Le héros est M.
Plus tard la lecture d’O’méara le fit un peu revenir sur l’idée médiocre qu’il avait conçue des facultés politiques du héros.
Il emploie les mots selon leurs acceptions précises et distinctes, il sait être piquant, sans les violenter, sans pincer jusqu’au sang cette pauvre langue, sans la chatouiller à la plante des pieds, comme le héros d’un roman nouveau14 fait à sa maîtresse ; la pauvre langue et la maîtresse expirent de la sorte en des rires et des ébats convulsifs.
Dans cette grande route humaine où il marche, dans cette voie sacrée qu’il affecte, l’orateur, comme un héros d’armes, salue à droite et à gauche les groupes de marbre sur leur piédestal, il a besoin d’apostropher des statues de demi-dieux ; il fait faire place à l’entour ; il crie au large aux hommes médiocres qui empêchent de mesurer les grands ; il écrase un peu les uns : pour les autres est l’apothéose !
Huysmans a le plus souvent choisi pour héros un homme de lettres, et, qu’il s’appelle André dans En ménage, ou Durtal comme aux derniers livres, il est le même être, en mouvement, et bien cousin de l’auteur… Maintenant, on voit mal M.
À l’imitation de l’héroïne de Sardou, cette Madame Sans-Gêne qui fait fureur depuis plusieurs saisons et que Réjane fait applaudir à Paris pour la millième fois, après l’avoir promenée de ville en ville, sur tous les points du territoire, la France, excédée de la mégalomanie de Félix Faure et de son souci de restaurer le cérémonial des cours, aspire au sans-façon et à la bonne franquette.