Sur quoi, il sort et rentre, l’instant d’après, avec mistress Clarkson à son bras. […] Ils partent donc, et, l’instant d’après, le duc de Septmonts tombe raide mort, comme un « petit lapin », visé, sous bois, par un braconnier. […] Un instant après son départ, le comte apprend qu’il a fait payer les dettes de sa femme.
Il est respectueux, il est familier, il est fraternel ; c’est par moments l’ami et presque le camarade, qui veut obliger le camarade et l’ami : Ce n’est point mon amour que je veux vous faire valoir : regardez-moi comme votre frère ; ne me croyez pas capable de vous rendre un service intéressé… Ne soyez point femme en cet instant. […] Je n’ai point assez de vanité pour douter que les femmes des grandes villes ne m’eussent dans peu d’instants chassée de votre cœur. […] Mais laissons parler Sophie elle-même dans le cinquième Dialogue, où elle est censée s’entretenir avec une amie : Le comte, au milieu d’une crise si imprévue, si inquiétante, se remet dans le peu d’instants qu’il fallait pour franchir l’escalier, entre chez M. de Monnier de l’air le plus libre, l’embrasse et lui fait une histoire détaillée et vraisemblable.
Les membres des ghildes du moyen âge avaient raison de s’appeler frères ; car cette fraternité n’est pas une alliance délibérément conclue en vue d’un certain but ; c’est une union de tous les instants, embrassant tous les côtés de l’homme. […] Non seulement ils lui permettaient de sortir de la famille où il était sévèrement enfermé, mais encore de dépasser son rang ordinaire, et, nommé trésorier ou président, de dominer, pour quelques instants au moins, des hommes libres. […] Des hommes à chaque instant nouveaux se succèdent dans les hautes situations.
Scherer ne se laisse pas distraire un seul instant de son objet principal ; sa plume a quelque chose d’inflexible. […] On raconte qu’Alfred de Musset, tout enfant, eut un jour de petits souliers rouges fort jolis, qu’on appelle, je crois, des mignons, et pendant qu’on les lui mettait pour aller à la promenade, comme cela tardait un peu, il s’impatientait et disait à sa bonne : « Dépêche-toi, je yeux sortir, mes mignons seront trop vieux. » Lamennais était cet enfant, et comme lui avide, à sa manière, de jouir ; en présence de la vérité qu’il essayait, il était si pressé, si impatient, qu’on aurait dit qu’à tarder d’un seul instant, elle allait devenir trop vieille.
Tout, évidemment, n’y était pas mauvais ; les populations inférieures, imprévoyantes par leur nature et leur condition, trouvaient appui et tutelle dans le supérieur, et demeuraient en rapport avec lui à tous les instants et par tous les liens. […] Des comparaisons fécondes se faisaient à chaque instant dans l’esprit de l’observateur, et ce n’était pas seulement l’histoire qu’il y gagnait de mieux comprendre ; il se demandait si de ces institutions, si réprouvées chez nous, quelque chose n’était pas bon, n’était pas utile, n’était pas à reprendre et à réimplanter en le transformant.
Cet instant passé, si elle est pure, si elle est sévère, si son cœur, même dans les ennuis et les traverses, s’interdit toutes insinuations décevantes, elle n’a plus qu’à regarder parfois en arrière, à regretter, à se soumettre, à ne vivre que dans le bonheur des siens, à espérer au delà de cette vie dans les malheurs. […] Elles sont nées du profond de la réalité, sans la décorer, sans l’interrompre, en présence et en continuité des instants d’angoisse ou d’ennui, sans oubli aucun et sous l’effort des choses existantes.