté de l’homme.
Chevrier dans la Revue indépendante (nºs d’août 1884 et de février 1885) réclame la liberté de la chair comme corollaire de la liberté de conscience et propose que tout être humain soit maître souverain de son être et de son corps comme de sa pensée, que le goût de l’individu soit la seule loi de ses passions et décrète que la morale, définie règle des mœurs, est une atteinte à la liberté. […] L’Amour est un félin domestique en liberté : la contrainte le rend féroce. […] Vous m’invitez à mettre toutes voiles dehors, à me réaliser dans la plénitude de mes pires instincts, à me ruer envers et contre tous ; vous me jetez pour mot d’ordre : liberté entière et complète !
Si, par exemple, devenu tout-à-coup Philosophe, je m’avisois de dire : La liberté est un présent du Ciel, & chaque individu de la même espece a le droit d’en jouir aussi-tôt qu’il jouit de sa raison Encyclopédie, article Autorité. […] Nulle crise salutaire ne lui rendra la liberté ; c’est par la consomption qu’elle périra * De l’Hom. de ses facult. […] J’honore, en général, tous les Gens de Lettres ; j’ai respecté & je respecterai toujours leurs personnes : mais leurs Ouvrages sont au public ; & en critiquant ceux qui m’ont paru de mauvais goût, en blâmant ceux que j’ai trouvés répréhensibles, j’ai usé de la liberté que les Auteurs ont eux-mêmes donnée à tous leurs Lecteurs. […] Fréron, ces mêmes hommes qui prêchent la tolérance, ont eu plusieurs fois le crédit de faire arrêter ses Feuilles, d’obtenir des ordres contre la liberté, de le jouer en plein Théatre, en le couvrant du masque d’un bas scélérat, que l’Auteur du Drame savoit ne pas lui convenir, & dont peut-être lui seul connoissoit le modele. […] On peut en juger par ce passage horrible : Des milliers d’hommes dépouillés de tout par la dureté de leurs Maîtres, enhardis par le sentiment de la liberté, & encouragés par le vrai droit naturel, oseront enfin un jour réclamer hautement leurs droits.
Alors seulement, une fois le ponens caput expiravit crié par la voix sinistre de l’horloge, l’auteur respirait et retrouvait quelque liberté d’esprit. […] Et pendant quelques semaines, confiant et crédule, nous eûmes foi pour l’avenir à l’inviolabilité de la vie comme à l’inviolabilité de la liberté. […] Véfour chez qui vous dînez, déterrant çà et là une croûte de pain dans un tas d’ordures et l’essuyant avant de la manger, grattant tout le jour le ruisseau avec un clou pour y trouver un liard, n’ayant d’autre amusement que le spectacle gratis de la fête du roi et les exécutions en Grève, cet autre spectacle gratis ; pauvres diables, que la faim pousse au vol, et le vol au reste ; enfants déshérités d’une société marâtre, que la maison de force prend à douze ans, le bagne à dix-huit, l’échafaud à quarante ; infortunés qu’avec une école et un atelier vous auriez pu rendre bons, moraux, utiles, et dont vous ne savez que faire, les versant, comme un fardeau inutile, tantôt dans la rouge fourmilière de Toulon, tantôt dans le muet enclos de Clamart, leur retranchant la vie après leur avoir volé la liberté ; si c’eût été à propos d’un de ces hommes que vous eussiez proposé d’abolir la peine de mort, oh ! […] Ham fut choisi comme juste milieu entre la mort et la liberté. […] La liberté et la santé se ressembleront.
Sa courte vie n’est qu’une perpétuelle conquête de l’amour et de la liberté. Action et rêve se combinent ; il combat pour l’amour et rêve de liberté plus entière, il lutte pour la liberté et rêve d’amour plus chaleureux, avec les mêmes paroles ardentes et bouillonnantes où s’enfle et tourbillonne un plein souffle de nature. […] Aussi, en disant que Walt Whitman a le premier reconnu pleinement le caractère sacré de toute réalité, qu’il a contemplé d’un œil radicalement nouveau la plus infime partie d’univers, qu’il a enrichi d’un sens divin les plus coutumières actions de nos vies, qu’il a créé le sentiment de pleine confiance et de liberté envers nous-mêmes et envers les autres, qu’il a enfin (et c’est le point capital pour nous) positivement découvert un nouveau de la vie, je n’aurais fait que tracer la pâle esquisse d’une scène géante. Je ne prétends pas avoir donné en ces quelques lignes une image fidèle et nette de ces trois hommes, qui ont joué des rôles divers, mais capitaux, dans l’évolution de la pensée moderne ; mais si j’ai réussi à montrer l’objet commun de leurs réalisations et de leurs efforts, c’est-à-dire la poursuite de plus en plus réelle, de plus en plus parfaite, de plus en plus riche d’une claire possession de la vie, de ses millions de formes, de sa liberté et de sa mobilité infinies, j’aurais suffisamment rempli mon but qui est de concentrer l’attention sur ce point central.
Nous n’interdirons pourtant pas à nos souvenirs la liberté d’excursion sur les autres points. […] Cependant un moment dut venir, antérieur à la révolution, où il ne se considérait plus, même sous ces beaux ombrages et dans ces maisons spacieuses de l’Ordre, que comme un captif, ou du moins comme un sage qui dissimule et qui sacrifie aux règles du dehors pour mieux s’assurer la liberté silencieuse du dedans. […] Le fait est que Daunou inspirait à Chénier le goût de l’étude et des bons modèles, le culte de la diction sévère, et que l’autre lui rendait du mouvement et du monde, exhalait devant lui en toute liberté son amère connaissance et inévitablement son mépris des hommes. […] Dans la première, l’auteur examine ce que c’est que la liberté ou les garanties ; il les caractérise, les décompose, les circonscrit ; tout cela me parait en général bien conçu et bien fait. […] Des rois de l’Europe ont favorisé et honoré la liberté américaine.