/ 1472
26. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Ce vers, en son mode type, l’alexandrin, est vieux comme le monde français et comme le monde latin et comme le monde grec, où son nom était l’asclépiade. […] La rime est aussi ancienne que le vers français et presque aussi ancienne que le vers latin syllabique ; c’est le troisième élément. […] Mais le véritable vers libre latin doit être cherché dans la séquence. […] Ce vers latin, ce vers des séquences, presque sans rime, a un nombre variable de syllabes, d’accents ; comme il diffère de l’idée que nous pouvons nous faire d’un vers latin, français, ou allemand213, il faut bien lui donner un nom nouveau et admettre qu’à la suite du vers mélodique et en même temps que le vers syllabique il y eut en latin un vers libre. […] Voir la note sur le vers libre latin à la fin de ce chapitre.

27. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre II »

Sans compter les dérivés, la langue française contient environ quatre mille mots latins de formation populaire ; il n’y a qu’à contempler le Dictionnaire de Godefroy pour apprendre que ces quatre mille mots ne sont que des témoins échappés à un grand naufrage. […] Certains écrivains, amateurs d’étymologies, sont très fiers quand ils ont fait rétrograder un mot français vers la signification stricte qu’il avait en latin ; c’est un plaisir dangereux dont on abusa au seizième siècle. […] Le verbe tuer vient littéralement du latin tutari (protéger)13. […] Les trois mots poële du français viennent de trois mots latins différents, petalum, patellam et pensiles. […] Malherbe a écrit : « C’est que la terre était brûlée / S’ils n’eussent tué ce flambeau. » NdA Défendre (il en était déjà de même du latin defendere) veut dire à la fois repousser et protéger.

28. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

De la littérature latine sous le règne d’Auguste L’on regarde ordinairement Cicéron et Virgile comme appartenant tous les deux au même siècle appelé le siècle d’or de la littérature latine. […] Ce seul point d’analogie établit quelques rapports entre la littérature latine et la littérature française, dans le siècle de Louis XIV, quoique d’ailleurs ces deux époques ne se ressemblent nullement. La philosophie, à Rome, précéda la poésie ; c’est l’ordre habituel renversé, et c’est peut-être la principale cause de la perfection des poètes latins. […] Mais ce qu’il y a de tendre et de philosophique dans les poètes latins, eux seuls en ont la gloire. […] Je cite au hasard deux traits qui peuvent confirmer ce que je dis de la sensibilité des poètes latins.

29. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

On appelle ainsi le temps qu’on emploie dans les collèges à s’instruire des préceptes de la langue latine. […] Quand on sait ou qu’on croit savoir assez de latin, on passe en rhétorique : c’est alors qu’on commence à produire quelque chose de soi-même ; car, jusqu’alors, on n’a fait que traduire, soit de latin en français, soit de français en latin. […] D’ailleurs, quel latin que celui de certains collèges ! […] et si Virgile ou Horace revenaient au monde pour juger ces héros modernes du Parnasse latin, ne devrions-nous pas avoir grand-peur pour eux ? […] Leibnitz aurait eu plus d’honneur et de peine à faire les vers bons, supposé qu’un moderne puisse faire de bons vers latins.

30. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Sans doute il y avait des idiomes locaux, des patois qui se cachaient dans quelque coin de village ; mais la religion parlait latin, la loi parlait latin, la guerre parlait latin ; partout le latin était la langue que le vainqueur imposait au vaincu. […] Plus le latin se répandit, plus il s’altéra. […] Mais ce latin d’Afrique n’était-il pas altéré ? […] En Italie, comme dans le reste de l’Europe latine, tous les actes se faisaient en latin. […] Ce latin faisait-il naître des procès ?

31. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

C’est de là que les Latins conservèrent succi plenus, pour dire charnu, plein d’un sang abondant et pur. […] C’est encore une expression juste que animus pour la partie douée du sentiment : les Latins disent animo sentimus. […] En général, lorsque les Grecs et les Latins rapportaient quelqu’une de leurs paroles, de leurs actions à un principe supérieur, ils disaient un dieu l’a voulu ainsi. Ce principe fut appelé par les Latins mens animi. […] De là les Latins appelaient les sages cordati, les hommes de peu de sens, vecordes.

/ 1472