Je veux dire qu’ils supposent d’abord un état de civilisation où les hommes seraient déjà éclairés par une raison développée, état dans lequel les nations ont produit les philosophes qui se sont élevés jusqu’à l’idéal de la justice. […] Les jurisconsultes romains raisonnent mieux en considérant ce droit naturel comme ordonné par la Providence, et comme éternel en ce sens, que sorti des mêmes origines que les religions, il passe comme elles par différens âges, jusqu’à ce que les philosophes viennent le perfectionner et le compléter par des théories fondées sur l’idée de la justice éternelle.
Avouons-le même : dans les méfaits qu’elle a commis, une part devrait en bonne justice être mise à la charge de la société qui, en les encourageant, s’en est bien un peu rendue complice. […] Mais laissez à Dieu les secrets de sa justice ou de sa miséricorde ; et de ce qui peut être pour quelques-uns une excuse, n’essayez pas de faire un droit pour tous. […] » Voilà le mariage, conforme à la justice et à la raison, que nous prêche la littérature. […] Il faut lui rendre au moins cette justice qu’il n’a point caché ses visées sous d’hypocrites protestations. […] N’est-ce point dire au pauvre, à celui qui souffre, que sa pauvreté, que ses souffrances sont sans remède, et qu’il n’a plus qu’à se faire justice par lui-même ?
On y trouve l’Histoire des démêlés des Ecrivains les plus célebres, anciens & modernes ; il est assez bien écrit, & contient un grand nombre d’anecdotes singulieres, propres à le rendre amusant ; mais la vérité, la justice & le bon goût y sont presque toujours sacrifiés à M. de Voltaire, dont M. l’Abbé Iraïl a élevé un des petits neveux.
C’est donc par des loix générales, & non par des volontés particulieres, qu’ils doivent faire régner la justice sur leurs Sujets ; & l’unique objet des loix qu’ils sont obligés de donner à leurs Peuples, doit être de les faire jouir de tous les avantages qu’ils ont reçus de la Nature.
Il n’est pas pardonnable d’ignorer ce qu’a fait dans ce siécle pour la réformation de la justice l’immortel Fréderic : le Code qui porte son nom ;, est un livre à lire & à méditer.
La robbe ou la justice que l’innocence désarme et à qui la prudence applaudit. étoit-il possible d’imaginer rien de plus pauvre, de plus froid, de plus plat ? […] Au centre, la justice ; si vous voulez, Mr La Grenée ; car vous ferez de cette tête jeune et gratieuse tout ce qu’il vous plaira, une vierge, la patrone de Nanterre, une nimphe, une bergère, puisqu’il ne s’agit que de donner des noms. […] Un petit génie placé sur la droite, debout et sur le devant, proche d’elle, lui ôte son glaive des mains. à gauche, derrière la justice, la prudence étendue à terre, le corps appuié sur le coude, son miroir à la main, considère les deux autres figures avec satisfaction ; et j’y consens, si elle se connoit en peinture ; car tout y est du plus beau faire ; mais peut de caractère, mesquin, sans jugement, sans idée. […] Et puis, qui s’est jamais avisé de montrer la religion, la vérité, la justice, les êtres les plus vénérables, les êtres du monde les plus anciens, sous des simboles aussi puérils ? […] Si un élève de l’école de Raphaël ou des Carraches en avoit fait autant, n’en auroit-il pas eu les oreilles tirées d’un demi-pied ; et le maître ne lui auroit-il pas dit, petit bélître, à qui donneras-tu donc de la grandeur, de la solennité, de la majesté, si tu n’en donnes pas à la religion, à la justice, à la vérité.