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284. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Cet art, outre une imagination très vive et prompte à s’enflammer, supposait encore en eux des études très longues ; il supposait une étude raisonnée de la langue et de tous ses signes, l’étude approfondie de tous les écrivains, et surtout de ceux qui avaient dans le style, le plus de fécondité et de souplesse ; la lecture assidue des poètes, parce que les poètes ébranlent plus fortement l’imagination, et qu’ils pouvaient servir à couvrir le petit nombre des idées par l’éclat des images ; le choix particulier de quelque grand orateur avec qui leur talent et leur âme avaient quelque rapport ; une mémoire prompte, et qui avait la disposition rapide de toutes ses richesses pour servir leur imagination ; l’exercice habituel de la parole, d’où devait naître l’habitude de lier rapidement des idées ; des méditations profondes sur tous les genres de sentiments et de passions ; beaucoup d’idées générales sur les vertus et les vices, et peut-être des morceaux d’éclat et prémédités, une étude réfléchie de l’histoire et de tous les grands événements, que l’éloquence pouvait ramener ; des formules d’exorde toutes prêtes et convenables aux lieux, aux temps, à l’âge de l’orateur ; peut-être un art technique de classer leurs idées sur tous les objets, pour les retrouver à chaque instant et sur le premier ordre ; peut-être un art de méditer et de prévoir d’avance tous les sujets possibles, par des divisions générales ou de situations, ou de passions, ou d’objets politiques, ou d’objets de morale, ou d’objets religieux, ou d’objets d’éloge et de censure ; peut-être enfin la facilité d’exciter en eux, par l’habitude, une espèce de sensibilité factice et rapide, en prononçant avec action des mots qui leur rappelaient des sentiments déjà éprouvés, à peu près comme les grands acteurs qui, hors du théâtre, froids et tranquilles, en prononçant certains sons, peuvent tout à coup frémir, s’indigner, s’attendrir, verser et arracher des larmes : et ne sait-on pas que l’action même et le progrès du discours entraîne l’orateur, l’échauffe, le pousse, et, par un mécanisme involontaire, lui communique une sensibilité qu’il n’avait point d’abord.

285. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il était d’habitude grave. […] est tout usée par l’habitude. Et, à nous aussi, l’habitude a gâté le regard. […] Ce n’est pas son habitude. […] Il marchait, d’habitude, à petits pas secs ; et il rudoyait tout le monde.

286. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Rustique est leur beauté, rustiques sont leurs habitudes. […] Traditions, institutions, langue, habitudes, caractère, vertus et vices, tout est là profondément germanique. […] Qui pourrait dire en effet quelle part revient à l’habitude, à l’amitié, au dépit, au dédain dans les autres formes de l’amour ? […] Les vices et les fraudes qu’il dénonce sont les vices et les fraudes de ses paroissiens, les habitudes qu’il condamne sont des habitudes populaires, les métiers qu’il voue à l’exécration sont les métiers nuisibles au petit peuple et qui sont établis pour donner satisfaction à ses mauvais instincts. […] Ils avaient autrefois l’habitude de venir par bandes de cinq ou six mille à la fois.

287. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de février 1829 »

L’auteur, selon son habitude, s’abstiendra de répondre ici aux critiques dont son livre a été l’objet.

288. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

On devient insensible par habitude ; et que de choses n’excuse pas le métier ! […] » L’habitude est si forte, qu’une fois délivré, son langage reste dévot comme auparavant. […] Comment voulez-vous que cette manière de penser naisse parmi nos habitudes bourgeoises ? […] Nos occupations et nos habitudes sont comme une température morale qui fortifie et redresse notre âme, ou l’affaiblit et la fait ramper. […] Leurs amours se sentent de leurs habitudes.

289. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — X — Xanrof, Léon (1867-1953) »

N’avaient pas l’habitude, Sont morts au bout d’un an.

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