Cependant, à cette époque même, les trésors de savoir entassés dans les bibliothèques de Byzance, l’usage de cette belle langue grecque qui se maintenait presque dans sa pureté, la tradition, et, si l’on veut, je ne sais quelle routine de vie intellectuelle conservée par l’étude des lettres au milieu d’une nation abattue par l’esclavage et le monachisme, tout cela donnait encore aux Grecs une physionomie remarquable au milieu du reste de l’Europe. […] On y sent l’épuisement d’idées, l’espèce d’appauvrissement intellectuel qui caractérise cette époque de l’histoire.
Pour moi, le journal politique n’est qu’un instrument de mensonges et d’excitation ; pour moi, le journal littéraire, le petit journal, ainsi que j’ai cherché à le démontrer dans Les Hommes de lettres, n’est qu’un instrument d’abaissement intellectuel.
Ce sont donc des domaines séparés dans lesquels chaque chose doit rester en sa place ; c’est la seule manière d’éviter la confusion et d’assurer le progrès dans l’ordre physique, intellectuel, politique ou moral.
Mais si nous avons ce glorieux héritage à cœur, si nous ne voulons pas le laisser dépérir, si nous considérons enfin comme un devoir de probité intellectuelle de le transmettre à notre tour tel que nous l’avons reçu, revenons à nos traditions, ne nous flattons pas d’acquérir les qualités de l’esprit allemand ; à pareil jeu, nous ne pourrions risquer que de perdre les nôtres ; et, si nous pouvions hésiter un instant, souvenons-nous que nous suivons le conseil du plus grand et du plus illustre orateur de la langue « en résistant à cette critique importune, qui, faisant la docte et la curieuse par de bizarres raffinements, ne laisserait à la fin aucun lieu à l’art et nous ferait retomber dans la barbarie53 ».
Telles qu’elles sont, ces pages sur Molière nous ont paru, à plus d’un titre, mériter de voir le jour, et de prendre place à la suite des extraits de chronique théâtrale, de critique du lundi, que nous avons récemment publiés, sous plusieurs titres différents, et dont l’heureuse fortune a répondu à nos soins et à nos vœux d’ami et de légataire intellectuel.
Étourdi ne marque ici qu’un affaissement momentané des facultés intellectuelles. […] Arnolphe a mis de son côté toutes les chances de succès ; il a pour lui le respect qu’inspire naturellement le maître, la reconnaissance que l’on doit au bienfaiteur, la religion, dont il se servira comme d’une arme, faisant luire aux yeux de cette imagination d’enfant les feux de l’enfer, et enfin ce sentiment de sa supériorité intellectuelle et morale qu’il a lentement imprimé dans cette jeune cervelle.