Sujet d’un intérêt éternel et toujours pressant, le premier qui s’offre à la pensée sitôt qu’elle est libre de l’autorité, de l’imitation, de l’exemple, et rendue à elle-même ; problème dont tous les esprits ont l’instinct, mais auquel la plupart se dérobent, sous l’empire des choses qui ne souffrent pas de délai ! […] Il y a à cet égard des vérités d’instinct ; il faut s’y fier. […] Ne quittons pas les vérités d’instinct. […] Vivre conformément à la nature, ce n’est pas s’abandonner à tous ses mouvements, à tous ses instincts ; c’est suivre la raison.
Lui-même, d’ailleurs, sous sa sérénité insouciante, cache et contient des instincts méchants qui éclatent parfois en meurtres soudains. […] Sous cet aspect à demi humain, Bacchus figure le côté aventureux de la vie, l’instinct des migrations, l’esprit des conquêtes, la civilisation hellénique domptant et absorbant les barbares, les lois et les dieux portés comme des lumières, par la force d’un bras invincible, à travers les nations sombres. […] Transplanté chez une race plus dure, qui versait à îlots le sang dans ses jeux, le dieu reprit ses instincts féroces, son mauvais génie se réveilla brusquement. […] Métamorphose indiquée : par sa nature ambiguë, son génie troublant, ses instincts obscènes, ses artifices de sorcier, par le monde démoniaque qu’il entraînait après lui, Bacchus, au temps même de sa splendeur olympienne, était un diable parmi les dieux.
Mais, dans le milieu terrestre et mondain où vous vous placez, ce panégyrique de la pauvreté n’est qu’un retentissant paradoxe, en dissonance avec les instincts les plus vifs et les plus énergiques du cœur de l’homme. […] Il y avait une curieuse étude à faire à propos de cet aigrefin aimé pour lui-même, sur ce type étrange qu’il faudrait appeler le mâle de la courtisane, son camarade de chasse sociale : habitant, comme elle, les zones interlopes, doué des mêmes instincts et du même zèle carnassier. […] C’est l’instinct de la Pie voleuse qui se réveille ; versez dans son nid les diamants de la Couronne, elle n’en happera pas moins la première fourchette d’argent qu’elle verra briller ; mais, encore une fois, la vérité crue ne suffit pas au théâtre ; elle a besoin d’être préparée, assaisonnée, servie, selon certaines règles de ménagement et d’insinuation qu’il est toujours imprudent d’enfreindre. […] Elles retournent au vice ou elles y tendent par instinct.
Il s’assoupit, à moins que la voix vibrante ne réveille en lui par contagion les instincts de la chair et du sang, les convoitises personnelles, les sourdes inimitiés qui, contenues par une discipline extérieure, sont toujours prêtes à se débrider. — Chez le demi-lettré, même chez l’homme qui se croit cultivé et lit les journaux, presque toujours les principes sont des hôtes disproportionnés ; ils dépassent sa compréhension ; en vain il récite ses dogmes ; il n’en peut mesurer la portée, il n’en saisit pas les limites, il en oublie les restrictions, il en fausse les applications. […] Ces maîtres de l’homme sont le tempérament physique, les besoins corporels, l’instinct animal, le préjugé héréditaire, l’imagination, en général la passion dominante, plus particulièrement l’intérêt personnel ou l’intérêt de famille, de caste, de parti. […] De là en lui un fonds persistant de brutalité, de férocité, d’instincts violents et destructeurs, auxquels s’ajoutent, s’il est Français, la gaieté, le rire, et le plus étrange besoin de gambader, de polissonner au milieu des dégâts qu’il fait ; on le verra à l’œuvre. — En second lieu, dès l’origine, sa condition l’a jeté nu et dépourvu sur une terre ingrate où la subsistance est difficile, où, sous peine de mort, il est tenu de faire des provisions et des épargnes.
Un motif convient, pour se priver ainsi : défiance, où poind un instinct de claire justice. […] Si, dans l’avenir, en France, ressurgit une religion, ce sera l’amplification à mille joies de l’instinct de ciel en chacun ; plutôt qu’une autre menace, réduire ce jet au niveau élémentaire de la politique. […] Au vers impersonnel ou pur s’adaptera l’instinct qui dégage, du monde, un chant, pour en illuminer le rythme fondamental et rejette, vain, le résidu.
Peu avant cette belle fin, Lapierre avait écrit à ses amis de l’Humanité cette page testamentaire : Nous sommés soldats des armées de la République menacée par le militarisme allemand, mais nous restons tous inébranlablement attachés à notre grand idéal et à l’organisation qui en est la forme vivante… Socialistes au cœur humain et au sentiment généreux, nous avons un devoir sacré à remplir, au milieu de tant de colères et de haines : éviter que les bas instincts ne sèment dans l’âme de nos camarades de combat les idées de vandalisme et de sauvagerie. […] Je ne suis pas plus patriote qu’un autre… mais cela, c’est l’instinct. […] Mais nos instincts de conservation sociale nous avertissaient du danger que nous courions.