En 1838, au mois d’août, un entrepreneur de théâtre eut l’idée d’engager quelques acteurs français pour jouer à l’époque du sacre de l’empereur Ferdinand (à titre de roi de Lombardie), qui devait se faire à Milan et y attirer une foule d’étrangers. […] Lorsque M. de Montmorency fut nommé membre de l’Académie française (1825), il eut la noble idée de céder son traitement à un homme de lettres dans le besoin, ce qu’avait fait précédemment Lucien Bonaparte, qui, l’on s’en souvient, avait cédé sa pension de l’Institut à Béranger commençant. […] Ce sont là des idées bien tristes, — bien consolantes aussi pourtant ; car la plus douloureuse de toutes serait de penser que nous ne sommes plus rien pour ceux que nous pleurons toujours… « Je cherche quelque soulagement dans le travail ; mais écrire quoi que ce soit m’est impossible, car toutes mes idées retournent vers ma bien-aimée Inès, mon adorable fille absente79. […] L’espagnol me plaît par l’idée que notre famille en sort du côté de la mère de papa. […] … Cette idée m’affecte aux larmes, et pour moi le bonheur, c’est le repos. » (Lettre écrite de Lyon, le 5 juillet 1827.)
Un trait du caractère de M. de Balzac, c’est, aussitôt qu’il écrit la première page d’un livre, d’avoir tout de suite trente autres volumes en idée devant lui, et de rêver ainsi des séries indéterminées qui doivent, en se rejoignant, former une œuvre immense106. […] Pour résumer notre idée sur la première période presque clandestine d’une existence littéraire désormais si en évidence, voici ce qui nous semble : M. de Balzac, jeune, au sortir des bancs, bachelier ès-lettres, mena, comme il en convient dans Lambert, une vie passionnée et aventureuse. […] Maintes idées s’offraient à la fois : la première me portait à diriger mes pas près du roi-citoyen et à lui faire l’aveu de ma découverte ; l’autre, à faire un jour assez d’or pour former divers établissements dans la ville qui me vit naître ; une autre idée me portait à marier le même jour autant de filles qu’il y a de sections à Paris, en les dotant ; une autre idée me portait à me procurer l’adresse des pauvres honteux, et à aller moi-même leur distribuer des secours à domicile. […] En partant de la même idée, on a dit encore : « Balzac en ses romans, c’est une marchande de modes, ou mieux c’est une marchande à la toilette. » Et en effet que de belles étoffes chez lui ! […] Cette prétention l’a finalement conduit à une idée des plus fausses et, selon moi, des plus contraires à l’intérêt, je veux dire à faire reparaître sans cesse d’un roman à l’autre les mêmes personnages, comme des comparses déjà connus.
Il n’importe guère plus de savoir si l’idée lui en est venue de Saint-Evremond ou de Bossuet, que de rechercher si les Lettres persanes lui ont été inspirées par les Siamois de Dufresny ou par le Spectateur d’Addison. […] On n’aurait pas l’appui des espérances de l’avenir, ni des illusions qui s’y mêlent, et l’on s’exposerait à être désavoué par le présent dont les idées ne sont souvent que des intérêts respectables. […] On ne sent pas assez chez lui, dans une grande faveur pour l’idée du droit, une ferme croyance au devoir. […] Il eût été digne de Montesquieu d’en avoir l’idée et de tracer un idéal de l’autorité qui fût à jamais une lumière pour les gouvernants, une garantie pour les sujets, un obstacle insurmontable pour quiconque ne peut pas commander et ne veut pas obéir. […] Les vérités nous ont défendus de la séduction des erreurs, et jusqu’au paradoxe de la vénalité des charges, que Montesquieu a eu le tort de défendre, ses belles idées sur la justice nous ont appris à le réfuter.
. — L’espace et l’empirisme Il semble que je vais être amené à des conclusions conformes aux idées empiristes. […] Mais ce n’est là qu’une partie de ses idées. […] Cela est possible, mais cela est difficile, parce que nous avons à vaincre une foule d’associations d’idées, qui sont le fruit d’une longue expérience personnelle et de l’expérience plus longue encore de la race. […] À la suite d’expériences nombreuses, les idées de ces séries sont associées entre elles dans une trame très complexe, nos séries sont classées. […] M. de Cyon est un physiologiste qui a illustré son nom par d’importantes découvertes sur l’innervation du cœur ; je ne saurais toutefois partager ses idées sur la question qui nous occupe.
Il ne me semble pas beaucoup plus nécessaire de prouver que la littérature réagit à son tour sur les mœurs : on sait assez que les personnages créés par les poètes ou les romanciers servent fréquemment de modèles aux jeunes gens ; que les sentiments ou les idées exprimés dans des ouvrages qui réussissent peuvent devenir ainsi des motifs d’action. […] Si l’idée du devoir décidait seule à agir, dit-il, que de héros à rayer des fastes de l’humanité ! […] § 4. — On ne saurait étudier les rapports de la littérature et de la morale sans parler de l’influence exercée sur les œuvres littéraires par l’idée même qu’on se fait des rapports qu’elles doivent avoir. […] Bourget, dans ses Essais de psychologie, essaie de démêler quelles ont été les idées dirigeantes suggérées à un homme de sa génération par les écrivains de la génération précédente ; il aboutit de la sorte à des constatations précieuses ; car elles sont incontestables pour lui-même et valent encore pour bon nombre de contemporains qui se sont reconnus en lui. […] Du reste, qu’il s’agisse d’œuvres idéalistes ou réalistes, ce qui importe n’est pas seulement l’idée maîtresse, la thèse inconsciente ou déclarée dont elles sont l’enveloppe ; le détail est à considérer autant que l’esprit général.
On a pu y fondre quelques-unes de leurs idées, mais le tout ne leur appartient pas. […] C’est sur la foi de ceux qu’on suppose plus instruits, plus éclairés, qu’on se forme les différentes idées des choses ; celui qui croit savoir moins qu’un autre, quelque pénétrant qu’il soit d’ailleurs, s’en rapporte volontiers à des lumieres qu’il juge supérieures ; & c’est sur cette adhésion aux idées d’autrui, que se sont établies les différentes persuasions qui ont donné cours à tous les systêmes adoptés depuis le commencement du monde. […] Le plus raisonnable des hommes peut-il se croire plus humilié de plier sous l’autorité divine, que de ramper sous les idées de ses pareils, souvent prévenus, mais toujours foibles & faillibles ? […] Ce qui prouve combien cette Foi est supérieure aux idées de l’Homme, c’est le désintéressement qu’elle exige de lui dans toutes ses actions, & la sublimité du but qu’elle lui propose. […] Où a-t-on donc puisé l'idée des vertus, la regle des sentimens, le principe des devoirs, le noble & utile usage de toutes nos facultés ?