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1500. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Pour cet esprit dispos, alerte, prompt, toujours en éveil, le rez-de-chaussée du Journal des Débats a eu sans cesse une porte ouverte sur ce qui se passait au dehors ; sur la vie de théâtre d’abord, et aussi sur bien des choses qui ne sont pas du théâtre ou qui ne ressemblent qu’involontairement à la comédie. […] Remarquons en effet qu’à cette époque la révolution ne se fit dans la rue qu’après s’être préparée dans les salons, au théâtre, dans les livres, dans les journaux, partout où l’on avait de l’esprit. […] Si l’agiotage, les tripots et la loterie se sont continués dans les jeux de Bourse, si les courtisanes et les impures peuvent se reconnaître dans les lorettes et les femmes entretenues, si les journaux mentent quelquefois comme mentaient les gazettes, si rien n’est changé dans tout ce qui tient aux ridicules et aux travers, aux crédulités et aux faiblesses de cette pauvre nature humaine, il y a, en revanche, bien des choses immondes qui ont disparu, bien des choses sacrées qui ont retrouvé leur pure et sainte auréole.

1501. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

C’est une attitude insoutenable, un rôle que nul acteur social ne devrait accepter, celui de mari effacé d’une femme dont les journaux habituellement impriment le nom. […] Dans notre Préface au Journal d’Eugène Delacroix, nous avons développé l’idée qui n’est ici qu’indiquée.

1502. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Les hommes sobres achètent une tranche de pastèque ou un gros concombre qu’ils mordent à belles dents comme une pomme. » Point d’ivrognes : ils sont grands buveurs, mais d’eau pure, « S’ils entrent dans un cabaret, c’est pour jaser » ; au café, « ils demandent une tasse de café d’un sou, un verre d’eau, du feu pour allumer leurs cigarettes, un journal et un jeu de dominos : voilà de quoi les occuper toute la journée ». […] S’il ne l’a pas fait et qu’il veuille raisonner sur le droit, le devoir, le beau, l’État, et tous les grands intérêts de l’homme, il tâtonne et trébuche ; il s’embarrasse dans les grandes phrases vagues, dans les lieux communs sonores, dans les formules abstraites et rébarbatives : voyez là-dessus les journaux et les discours des orateurs populaires ; c’est surtout le cas des ouvriers intelligents, mais qui n’ont point passé par l’éducation classique ; ils ne sont pas maîtres des mots ni, partant, des idées ; ils parlent une langue savante qui ne leur est point naturelle ; pour eux elle est trouble ; c’est pourquoi elle trouble leur esprit ; ils n’ont pas eu le temps de la filtrer goutte à goutte.

1503. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Lui, avait son fauteuil au coin de la cheminée qui était placée d’une façon singulière, entre les deux fenêtres il se tenait là, le plus souvent lisant un journal ou un livre. […] Pendant que mon père prenait son café, en lisant un journal, ma sœur renversa sur la table une boite de dominos, en me disant — Sais-tu jouer ? […] Il se proclamait le disciple de mon père et ils avaient, entre eux, une similitude extraordinaire de goûts et d’opinions artistiques ; une parenté d’esprit très singulière, qui leur créa même, à propos du feuilleton du lundi, qu’ils faisaient tous deux dans des journaux différents, de bien curieux embarras.

1504. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

. — Qui s’échappent des fissures, comme le renard de son terrier ; — Ce ruisseau argenté qui s’en va en babillant — Avec une douce musique de danse… » Il prit, dès l’âge de sept ans, l’habitude de tenir son journal, qu’il remplissait surtout de descriptions des lieux qu’il visitait, sa famille se livrant à de fréquents déplacements. […] J’ai fait à ce sujet beaucoup d’observations, l’une d’elles est que, si par hasard j’ai eu une connaissance directe et précise d’un événement raconté par un journal, le récit du journal sera très souvent en contradiction avec les faits qui me sont personnellement connus.

1505. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

La plupart des documents modernes portent une indication précise de leur provenance : de nos jours, les livres, les articles de journal, les pièces officielles et même les écrits privés sont, en général, datés et signés. […] On sait bien dans la vie réelle que les hommes sont sujets à se copier les uns les autres, qu’un seul récit sert souvent à plusieurs narrateurs, qu’il arrive à plusieurs journaux de publier la même correspondance, à plusieurs reporters de s’entendre pour laisser faire un compte rendu à un seul d’entre eux. […] Ce concours de conditions favorables devient de plus en plus fréquent avec l’organisation des journaux, des sténographes et des dépôts de documents. […] Cette nécessité est sensible matériellement dans les restitutions de monuments fondées sur une description (par exemple celle du Temple de Jérusalem), dans les tableaux qui prétendent représenter des scènes historiques, dans les dessins des journaux illustrés.

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