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385. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

À seize ans, il a un duel et se bat pour son frère, plus jeune, qu’on a insulté : il est blessé à quelques lignes du cœur. […] Si l’austérité de celui-ci le tenait un peu à distance, il trouvait auprès de sa mère, de son jeune frère et de ses sœurs, de quoi s’épancher et se détendre avec enjouement. […] On le voit donner à ses jeunes sœurs de charmants conseils dont la gaieté ne faisait qu’assaisonner la justesse. Il perd de bonne heure ce jeune frère pour qui il s’est battu, et qui s’annonçait avec une grande distinction dans les sciences exactes. […] Il raconte en termes simples et véridiques ses impressions premières et sa situation d’esprit à son arrivée à Versailles : Ma position personnelle dans ces premiers moments, dit-il, ne ressemblait à celle d’aucun autre : trop jeune pour concevoir l’idée de diriger une Assemblée aussi imposante, cette situation faisait aussi la sécurité de tous ceux qui prétendaient à devenir chefs ; nul ne voyait en moi un rival, et chacun pouvait y apercevoir un élève ou un sectateur utile.

386. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Ce jeune et consciencieux érudit a réuni en cinq volumes tous les documents positifs qui peuvent éclairer l’histoire de Jeanne d’Arc, particulièrement les textes des deux Procès dans toute leur étendue, du Procès de condamnation et de celui de réhabilitation qui eut lieu vingt-cinq ans plus tard. […] Après le premier sentiment d’intérêt et d’admiration pour cette jeune, simple et généreuse victime, on sent le besoin, afin même de mieux l’admirer, de se l’expliquer tout entière, de se rendre parfaitement compte et de sa sincérité et des mobiles qui la faisaient agir, du genre de foi qu’elle y attachait ; et la pensée va encore au-delà, elle va jusqu’à s’enquérir de ce qu’il pouvait y avoir de réel dans le fond de son inspiration même. […] Ce témoignage est formel ; il est d’accord avec la légende, avec la poésie, avec cette statuette pleine de grâce qu’une jeune princesse artiste a laissée de Jeanne d’Arc arrêtant court son cheval à la vue du premier cadavre29. […] « Et lors elle monta sans qu’il se mût, comme s’il fût lié. » Peu s’en faut que le jeune narrateur ne voie déjà du merveilleux dans cette manière dont le coursier de Jeanne se laisse monter par elle près de la Croix. […] Cette jeune âme se serait volontiers donné un plus large essor.

387. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Un peintre a représenté Télémaque chez Calypso : la scène se passe à table ; le jeune héros fait le récit de ses aventures, et Calypso lui présente une pêche. […] c’est comme tous les autres ennuyeux du monde. » Les analyses ou plutôt les peintures que Diderot a données de L’Accordée de village, de La Jeune Fille pleurant son oiseau mort, de La Mère bien-aimée, etc., sont des chefs-d’œuvre et de petits poèmes à propos et en regard des tableaux. […] Cette jeune enfant, qui a l’ait de pleurer son oiseau, elle a son secret, et elle pleure pour autre chose encore : Oh ! […] Diderot parle d’un jeune paysagiste, Loutherbourg, qui débute par des compositions champêtres, pleines de fraîcheur : « Courage, jeune homme ! […] Ne quitte ton atelier que pour aller consulter la nature… » On se demande ce que vient faire là cette compagne du jeune Loutherbourg.

388. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Les premières odes de Le Brun sont consacrées à ce jeune ami Racine, qui avait quitté la littérature pour le commerce ; et qui bientôt périt à Lisbonne dans le tremblement de terre de 1755. […] Jeune, il méditait sur ce sujet un grand poème, dont on n’a que des fragments. […] Le Voyage du jeune Anacharsis venait de paraître, et le beau monde raffolait du brouet noir. […] « Le Brun-Pindare entre ; on lui ôte sa poudre, on défait ses boucles de côté, et je lui ajuste sur la tête, dit Mme Le Brun, une couronne de laurier, avec laquelle je venais de peindre le jeune prince Henri Lubomirski en Amour de la Gloire. […] qu’il te sera doux, aux jeux de Melpomène,         De voir Aménaïde en pleurs         Intéresser à ses douleurs         Les larmes de ta jeune reine !

389. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Sa mère, qui tenait à une noble maison d’Espagne et qui avait jeune habité ce pays, fut distinguée de la reine Anne d’Autriche, dans les premiers temps que cette princesse était en France ; sachant l’espagnol comme sa propre langue, elle fut d’abord employée par elle à ses correspondances de famille, et traitée comme une amie. […] Mais le cardinal de Richelieu, qui s’inquiétait de l’entourage de la jeune reine, et qui voulait lui couper les communications avec l’Espagne, éloigna cette jeune enfant : ce dont Anne d’Autriche se plaignit fort. […] La jeune personne gardait toujours une pension de 600 livres de la reine, et en 1639 elle mérita, pour sa beauté et sa bonne réputation, d’être mariée à M.  […] Un jour elle conduisait le jeune roi au Parlement (septembre 1645) : Elle mit des pendants d’oreilles de gros diamants, mêlés avec des perles en poire fort grosses. […] En parlant de Cinq-Mars, elle l’appelle « cet aimable criminel » ; en racontant les disgrâces de ceux que frappe la Fortune, elle s’attendrit sur « tant d’illustres malheureux » ; même jeune, elle regrette légèrement le temps d’autrefois.

390. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Le père de Franklin émigra jeune, en 1682, et emmena femme et enfants en Amérique, dans la Nouvelle-Angleterre. […] Benjamin Franklin y naquit le 17 janvier 1706, le dernier garçon de sa nombreuse famille ; il n’avait que deux sœurs plus jeunes que lui, et en tout seize frères ou sœurs de deux lits différents. […] Le jeune Franklin avait un goût prononcé pour la marine ; il y eût trouvé une carrière bien propre à exercer ses qualités de hardiesse, de prudence et d’observation continuelle. […] Il éluda cette défense en passant le journal sous le nom de son frère, le jeune Benjamin, auquel il remit à cet effet, et pour la forme, son brevet d’apprentissage avec libération ; il fut convenu toutefois, par un nouvel engagement destiné à rester secret, que Benjamin continuerait de le servir comme apprenti jusqu’au terme primitivement convenu. […] Jeune, il n’éprouve aucun sentiment irrésistible ni entraînant ; il voit miss Read ; elle lui convient, il conçoit pour elle du respect et de l’affection, mais le tout subordonné à ce qui est possible et raisonnable.

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