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429. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Quel heureux malentendu ! […] Pourquoi serais-je plus heureux ? […] Les délicatesses du cœur sont toujours heureuses. […] Heureux les pauvres d’esprit ! […] Non, puisqu’elle le rend plus heureux.

430. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Pourtant, dans cette Sicile heureuse, bien que tant de fois bouleversée, il avait été témoin d’une vie réellement pastorale ; il avait, dans sa jeunesse, entendu de vrais chants qu’accompagnait la flûte de vrais bergers, et il n’en fallut pas davantage à son génie inventif pour saisir l’occasion d’une poésie neuve. […] Il souhaite à cet objet un heureux départ, moyennant certaine condition pourtant : il lui prédit une navigation heureuse, même au cœur de l’hiver ; et lorsqu’il apprendra son arrivée à bon port, ce jour-là, par réjouissance, il se promet bien le soir, auprès d’un feu où grillera la châtaigne, accoudé sur un lit de feuillage et buvant à pleine coupe, de se faire chanter par Tityre toutes sortes de belles chansons, et l’amour du bouvier Daphnis pour une étrangère, et Comatas enfermé dans un coffre. […] … La danse finie, j’observerai la place où elle se tient, et je ferai ma rude main bien heureuse en touchant la sienne. […] Il est dans le chant précédent un détail d’un effet heureux et que Fontenelle (faut-il s’en étonner ?) […] On est heureux s’il en reste assez du moins pour donner le vif sentiment de la fraîcheur.

431. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Mozart avait perdu son père, qui mourut à Salzbourg, le 28 mai 1787, à l’âge de soixante et dix ans, dans un état voisin de la misère, mais heureux devant Dieu et devant les hommes d’avoir accompli sa mission en donnant au monde le plus sublime des compositeurs. […] C’est pendant les heures tranquilles de la nuit que Mozart, comme Beethoven, aimait à travailler, et qu’il trouvait ses plus heureuses inspirations. […] fais-les entrer, répond Don Juan d’un air dégagé et courtois. — Approchez donc, signore Maschere, réplique le majordome ; mon maître serait heureux si vous daigniez prendre part à la fête.” […] Quelques passages de ses lettres à sa sœur, heureuse à Salzbourg dans un mariage d’inclination, révèlent les sérénités pieuses de sa pensée. […] Quand nous disons l’écho, nous ne prétendons pas dégrader le génie original de Rossini au rôle de répercussion du génie de Mozart ; Rossini c’est Mozart heureux, Mozart c’est Rossini grave.

432. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Il fallut vite en rabattre, et l’inventeur se trouva heureux d’aller à Venise comme secrétaire de M. de Montaigu, ambassadeur de France, avec lequel il se brouilla bientôt bruyamment. […] Suivant de mon mieux le fil de ses méditations, j’y vis partout le développement de son grand principe, que la nature a fait l’homme heureux et bon, mais que la société le déprave et le rend misérable. […] La nature avait fait l’homme bon, et la société l’a fait méchant : la nature avait fait l’homme libre, et la société l’a fait esclave ; la nature a fait l’homme heureux, et la société l’a fait misérable. […] Il y a de l’inégalité dans la nature, mais elle n’empêche personne de satisfaire son appétit, elle ne dispense personne de travailler à le satisfaire : elle laisse tout le monde bon, libre, heureux. […] Emile sera fort, adroit, bon, franc, intelligent, raisonnable, religieux, heureux : l’homme naturel, développé en lui, et non dévié, aura saisi tous les avantages, sans les vices, de l’homme civil.

433. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Mézeray disait donc à Richelieu dans cette dédicace toute légitime et qui n’a point été publiée : Monseigneur,   Étant si heureux que de vivre sous l’empire du plus grand des rois et sous l’administration de Votre Éminence, j’ai pensé que c’était une louable témérité de tenter quelque chose de grand et d’entreprendre un ouvrage digne de la gloire que vous avez acquise à la France. […] La fin de la dédicace est employée à montrer la France aussi florissante par les arts de la paix que s’il n’y avait point de guerre, les bâtiments et les Louvres qui s’élèvent, l’émulation dans les lettres, et l’Académie française qui en est l’interprète, prenant note de tant de beaux titres pour les transmettre aux siècles à venir : Et je m’estimerais heureux si je pouvais joindre mes travaux à tant de beaux ouvrages qu’elle prépare pour votre gloire, et vous témoigner par quelque effort comme je suis, de Votre Éminence, le très humble, très obéissant et très fidèle serviteur, Du Mézeray. […] Cette pièce de terre semble être ainsi taillée pour être le siège du plus heureux et du plus solide empire du monde, si la prudence l’avait pu étendre jusqu’aux limites que la nature lui a posées. […] Cependant le mérite sérieux de son histoire ne commence en effet à se faire sentir qu’à dater du moment où il s’appuie sur des chroniqueurs ou historiens de langue nationale : jusque-là il ne faut lui demander que des aperçus et des pages heureuses.

434. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

À qui pourrais-je mieux confier les intérêts d’un pays que je dois rendre heureux qu’à une sœur que j’adore, et qui, quoique bien plus accomplie, est une autre moi-même ? […] Si je reste encore dans la cruelle incertitude, où je suis, j’y succomberai, et je serai heureuse. […] Que je périsse mille fois, pourvu que vous viviez et que vous soyez heureux ! […] J’ai une toux sèche qui est très forte et qu’on ne peut maîtriser ; mes jambes, ainsi que mes mains et mon visage sont enflés comme un boisseau… Je suis résignée sur mon sort ; je vivrai et mourrai contente, pourvu que vous soyez heureux.

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