Leur seul mérite incontestable, c’est d’avoir fait pénétrer, dans le langage du centre et du nord de notre pays, tant d’expressions et de tours de dire ; le français est plein de latinismes provençaux ; la langue vaincue fut le butin de la langue victorieuse. […] Mais les vocables antiques ne furent admis parmi les mots usuels qu’à la condition de revêtir les formes et d’accepter les règles du langage coutumier. […] Tout le monde (et Victor Hugo, le premier, dans la Muse française, en mai 1820) a reproché à Lamartine la prolixité du langage, la surabondance des flottantes images, et un style qui ne sait plus qu’il y a des syntaxes. […] » Devant Leconte de Lisle, il siérait de tenir un plus grave langage. […] Quel est l’artiste, l’ouvrier poétique, si vous voulez, vraiment digne de ce nom, qui ne se soit rendu assez maître du langage, assez bon ordonnateur des mots pour que la Rime, loin d’être ce qu’elle semble exiger d’être, ne soit ce qu’il lui plaît, à lui, qu’elle soit ?
Notre poète a trop le sens de l’évocation pour parler un langage dépouillé d’émoi. […] Tout sentiment profond est un absolu qui ne peut se communiquer à d’autres qu’en prenant une forme représentative, au moyen du langage. […] Or le rythme intérieur sera toujours autrement complexe que le rythme du langage écrit, ces deux rythmes n’ont pas le même nombre de pulsations, ni la même durée. […] Parler un tel langage, c’est blasphémer notre moyen âge, ne rien comprendre à notre intelligence passionnée qui fixa sa mesure par la « croisée d’augive ». […] Alors que les Grecs ont fait de la statuaire leur « art central », l’Occident si profondément chrétien a cherché dans la peinture son riche langage.
Entre ces deux romans si dissemblables, si comparables en plus d’un trait, qui marquent les deux extrémités du siècle, Manon Lescaut, Paul et Virginie, Mlle Aïssé et son passionné chevalier tiennent leur place, et par le vrai, par le naturel attachant de leur affection et de leur langage, ils se peuvent lire dans l’intervalle. […] Si ma raison n’a pu vaincre ma passion, mon cœur ne pouvait être séduit que par la vertu ou par tout ce qui en avait l’apparence. » Un tel langage dans une bouche si sincère, et de la part d’une conscience si droite, n’exclut-il pas toute liaison d’un certain genre avec M. de Ferriol ? […] Ses définitions, ses images sont justes, fortes et vives ; enfin le Chevalier nous démontre que le langage du sentiment et de la passion est la sublime et véritable éloquence. […] Pourquoi lui avoir fait tenir un langage qui contraste visiblement avec son caractère ? […] Ce négligé qui se retrouve dans son langage et sous sa plume la distingue encore des autres femmes d’esprit du moment, dont le style, avec tant de qualités parfaites de netteté et de précision, ne se sauvait pas de quelque sécheresse.
XII Qu’un tel acte et qu’un tel langage fussent louables ou seulement innocents dans un jeune général qui n’avait reçu mandat ni de l’armée ni du peuple, et qui, après avoir reçu son commandement du Directoire et des pouvoirs constitués, séduisait les ambitieux et tournait contre le gouvernement la force que le gouvernement lui avait confiée pour le défendre ; qu’un tel acte et un tel langage fussent louables ou innocents, disons-nous, c’est ce que nous ne voulons pas discuter ici avec M. […] Souvent, en Égypte, cette passion éclatait en murmures, quelquefois même en suicides ; mais la présence du général en chef, son langage, son activité incessante faisaient évanouir ces noires vapeurs. […] Kléber était licencieux dans ses mœurs et son langage, mais intègre, désintéressé comme on l’était alors ; car la conquête du monde n’avait pas encore corrompu les caractères. […] N’ayant aucune opinion bien arrêtée, seulement une modération naturelle qui répugnait à toutes les exagérations ; s’appropriant à l’instant même les idées de ceux auxquels il voulait plaire par goût ou par intérêt ; s’exprimant dans un langage unique, particulier à cette société dont Voltaire avait été l’instituteur ; plein de réparties vives, poignantes, qui le rendaient redoutable autant qu’il était attrayant ; tour à tour caressant ou dédaigneux, démonstratif ou impénétrable, nonchalant, digne, boiteux sans y perdre de sa grâce, personnage enfin des plus singuliers et tel qu’une révolution seule en peut produire, il était le plus séduisant des négociateurs, mais en même temps incapable de diriger comme chef les affaires d’un grand État ; car, pour diriger, il faut de la volonté, des vues et du travail, et il n’avait aucune de ces choses. […] Fox et applaudit à la noblesse de son langage.
après avoir dévoré, relu ce livre par lequel il avait eu la révélation du vrai langage qu’il était destiné à parler, Glatigny fut du coup, immédiatement et tout de suite, l’admirable rimeur, l’étonnant forgeur de rythmes, l’ouvrier excellent victorieux de toutes les difficultés, l’ingénieux et subtil artiste qu’on a admiré dans les Vignes folles, dans les Flèches d’or, dans le Fer rouge, dans le Bois, dans Vers les saules, dans l’Illustre Brisacier.
Son goût littéraire n’était pas l’admiration banale qui s’arrête au beau langage ; c’était un salutaire commerce avec un monde plus pur que le nôtre, un sentiment filial pour ces vieux sages dont nous faisons à bon droit les précepteurs et les consolateurs de notre vie.