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563. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Ils ont remarqué avec raison que l’influence du milieu physique, très puissante aux débuts des sociétés humaines, va diminuant à mesure que la civilisation progresse. […] Certes, il y a sans aucun doute des causes sociales qui expliquent la richesse des moissons humaines portées ainsi tour à tour par les différentes provinces. […] A Sully Prudhomme55, elle apparaît, dévoilée et comme déflorée par la science, sous des traits durs et rigides : La nature n’est plus la nourrice au grand cœur ; Elle n’est plus la mère auguste et bénévole, Aimant à propager la grâce et la vigueur,   Celle qui lui semblait compatir à la peine, Fêter la joie, en qui l’homme avait cru sentir Une âme l’écouter, divinement humaine, Et des voix lui parler, trop simples pour mentir. […] Elle contribua pour sa large part à la floraison poétique de la Renaissance, aux spéculations élargies des philosophes, à l’essor plus hardi de l’esprit humain. […] En vulgarisant les résultats acquis par le labeur humain, en décrivant les pays lointains, en chantant les exploits des découvreurs de mondes, en contant les efforts des aventuriers héroïques qui ont pénétré les premiers dans les déserts et les forêts vierges.

564. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Voltaire peut-être a raison, et pourtant la postérité, qui n’a pas à opter entre ces chefs-d’œuvre divers ni à se décider pour l’un au détriment des autres, la postérité, qui n’est pas homme de lettres, ne se pose point la question de la sorte ; elle ne recherche pas ce qui est plus ou moins difficile ou élevé comme art, comme composition ; elle oublie les genres, elle ne voit plus que le trésor moral de sagesse, de vérité humaine, d’observation éternelle qui lui est transmis sous une forme si parlante et si vive. […] Il avait, certes, ses distractions, ses ravissements intérieurs, son doux enthousiasme qui l’enlevait souvent loin des humains ; le jour où il faisait parler dame Belette et où il suivait Jeannot Lapin dans la rosée, ils lui semblaient plus intéressants tous deux à écouter qu’un cercle de beau monde ou même de brillants esprits. […] Si la nature humaine a paru souvent traitée avec sévérité par La Fontaine, s’il ne flatte en rien l’espèce, s’il a dit que l’enfance est sans pitié et que la vieillesse est impitoyable (l’âge mûr s’en tirant chez lui comme il peut), il suffit, pour qu’il n’ait point calomnié l’homme et qu’il reste un de nos grands consolateurs, que l’amitié ait trouvé en lui un interprète si habituel et si touchant. […] Toute sa première tentative poétique, la seule qui compte véritablement pour l’originalité, la tentative des Méditations, a consisté à vouloir doter la France d’une poésie sentimentale, métaphysique et un peu mystique, lyrique et musicale, religieuse et pourtant humaine, prenant les affections au sérieux et ne souriant pas. […] Il avait beaucoup observé les animaux, et il s’était accoutumé à ne voir en eux qu’une sorte d’étage très développé de l’édifice humain, une sorte de démembrement varié de l’harmonie humaine dans ses parties simples.

565. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

« Je te dirai le fin mot, à toi seul : c’est par religion que je veux absolument me marier… Il faut enfin ordonner sévèrement son inutile existence, selon les lois établies, divines ou humaines ; et, d’après ma doctrine, les humaines sont divines. […] Les discours du saint vieillard sont irréprochablement justes, beaux et humains, si l’on en considère l’esprit : on n’en peut contester, çà et là, que la lettre, et encore ! […] Et (admirez une fois de plus l’harmonie du développement moral de Jocelyn), de même qu’il était entré au séminaire par un acte de charité humaine, c’est par un acte d’humaine charité que le jeune clerc consent à recevoir l’onction sacerdotale. […] Cette première expiation de Cédar paraît assez complète : car il souffre vraiment tout ce qu’il peut souffrir  dans son corps et dans son âme  et comme époux, et comme père, et comme membre d’une société humaine. […] Le déisme érigeait au-dessus de tout une âme humaine distendue et unique ; le panthéisme infuse l’âme humaine dans tout.

566. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

La justice humaine, telle qu’il nous la montre, n’est pas moins altérée de sang que Han d’Islande, ou Habibrah. […] Les personnages de ce livre appartiennent-ils à la famille humaine ? […] Si l’oisiveté peut à ce point dégrader les facultés humaines, ce que je ne veux pas nier, à quoi bon mettre en scène un homme qui n’a plus d’humain que le nom ? […] L’amour de Quasimodo pour la Esmeralda n’est pas un amour humain, c’est le dévouement d’un chien de Terre-Neuve pour son maître. […] Hugo, la pierre s’anime et semble obéir à toutes les passions humaines.

567. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Donc… » Et quelques jours auparavant : « J’observe la nature humaine. […] Lesquels représentent le plus riche, le plus solide échantillon de l’espèce humaine ? […] Encore ici nous retrouvons la sophistique application aux groupements humains des lois valables pour les groupements animaux. […] Vainement lui direz-vous que la société humaine, a cependant un caractère autre et qu’elle est une société entre personnes. […] Nul n’est plus intensément Français que l’auteur de la Comédie humaine.

568. (1901) Figures et caractères

La vibration humaine s’y continue en ondes magiques. […] Michelet est une des belles sources humaines. […] Il y a une tendance humaine à penser ensemble et à sentir d’accord. […] Kipling tire parti de cette intense matière humaine. […] La prévoyance humaine est toujours en défaut par quelque point.

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