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407. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Beyle ou Stendhal (car les éditeurs lui ont conservé, à ce maniaque de pseudonymes, le nom de guerre sous lequel il a écrit ses plus beaux ouvrages) fut un écrivain très-peu connu de son vivant, qui a publié, de 1820 à 1841, les livres les plus spirituels. […] Mais ce matérialiste avait vu la guerre, la grande école du sacrifice et du mépris de la matière. […] Elle confirme par les confidences de l’intimité ce que les écrits de l’auteur nous avaient appris, c’est que toute sa vie Stendhal fit une guerre, publique ou privée, à la puissance que les faibles adorent, à l’Opinion.

408. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

et, durant la guerre, de values sonnets patriotiques, et je trouvai toujours en Vacquerie un très loyal et très bienveillant rédacteur en chef, tout au plus un peu… strict, à mes yeux de « bourreau d’argent ». […] Vous verrez qu’après la guerre nous rentrerons, lui et moi, dans la vie privée. » Prédiction réalisée en ce qui concerne le général, d’ailleurs postérieurement égratigné dans l’Année terrible : Participe passé de ce verbe, trop choir, etc. […] On sera ingrat pour Chassepot dépassant Dreyse et pour Bonnin dépassant Chassepot… Les initiatives en éveil feront le même bruit d’ailes que les abeilles… Pour guerre l’émulation. […] Lamartine règne, incontesté ; Chateaubriand peut passer pour déjà classique ; Vigny, descendu de sa tour d’ivoire, part en guerre ; Hugo est en pleine victoire, mais sa campagne n’est pas finie, il a encore bien des luttes à soutenir. […] Mais le tout, en guerre, surtout en guerre civile, n’est pas d’avoir un drapeau : il faut avoir une cible.

409. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Il est aisé de conclure après cela que le Chou-king représente la guerre et le despotisme comme des incendies dont l’éclat passager ne laisse que des cendres et des pleurs. […] Depuis le deux cent sixième livre jusqu’au deux cent vingt-neuvième, il ne s’agit que de la guerre et de tout ce qui y a rapport. […] Une seule chose manque à cette civilisation par les lettres : l’art de la guerre. On le conçoit : la guerre, en elle-même, est une barbarie ; les philosophes et les lettrés chinois la réprouvent ; ils la considèrent comme un exercice criminel de la force brutale qui ne prouve rien et qui détruit tout. Semblables à nos quakers européens ou américains, ils se sont désarmés eux-mêmes sans réfléchir que, si la guerre offensive était un crime, la guerre défensive, qui préserve la famille, la patrie, la civilisation elle-même, était la plus énergique des vertus d’un peuple.

410. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Soleil, jusques à quand te lèveras-tu dans la guerre ? […] Le roi de Morven loua mon courage et plaça sur mon bras le bouclier de Calthar, qu’il avait tué dans la guerre. […] Les guerres de Fingal m’appelèrent. […] Que les guerres de Fingal sont sanglantes, ô Connal ! […] La douleur, la gloire et la guerre étaient devenues les muses sévères de ce temps.

411. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Diderot, dans leurs premières relations, a pu l’aider à extraire de son tempérament, sa théorie ; la guerre à la société, le retour à la nature, c’est le mot d’ordre de Diderot. […] D’abord, Rousseau, protestant, n’a jamais pu pousser le cri de guerre : écrasez l’infâme. […] Rousseau, déiste, en guerre avec les pasteurs, incrédule à la révélation, est tout simplement un protestant libéral. […] La plupart de nos Français s’attardent dans la guerre aux privilèges, où ces bourgeois réduisent l’inégalité ; à Rousseau appartient d’avoir crié : le luxe, la richesse, la jouissance sans travail, la propriété, voilà les vrais privilèges, ou plutôt le privilège fondamental. […] L’autre vérité du livre, c’est la guerre déclarée au mensonge social : notre société vieillie vit d’une vie factice, elle s’est fait des sentiments, des jouissances, un honneur, une morale hors de la vérité ; ses préjugés autorisent le mépris de la vertu plutôt que des convenances.

412. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Louis XVI, de guerre lasse, finit par céder. […] C’est de ces hauteurs que nous avons été précipités tout à coup par la guerre, et quelle guerre ! […] Les chants que la guerre a inspirés sont faibles pour la plupart et forcés. […] Theuriet, le Bleu et le Noir, contient d’admirables poésies inspirées par la guerre ; phénomène presque unique, rien n’étant médiocre comme la plupart des vers que la guerre a inspirés. […] C’est une guerre offensive et défensive.

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