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1288. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Certes, il ne s’agit plus pour eux de retourner à cette religiosité factice qui, en se combinant avec une rêverie énervante, aboutit à une sorte d’onanisme intellectuel et arrête la virilité du génie. […] Les révolutions sociales le touchent plus que les révolutions de la science ; il se préoccupe de la santé morale de son siècle plutôt que de son état intellectuel.

1289. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Dans la crainte de faire un accroc à l’uniforme intellectuel que nous portons, il nous arrive parfois de n’oser point déshabiller brutalement un confrère indigne de le revêtir. […] Tels et Tels, — dont pas un journal ne voudrait admettre pour rien la prose, — même désinfectée, — dans ses colonnes, — je cherche la cause de ce besoin effréné d’un niveau intellectuel, et, — contradiction étrange ! 

1290. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Lorsqu’ensuite, par l’effet de la civilisation, la classe oisive fut devenue plus nombreuse, lorsqu’un public plus étendu eut recherché, comme un besoin, les jouissances intellectuelles et littéraires, et qu’en même temps la cour eut perdu une partie de sa considération, les hommes de lettres conquirent une position plus indépendante ; le sort de leurs ouvrages et de leur personne ne fut plus attaché à la faveur du pouvoir. […] La difficulté de cette science est de rattacher la réalité du monde extérieur et son effet sensible sur nos organes corporels avec l’être moral, de trouver à la fois la limite et la transition entre l’action physique et l’action intellectuelle. […] Un véritable esprit d’observation fut apporté dans l’étude des faits intellectuels.

1291. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Nous avons joui de certains mots ; ils nous ont apporté un instant de véritable volupté intellectuelle ; cela nous suffit, c’est de cela que nous serons reconnaissants à l’auteur et c’est cela que nous essayerons de définir, si notre goût ou notre métier est de définir l’effet que les livres produisent sur nous. […] « Ce sont, je crois, les philosophies qui nous ont fait comprendre le prix intellectuel de la bonté, et que vraiment le plus intelligent sera de toute nécessité le meilleur. […] Il est certain que j’ai trouvé plus d’art, plus de sérieux, plus de sincérité, plus d’observation, un plus grand effort intellectuel dans Esther Brandès, Rolande, les Résignés, le Comte Witold, le Maître ou l’École des veufs que dans tel vaudeville joué deux cents fois de suite. […] Encore qu’il ait mis beaucoup d’esprit dans sa conférence, il nous a fait comprendre, par son exemple, que la gaieté est autre chose encore que l’esprit ; une manifestation de la bonne santé intellectuelle et de la joie de vivre.

1292. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Tant que ce libre-échange intellectuel ne se pratique que dans des discours semi-officiels par des princes ou des ex-ministres, la critique n’a rien à y voir ; mais lorsqu’il menace d’envahir le domaine de l’art, comme cela se voit aujourd’hui, il est temps de protester. […] Ce qui est triste, c’est de voir dans tous nos lieux de réunion les hommes et les femmes divisés en groupes distincts, qui ne s’entendent que lorsque la passion, la vanité ou l’intérêt les rapproche ; c’est de voir au sein d’une même patrie deux nations de sexes différents n’ayant ni les mêmes croyances religieuses, ni le même niveau de culture intellectuelle, ni le même code moral. […] C’est une place qu’il a conquise, il y a longtemps, par sa grandeur morale et intellectuelle autant que par sa force, et qu’il conservera, quand même cette grandeur disparaîtrait, tant qu’il aura à la main ce revolver à six cent mille coups qui se nomme l’armée française. […] Si rapide, si inconsciente que soit, une traduction mentale, fût-elle même jumelle, si j’ose m’exprimer ainsi, de la pensée, elle restera toujours gauche et empruntée, et toujours il lui manquera ce je ne sais quoi de fier et d’indépendant que confère la primogéniture intellectuelle.

1293. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

C’est la partie de la nation où la vie est le plus intense, où fonctionnent les plus gros appétits et s’étalent les plus durs égoïsmes, mais où fleurissent aussi les aristocraties intellectuelles.

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