La gaieté, qu’on doit pour ainsi dire à l’inspiration du goût et du génie, la gaieté produite par les combinaisons de l’esprit, et la gaieté que les Anglais appellent humour, n’ont presque aucun rapport l’une avec l’autre ; et dans aucune de ces dénominations la gaieté du caractère n’est comprise, parce qu’il est prouvé, par une foule d’exemples, qu’elle n’est de rien dans le talent qui fait écrire des ouvrages gais. […] La gaieté et l’éloquence ont quelques rapports ensemble, en cela seulement que c’est l’inspiration involontaire qui fait atteindre, en écrivant ou en parlant, à la perfection de l’une et de l’autre. […] La gaieté et l’éloquence ne sont point les simples résultats des combinaisons de l’esprit ; il faut être ébranlé, modifié par l’émotion qui fait naître l’une ou l’autre, pour obtenir les succès du talent dans ces deux genres. […] Il y a de la misanthropie dans la plaisanterie même des Anglais, et de la sociabilité dans celle des Français : l’une doit se lire quand on est seul, l’autre frappe d’autant plus qu’il y a plus d’auditeurs.
Hésite-t-on, entre mille circonstances diverses, choisissant tantôt l’une, tantôt l’autre, à volonté, et même d’une manière contradictoire ? […] Mais qui vous assure que l’une de ces conditions n’est pas la force pensante elle-même, ce que nous appelons l’âme ? […] Et si vous ne les connaissez pas toutes, qui vous dit que l’une d’entre elles, et peut-être la principale, n’est pas précisément la présence d’un principe invisible, dont l’oubli déroute tous vos calculs ? […] Pourquoi l’une de ces inconnues ne serait-elle pas l’âme elle-même ?
La réalité objective se voit donc engendrée par la lutte entre ces deux forces opposées : elle dure tout le temps qu’elles se dressent l’une contre l’autre, et, ainsi arcboutées, se soutiennent sans parvenir à se vaincre. Elle apparaît au point d’intersection de deux tendances dont l’une est une puissance de mouvement et l’autre une puissance d’arrêt. […] Il faut donc conclure que la réalité consiste en un état d’équilibre entre deux forces, dont l’une tend à disjoindre et à diviser sans cesse le continu et l’homogène, dont l’autre s’oppose à ce travail de disjonction, s’efforce de maintenir assemblés, de soustraire à la possibilité d’une division nouvelle les états fragmentaires déterminés déjà par la force adverse parmi la trame du continu.
il y a de la santé dans tout cela : l’une saine, drue et vivace, l’autre d’une famille qui s’éteint et qui a en soi ses germes mortels. […] L’une, je l’ai dit, procède plus de la Bible et des Psaumes ; l’autre, de l’Imitation de Jésus-Christ, des saintes mystiques, de sainte Thérèse, et même du Nouveau Mois de Marie de l’abbé Le Guillou. […] Entre les modernes, l’une a lu et préfère à tout Lamartine et, comme la vigne de l’Évangile « entourée de haies », à laquelle elle se compare, elle s’est gardée de la contagion des romans ravageurs et troublants. […] L’une, la plus jeune, semble se dérober à l’arrière-plan ; elle a le geste furtif, la démarche hésitante ; elle glisse et se perd à chaque instant dans les ombres froides qui emplissent le fond. […] Prenons les souris. » — L’une glisse et fuit sous la main.
L’une et l’autre dériveraient d’une forme d’existence plus vaste et plus haute. […] Elle est accordée sur cette matière, et c’est pourquoi la physique et la métaphysique de la matière brute sont si près l’une de l’autre. […] Et, comme la matière se règle sur l’intelligence, comme il y a entre elles un accord évident, on ne peut engendrer l’une sans faire la genèse de l’autre. […] On l’omet, précisément parce qu’on ne songe pas à distinguer deux espèces d’ordre irréductibles l’une à l’autre. […] S’il y a deux espèces d’ordre, cette contingence de l’ordre s’explique : l’une des formes est contingente par rapport à l’autre.
Nous avons déduit alternativement les conséquences de l’homogénéité, puis de l’hétérogénéité ; force nous est de conclure que l’une ou l’autre, prise isolément et poussée à l’extrême, tendrait à ruiner l’égalitarisme, qui semblait pourtant, à un certain moment de cette dialectique, avoir besoin de l’une comme de l’autre. […] », il faut répondre : « ni l’une ni l’autre exclusivement, mais toutes deux ensemble ». Leur collaboration achèvera l’œuvre qui, abandonnée totalement l’une ou à l’autre, péricliterait. […] L’une et l’autre mettent un même fait en lumière : l’effacement des types spécifiques et collectifs. De l’une et l’autre il résulte qu’on ne rencontre plus, dans la civilisation occidentale, de groupes ethniques fermés, aussi nettement distincts qu’ils seraient intrinsèquement homogènes.