Parmi ses Impressions de nature et d’art, elle a jeté, comme des fleurs entre les pages, des vers d’une grâce triste, d’une couleur fine, d’une facture minutieuse et savante, délicatement ouvragés.
Édouard Fournier À dix-neuf ans, il préluda par un prix de poésie à l’Académie française ; mais, sans beaucoup s’embarrasser de cette couronne classique, il se jeta résolument dans le romantisme pour lequel ses premiers gages furent : Les Morts bizarres, en 1832, et un poème d’un assez long souffle, les Vieillards, en 1834.
Si la Postérité, dont la bouleversante idée ne me donne pas du tout la danse Saint-Guy de l’amour-propre, s’occupe jamais de cet ouvrage que d’aucuns peuvent trouver trop long, mais qui ne finira que quand je n’aurai plus d’yeux à jeter sur mon siècle, je veux qu’elle trouve votre nom l’un des premiers parmi ceux de ce Décaméron d’amis qui ornent le front de mes volumes et qui me font ma vraie gloire de leur amitié.
À part un petit nombre de lettres inédites de Mme du Deffand à Horace Walpole et de Voltaire à elle, qui s’y rencontrent par hasard et qui sont jetées çà et là, la correspondance se passe régulièrement et se renferme tout entière entre trois personnes, Mme du Deffand, la duchesse de Choiseul et l’abbé Barthélemy. […] Il faut entendre cette jolie petite personne, cette jolie chose, avec sa mignonne figure de cire, s’animer, parler des choses publiques, de la littérature, des auteurs, de Rousseau, de Voltaire, de l’impératrice Catherine, les remettre à leur place, causer, disserter (car elle disserte quand elle se sent à l’aise, là est peut-être un léger défaut) ; il faut l’entendre en ces moments se révolter, s’indigner, jeter feu et flamme : elle n’a plus d’hésitation alors ni de timidité ; elle dit tout ce qu’elle pense, tout ce qu’elle a sur le cœur ; c’est la réflexion qui déborde comme une passion contenue. […] S’ils ont des défauts, on les fouette ; mais aux premières caresses qu’on leur fait, ils viennent se jeter entre vos bras.
Jetez un vaisseau en péril sur cette scène de la mer, tout change : on ne voit plus que le vaisseau. […] Ce calme continuel, cette douce monotonie de la vie familière, en se prolongeant comme une note suave mais toujours la même, avaient fini par l’énerver, par l’exalter et le jeter hors de lui ou le noyer trop avant au-dedans de lui ; le trop de paix lui était une nouvelle espèce d’orage ; son âme était en proie, et il y avait danger, de ce côté, à je ne sais quelle ivresse de langueur, s’il n’eût trouvé un contrepoids, une puissante diversion dans la contemplation de la nature, de même qu’à d’autres moments il y avait eu danger que l’attraction souveraine, la puissante voix de cette nature ne l’absorbât et ne le dominât uniquement. […] Le taillis qui couvre toute la pente de la côte du Val, retentissant tout le jour du ramage du roitelet, du sifflement gai du pivert et des cris divers d’une multitude d’oiseaux, n’a plus aucun bruit dans ses sentiers ni sous ses fourrés, si ce n’est le piaulement aigu jeté par les merles qui jouent entre eux et se poursuivent, tandis que les autres oiseaux ont déjà le cou sous l’aile.
Ce qu’apprenant Victor-Amédée, il fit venir le jeune comte dans sa chambre, lui ôta son épée, en lui demandant s’il ne savait pas que le duel était un crime d’État ; puis, ne se contenant plus, il se jeta sur lui, le frappa avec rage, lui répétant à chaque coup « d’aller porter cela en France, qu’il n’était qu’un palefrenier, qu’il allât servir le roi de France, etc. » On arracha de ses mains le jeune homme tout meurtri et qui n’osait se défendre ; les parents non plus n’osèrent se plaindre. […] Catinat, depuis quelque temps caché sous un faux nom dans la citadelle de Pignerol où il passait pour un certain Guibert ingénieur, qui aurait été arrêté par ordre du roi pour avoir emporté des plans de places fortes à la frontière de Flandre (ce qui ne laisse pas de faire un rôle étrange dans l’idée qu’on s’est formée à bon droit du grave et sérieux personnage), — Catinat jeta tout d’un coup son déguisement, redevint homme de guerre et alla prendre possession du gouvernement de Casai. […] Le marquis de La Trousse, envoyé militaire de Louvois à Turin, écrivait : « Il (le duc) a dit hier à M. de Cadaval (l’ambassadeur de Portugal) que ce qui lui donnait le plus de chagrin de son mal, était le retardement qu’il apportait à l’envie de s’aller jeter aux pieds de l’infante.