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840. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — P.-S. »

Il est indispensable pour se faire une idée tout à fait juste du caractère et de la destinée de Léopold Robert, de lire un petit écrit intitulé : Léopold Robert de 1831 à 1835, par Ch.  […] Plus d’une circonstance accessoire put venir donner de la force chez lui à cette idée principale qui vers la fin était devenue une idée fixe.

841. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Les journaux n’avaient pas assez de leurs trois pages — la quatrième étant prise par les annonces, — pour exalter « le génie en qui vivait l’idée humaine ». […] Ils comprennent bien mal Hugo, ceux qui voient en lui un homme voué à la réalisation d’une idée : à ce compte sa vie serait un tissu de contradictions irréductibles. […] Hugo, « le penseur du xixe  siècle », que les hugolâtres nomment « le siècle de Hugo » ; Hugo, qui portait dans son crâne « l’idée humaine » vécut indifférent au milieu de ce prodigieux mouvement d’idées. […] Hugo, ne se distingue ni par les idées, ni par les sentiments, mais par la forme ; il en était conscient. […] On pourra se faire une idée de la rapidité avec laquelle s’accroissait la fortune du maître quand on saura que celui-ci réalisa, en 1884, onze cent mille francs de droits d’auteur.

842. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

C’est dire que l’analyse de la perception pure nous a laissé entrevoir dans l’idée d’extension un rapprochement possible entre l’étendu et l’inétendu. […] Mais chez l’homme, être pensant, l’acte libre peut s’appeler une synthèse de sentiments et d’idées, et l’évolution qui y conduit une évolution raisonnable. […] Veut-on se faire une idée de ce nombre ? […] L’idée que toutes nos sensations sont extensives à quelque degré pénètre de plus en plus la psychologie contemporaine. […] De là les hypothèses qui ne sont et ne peuvent être que des constatations déguisées du fait, — l’idée d’un parallélisme ou celle d’une harmonie préétablie.

843. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Il y a bien des erreurs, paraît-il, bien des lacunes, bien des affirmations téméraires dans son essai d’explication : il y a bien des vérités aussi, bien des idées neuves et profondes, bien des pressentiments hardis et féconds. […] Tandis que d’autres réduisaient l’homme à l’animalité, il se faisait, lui, une haute idée de l’homme ; il le mettait à part dans la nature, au-dessus de tous les êtres vivants ; il l’élevait, grandissait sa puissance et sa noblesse. […] J’abandonne ses descriptions : elles sont décidément pompeuses ou coquettes, frelatées surtout, et enveloppant la vérité scientifique de lieux communs littéraires, de formes nobles ou d’idées morales ; les animaux reçoivent des sentiments généreux ou vicieux, tout comme dans les Fables de La Fontaine. […] Ici il est simple, parce que l’idée est grande et contente son imagination. […] Et cependant, cet homme qui voyait d’une si puissante imagination les transformations anciennes de l’univers, retombait étrangement dans les idées et dans les regards de son siècle, quand il regardait l’état actuel de la nature.

844. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 372-383

Ces Réflexions, composées pour l’instruction de ses enfans, donnent une idée avantageuse de son ame, qui s’y montre sensible, élevée, pleine d’indulgence & de philanthropie. […] « Telles que soient ces Réflexions sommaires, mes chers enfans, je les crois suffisantes pour vous donner une notion claire des objets que j’ai fait passer tour-à-tour sous vos yeux ; c’est à vous à vous approprier ces idées, à les éten dre, & à suppléer de vous-mêmes les détails que j’ai passés sous silence. […] « La justesse & la lumiere de l’esprit influent nécessairement sur les mœurs, puisque c’est de ces deux perfections que naissent l’ordre & l’appréciation des idées. Lorsqu’on essaiera de se former l’idée la plus complette de ce qu’on nomme l’Esprit, cette idée rassemblera nécessairement la lumiere qui éclaire, la justesse qui dirige, & la raison qui compare, juge & choisit… « Je ne peux ni ne dois vous cacher, que les mœurs de nos jours ont assez dégénéré de l’ancienne candeur de cette Chevalerie, pour que la fausseté, la perfidie même, déguisées sous le nom de finesse, ne soient presque plus régardées que comme l’art de se conduire.

845. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre II. Bovarysme essentiel de l’être et de l’Humanité »

I Les quatre manifestations18, où l’on a observé dans la première partie de ce livre les effets d’un Bovarysme essentiel de l’Humanité, sont unies entre elles par un lien de dépendance si étroit qu’il semble préférable de ne pas les séparer, pour les examiner du point de vue nouveau auquel nous a fait accéder la réduction de l’idée de vérité à l’idée d’artifice, de moyen, d’illusion. Attaché àla croyance en une vérité objective, persuadé que toute conception, pour être acceptée, devait être évaluée sous le jour de cette vérité et recevoir sa sanction, on s’était évertué tout d’abord à montrer à quel point l’idée du libre arbitre est réfractaire à toute construction, à quel point elle implique contradiction : c’est ce grief qu’on lui avait imputé, c’est de ce chef qu’on l’avait condamnée. De même on avait dissocié les éléments qui composent l’idée du moi afin de la discréditer en la montrant illusoire. […] À vrai dire la destruction de l’idée du moi à laquelle avait conclu déjà l’une de ces analyses précédentes avait bien pour effet de rendre sans objet toute l’amertume que semblait devoir entraîner après elle la découverte du caractère illusoire inhérent à l’effort humain.

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