Il quitta l’asile paisible qui lui promettait un avenir assuré pour vivre de la dure vie de répétiteur dans une institution du quartier latin et entreprendre, à vingt-deux ans, la préparation des examens qui pouvaient lui ouvrir la carrière du professorat. […] Il resta jusqu’à l’âge de onze ans dans la maison paternelle, apprenant le latin avec son père, tout en suivant les cours d’une petite école, dirigée par un M. […] Les autres ne sont que des commis et des faiseurs d’affaires. » Il apprend que l’agrégation de philosophie est supprimée ; aussitôt il se met à préparer celle des Lettres, à faire des vers latins et des thèmes grecs : « Desséché et durci par plusieurs années d’abstractions et de syllogismes, où retrouverai-je le style, les grâces latines et les élégances grecques nécessaires pour ne pas être submergé par quatre-vingts concurrents… Je vais repiocher mon sol en jachère, tu sais comme et avec quels coups. […] « Je me présente à nos inquisiteurs patentés de Sorbonne, écrit-il le 2 juin 1852, et d’ici à huit jours, j’expédierai cent cinquante pages de prose française et un grand thème latin à M. […] Chaque mois, il lit un certain nombre d’auteurs grecs et latins ; il les traduit, car il considère la traduction comme une œuvre originale et le meilleur des exercices de style ; il compose des vers latins et des vers grecs ; il traduit en vers grecs ses propres compositions françaises, et la versification latine lui est si familière qu’elle lui sert à exprimer les émotions les plus profondes de sa vie intime.
La langue poétique n’a plus ici d’analogue que le latin barbare des versificateurs gallo-romains du cinquième siècle. […] Les théogonies grecques et latines sont restées confondues ; le travestissement misérable infligé par Lebrun ou Bitaubé aux deux grands Poèmes ioniens a été reproduit et mal dissimulé à l’aide d’un parti pris de simplicité grossière aussi fausse que l’était la pompe pleine de vacuité des traditeurs officiels. […] Je crois que les Ioniens et les Latins possédaient deux idiomes bien supérieurs aux langues modernes en richesse, en clarté et en précision. […] Les grands hommes de race homérique, Eschyle, Sophocle, Euripide, inaugurent bientôt, à l’éternel honneur de la Hellas, le règne des génies individuels ; Aristophane écrit ses comédies où la satire politique, sociale et littéraire, l’esprit le plus aigu, le plus souple, le plus original et souvent le plus cynique, s’illuminent de chœurs étincelants ; les purs lyriques abondent, et l’inspiration hellénique devient l’éducatrice du monde intellectuel latin.
Il traverse en naissant la littérature latine qui se meurt, y colore Perse, Pétrone, Juvénal, et y laisse l’Âne d’or d’Apulée. […] Ainsi Élisabeth jurera et parlera latin. […] Ce qu’on a vu partout, rhétorique, ampoule, lieux communs, fleurs de collège, poésie de vers latins. […] Il n’est là qu’une forme, et une forme qui doit tout admettre, qui n’a rien à imposer au drame, et au contraire doit tout recevoir de lui pour tout transmettre au spectateur : français, latin, textes de lois, jurons royaux, locutions populaires, comédie, tragédie, rire, larmes, prose et poésie.
Le mot judicium des Latins a une acception plus étendue et un peu plus abstraite que notre mot goût. — Les gens d’esprit qui, à table, mangent au hasard et engloutissent pêle-mêle, avec une sorte de dédain, ce qui est nécessaire à la nourriture du corps (et j’ai vu la plupart des doctrinaires faire ainsi), peuvent être de grands raisonneurs et de hautes intelligences, mais ils ne sont pas des gens de goût.
Les Grecs, les Latins, les Italiens, les Espagnols et les Français du siècle de Louis XIV, appartiennent au genre de littérature que j’appellerai la littérature du Midi.
Dominique avait envie d’avoir quelques vers latins de lui, et il l’alla voir en habit de ville.