On n’est jamais un héros pour son valet de chambre, disait-on, même au temps où les valets de chambre pouvaient être de bons domestiques ; mais dans une société qui est rongée par l’affreux cancer de l’envie, je comprendrais encore mieux que ces êtres, pour qui on ne peut jamais être un héros, voulussent descendre leurs maîtres ou leurs maîtresses en mettant en lumière leurs misères… et, après leur mort, leurs petits papiers.
Quel monde de héros s’est ainsi, d’âge en âge, superposé au monde des vivants et des morts ! […] Il a résisté, lui volontiers descriptif et sûrement amoureux, au plaisir de dire que son héroïne portait bien la toilette.
Si les jeunes hommes de la génération de Bénédict lisaient et savaient Voltaire, il n’aurait pas manqué de se redire à lui-même, en voyant danser à ce bal de mai Mlle de Raimbault, ces vers noblement voluptueux qui eussent rassemblé pour lui comme de flottants souvenirs : L’étranger admirait dans votre auguste cour Cent filles de héros conduites par l’Amour, Ces belles Montbazons, ces Châtillons brillantes, Ces piquantes Bouillons, ces Nemours si touchantes, Dansant avec Louis sous des berceaux de fleurs.
Il y en a sans doute à la supériorité des femmes, à celle même des hommes, à l’amour-propre des gens d’esprit, à l’ambition des héros, à l’imprudence des âmes grandes, à l’irritabilité des caractères indépendants, à l’impétuosité du courage, etc.
Enfin Turenne n’était pas un vain nom pour elle : elle avait vu l’homme familièrement, et le héros ôtait dans son esprit avec une physionomie, des gestes, une vie individuelle.
Socrate est un Jocrisse magnanime, un héros de naïveté.