Il eut avant tout autre parmi nous, et sans avoir besoin de l’emprunter à personne, l’idée de compléter et d’animer la méthode psychologique, celle de l’analyse intérieure, par la recherche historique. […] Quand on ne le considérerait, après tout, que comme une méthode historique pour aborder l’examen des systèmes de philosophie dans le passé, il faudrait reconnaître qu’il a produit de positifs et féconds résultats.
Un travail est à faire : dans la vaste production que les spécialistes nous ont révélée, il faut séparer le monument littéraire du document historique ou philologique. […] Je n’ai même pas voulu faire l’histoire de la langue : c’est tout un livre qu’il faudrait écrire ; entre la Grammaire historique et l’Histoire de la littérature, il y a place pour ce que j’appellerais l’Histoire littéraire de la langue, l’étude des aptitudes, ressources et propriétés littéraires de la langue générale dans les divers états qu’elle a traversés.
Depuis lors, les choses ont bien changé ; la critique est devenue plutôt historique et comme éclectique dans ses jugements. […] Mais pour l’ensemble et le détail de cette critique littéraire conçue au point de vue historique, et, comme telle, si neuve et si largement comprise, que de richesses !
Tout le travail préparatoire entrepris par la critique historique n’aura servi qu’à déterminer ce point de vue, à nous faire connaître les types vivants conçus par l’auteur en analogie avec sa propre vie et sa propre nature : nous verrons alors jusqu’à quel point il a réalisé ces types, ou, pour mieux dire, s’est réalisé lui-même, s’est objectivé et comme cristallisé dans son œuvre, sous les aspects multiples de son être. […] C’est là le danger, la pente inévitable. « Contredis-moi un peu afin que nous ayons l’air d’être deux », disait un personnage historique à son confident.
Non seulement nous n’y avons pas vu la solution du problème historique qui s’y agite, mais pas même un mot nouveau et concluant sur les deux époques qu’on veut expliquer. […] S’il avait été réellement un observateur historique, il aurait vu et il aurait dit que les Bourbons, de Henri IV à Louis XVI, n’avaient rien compris à l’esprit chrétien de la France, à priori héroïque et docile, qui n’a de dangereux que la tête facile à enivrer.
IV Et, s’il en est ainsi, l’auteur du Nouveau Code du Duel a eu raison de ne voir dans le duel qu’un fait historique qui défie toute législation et qui a vaincu les plus puissantes. […] Le remède que l’auteur du Code nouveau emploie contre ce mal du duel, qu’il étudie dans ses développements historiques et dans son état actuel, est aussi général que le mal lui-même.