Elle travaillait à réaliser en latin, mais déjà aussi dans sa langue, les formes charmantes ou splendides qui la ravissaient dans l’éloquence et la poésie des anciens. […] Déjà hommes, ils s’enferment dans un collège, ils échappent à l’inertie d’un couvent, comme Budé ou Rabelais, pour épeler ces langues si nouvelles et si anciennes, les langues fondamentales de la science et de la religion : l’hébreu, le grec.
Et ce prince des chroniqueurs, dès qu’il cesse de nous raconter des anecdotes et s’élève à des « idées générales », écrit la plupart du temps dans une langue qui n’a pas de nom : un pur charabia de cheval d’outre-Rhin. […] J’obéis à un sentiment de religieux amour pour la très belle, très claire et très noble langue de mon pays. […] Blavet écrit une langue aisée, alerte, spirituelle.
Rien n’est si commun dans toutes les langues que le nom de l’espece donné au genre et le nom du genre attribué à l’espece en stile ordinaire. […] Comme nous l’avons observé déja en parlant de la mécanique de la poësie, les sillabes avoient une quantité reglée dans la langue grecque et dans la langue latine.
En lisant le nom des deux célèbres sinologues au front du livre de Didot, nous nous promettions une grande volupté de lecture ; car un sinologue, ce doit être au moins la moitié d’un Chinois, tant la langue tient de place en Chine ! […] Ces messieurs, qui sont, comme nous l’avons dit, des sinologues fort distingués, et qui pensent peut-être très fortement en chinois, se relâchent en français et ne sont plus en cette langue que de modestes compilateurs. […] Sera-ce le Chinois, le Chinois, le plus faible de tous les peuples, qui se multiplie par la polygamie et se consomme par l’infanticide ; dont les troupes innombrables n’ont pu résister, même avec de l’artillerie, à quelques hordes armées de flèches ; qui, même avec l’imprimerie et quatre-vingt mille caractères, n’a pas su encore se faire une langue que l’étranger puisse apprendre ; qui, avec quelques connaissances de nos arts et la vue habituelle de notre industrie, n’a pas fait un pas hors du cercle étroit d’une routine de plusieurs mille ans… peuple endormi dans l’ombre de la mort, cupide, vil, corrompu, et d’un esprit si tardif qu’un célèbre missionnaire écrivait qu’un Chinois n’était pas capable de suivre dans un mois ce qu’un Français pourrait lui dire dans une heure.
Ne soyez donc pas étonné que, dans les hymnes placés sous le nom d’Homère et, ce semble, d’une langue contemporaine ou rapprochée de celle de ses deux grands poëmes, le mètre appliqué au mouvement lyrique demeure uniforme et simple : c’est la simplicité même du culte se communiquant à l’art. […] La critique verbale y reconnut la langue et la diction des autres hymnes réputés les plus anciens. […] Ce nom continua de vivre dans la mémoire poétique de la Grèce, souvent blâmé par les philosophes, mais cité, chanté dans toutes les fêtes : et, lorsque la Grèce libre et parlant à la tribune et sur le théâtre eut cessé, lorsque sa langue et son génie ne furent plus qu’un luxe de cour et une étude de cabinet dans Alexandrie et les villes grecques d’Asie, nul monument de l’art antique ne fut plus imité, plus commenté que le hardi génie d’Archiloque.
L’intrigue, nous n’en parlons pas, n’est-ce pas, ça n’a pas d’importance ; mais la langue, mais les vers, c’est beaucoup plus fort que Molière. […] Il parle de son Cercle des Arts avec un monsieur qui dîne à côté de lui, et je l’entends lui dire : « Je ne sais plus quels sont les gens qui en font maintenant partie… et vrai, je ne connais pas la langue qu’ils parlent. […] alors, vous n’êtes plus compris du tout. » Prenant au hasard un petit journal : « Tenez, voilà comme il faut écrire pour être compris… des nouvelles à la main… La langue française s’en va positivement… Eh ! […] Ce captif dans ce trou, ce grand méconnu, parfois se console, en racontant que les derniers Clermont-Tonnerre, réfugiés dans un petit bois qui leur reste près de Saint-Mihiel, ont là, dépouillé le noble, presque l’homme, et que ces Clermont-Tonnerre, dont un aïeul, au dire de Mme de Sévigné, vendait cinq millions une terre de vingt-deux villages, aujourd’hui vêtus de peaux de bêtes, vivent dans ce bois, peuplent avec des bûcheronnes, — en train de revenir une race sauvage au xixe siècle, et parlant déjà une langue à eux, une langue qui recule au patois, au bégayement des peuples. […] * * * — De la confusion des langues à la tour de Babel, sont nés : Pierrot qui s’en joue, et les traducteurs qui en vivent.